Rencontre avec le dessinateur de quelques-uns des comics les plus originaux du moment : Martin Morazzo. L’artiste argentin, qui oeuvre essentiellement dans le comics indé au travers de séries comme She Could Fly ou Ice Cream Man, nous parle de son parcours, de ses influences et de ses travaux.
For English speakers, please find lower the interview in its original version.
Pour commencer, pouvez-vous nous décrire votre parcours de dessinateur ?
J’ai toujours rêvé de devenir dessinateur de comics ! Bien que je me sois éloigné de cet objectif à certains moments, cela a été une préoccupation tout au long de ma vie. Quand j’étais adolescent, j’ai étudié l’art de la Bande Dessinée dans une école locale et, plus tard, à l’âge de 23 ans, j’ai pensé qu’il était temps de vraiment essayer d’y parvenir, alors je suis allé à la San Diego Comic Con avec un portfolio que j’ai présenté. J’ai eu de bons retours mais aucun travail n’en est sorti. Je me suis inscrit sur un site de recherche d’emploi et j’ai pris contact avec de nombreux auteurs, j’ai fait quelques présentations mais rien ne s’est passé jusqu’à ce qu’un projet, appelé Absolute Magnitude, remporte le concours de Zuda Comics* en août 2009, ce qui m’a valu mon premier contrat professionnel avec DC – six ans après être allé au SDCC, la patience est donc la clé quand on essaie de percer ! Le scénariste Joe Harris a vu mon travail et m’a contacté pour travailler avec lui sur Great Pacific, chez Image Comics. C’était mon premier travail publié sur papier. Puis, W. Maxwell Prince est arrivé et nous avons fait The Electric Sublime, pendant que je faisais mon deuxième titre avec Joe, intitulé Snowfall. Quelques années plus tard, j’ai fait des épisodes fill-ins pour Marvel, pour la série Nighthawk, et, en 2017, j’ai commencé à travailler sur Ice Cream Man ainsi que sur She Could Fly, avec Christopher Cantwell et Karen Berger, une expérience absolument géniale.
*Zuda Comics était la division webcomics de DC Comics qui, tous les mois, organisait un concours au cours duquel 8 projets étaient prévisualisés sur 8 pages. Les gens votaient, et celui qui gagnait avait un contrat pour terminer l’histoire de 60 pages.
Lisiez-vous des comics étant plus jeune ?
Oui ! J’ai commencé à lire des comics quand j’étais très jeune ! Mon père avait une grande collection de bandes dessinées à l’adolescence, mais malheureusement, il en restait très peu à ma naissance. Surtout des titres de western comme Lone Ranger ou Red Ryder, que je regardais encore et encore – je suis sûr que je ne savais pas encore lire à cette époque. Plus tard, à l’âge de 7 ou 8 ans, lors de vacances au Brésil, j’ai découvert Marvel Comics, et je suis devenu instantanément fan d’Avengers, de X-Men et de Spiderman. Pendant mes études secondaires, je suivais toujours les publications Mutantes de Marvel et j’ai commencé à lire celles d’Image Comics à leur lancement, et qui m’ont complètement épaté. Ce n’est qu’au début de la vingtaine que j’ai découvert les livres de Vertigo, comme Swamp Thing, Sandman et Hellblazer, et des livres qui venaient des quatre coins du monde, réalisés par Moebius, Enki Bilal ou Katsuhiro Otomo. Je lis encore beaucoup de comics américains populaires, comme House of X / Powers of X cette année, ou encore Walking Dead, Saga ou n’importe quel projet impliquant de Frank Quitely.
Quels sont les artistes qui vous influencent ?
J’ai l’impression que tous les artistes que je vois influencent mon travail d’une manière plus ou moins importante. La plus grande influence, et la plus évidente aussi, vient de Moebius. J’admire énormément son travail et je l’étudie beaucoup. Il a été selon moi l’un des plus grands maîtres du 9ème art. Vous pouvez aussi voir des influences provenant de Frank Quitely, et peut-être, dans une moindre mesure, de Katsuhiro Otomo aussi.
Vous travaillez essentiellement dans le comics indé. Est-ce un choix ou souhaiteriez-vous davantage travailler dans le mainstream ?
Ce n’est pas un choix, c’est surtout comme ça que les choses ont tourné pour moi. J’ai fait des épisodes fill-ins pour Marvel, pendant l’été il y a quelques années, et bien que ce fût de très bonnes expériences, j’avais déjà commencé à travailler sur des projets creator owned et cela me semblait être une voie plus logique à suivre. Mais, tant que je travaille avec des gens sympathiques et talentueux, sur une histoire intéressante, je suis prêt à travailler avec n’importe quel éditeur.
Vous avez travaillé à plusieurs reprises avec les mêmes scénaristes. Est-ce une volonté de conserver une certaine fidélité avec ces auteurs ou est-ce le hasard des projets ?
Ce n’est pas une coïncidence, c’est sûr, mais on ne peut pas vraiment non plus parler de fidélité, c’est plutôt le résultat d’une belle aventure. Avec Joe Harris, par exemple, nous avons fait 18 numéros de Great Pacific, et nous y avons mis fin parce que les ventes ont chuté. Nous avons tellement bien travaillé ensemble que lorsque Great Pacific s’est terminé, nous nous sommes demandé « Que faisons-nous maintenant ? » Et puis, il y a eu Snowfall. Nous n’avons rien fait de nouveau ensemble depuis, mais c’est seulement par manque de temps, je suis sûr que nous ferons quelque chose de nouveau, dès que nos deux emplois du temps le permettront. C’est la même chose avec W. Maxwell. Nous avons fait The Electric Sublime, notre collaboration a été géniale, mais elle n’a duré que 4 numéros, et puis Ice Cream Man est né. Avec Chris Cantwell, nous n’avons fait que She Could Fly, mais l’alchimie créée a été merveilleuse, et c’est un écrivain tellement talentueux, que je serais plus qu’heureux si nous pouvions à nouveau travailler ensemble.
Les séries sur lesquelles vous travaillez prennent place dans des univers de science-fiction ou d’horreur. Ce sont des genres pour lesquels vous avez un amour particulier?
La science-fiction est peut-être le genre qui m’attire le plus, sans doute parce que, depuis que je suis tout petit, je suis un grand fan des histoires comme Star Wars ou Robotech. Même Cowboy Bebop ou Evangelion, plus tard, furent absolument fascinantes et inspirantes. Aujourd’hui, travaillant comme professionnel depuis presque dix ans, je ne cherche pas un projet dans un genre particulier mais plutôt une grande idée et ses possibilités en termes de narration et d’esthétique.
Les séries sur lesquelles vous travaillez sont souvent un mélange de genres. On pense notamment à Ice Cream Man ou She Could Fly. Malgré cette grande variété, y a-t-il un genre en particulier auquel vous ne vous êtes pas frotté que vous aimeriez aborder ?
Je n’en suis pas sûr, peut-être explorer davantage le côté cosmique de la Science Fiction. Mon premier travail professionnel a été Absolute Magnitude, qui a été annulé brusquement en cours de production. Donc, peut-être que, comme je n’ai pas pu finir celui-là, j’ai gardé en tête de créer, un jour, un conte similaire. Mais, en vérité, comme je l’ai déjà dit, je ne cherche pas un genre en particulier pour travailler, mais une bonne histoire !
Quelles sont vos techniques de travail ?
Je travaille plus ou moins traditionnellement, avec du papier, un crayon et des marqueurs – je sais que je devrais utiliser un stylo pour garder une technique totalement Old School, mais j’ai été séduit par les marqueurs ! Avec tout le temps que nous passons devant les écrans de nos jours, j’essaie de garder le dessin le plus analogique possible. Bien sûr, j’efface, je scanne les pages encrées, et parfois je fais des retouches de dernière minute avec Photoshop.
Vous portez une attention particulière aux décors qui rendent vos dessins particulièrement immersifs. Prenez-vous un plaisir particulier à les dessiner ?
Bien sûr ! Je pense qu’une grande partie de l’expérience immersive pour le lecteur sont les arrière-plans. Peu importe le style ou les détails, mais il faut que ce soit crédible. Pour y parvenir, j’utilise beaucoup de références, en cherchant toujours sur Google des objets, des vêtements ou des lieux. Dans le cas des villes, j’utilise Google Street View, mon outil préféré. Quand je travaille sur She Could Fly, par exemple, je passe des heures à « marcher » autour d’Elmhurst et de Chicago. C’est fantastique, et peut-être un peu obsessionnel aussi…
The Electric Sublime, en collaboration avec W. Maxwell Prince, offre graphiquement une plongée dans le monde de l’art. Avez-vous eu une approche particulière pour ce titre où les références et les jeux avec les œuvres d’art sont multiples ?
J’ai toujours aimé les beaux-arts, donc The Electric Sublime était un projet rêvé pour moi, et aussi un grand défi. Le dernier numéro, dans lequel Art and Many passent par un Seurat, un Hopper et un Picasso, était fou ! Je ne sais pas si le résultat est à la hauteur, mais j’ai fait de mon mieux !
L’art pictural présent dans The Electric Sublime a-t-il influencé votre travail de façon générale ?
Je n’en suis pas sûr, bien que je pense que les influences vont bien au-delà des autres dessinateurs de BD que vous pouvez admirer ou étudier. Je pense qu’on peut trouver beaucoup d’influences de l’art pictural ou même provenant du cinéma dans mon travail, bien qu’elles ne soient pas aussi évidentes que celles des bandes dessinées elles-mêmes. Je pense que l’art change les gens et, en tant qu’artiste, il change évidemment votre travail !
Comment travaillez-vous avec W. Maxwell Prince (The Electric Sublime, Ice Cream Man) ? Est-il directif dans ses scripts ou faites-vous évoluer les histoires ensemble ?
W Maxwell est le cerveau derrière Ice Cream Man ! Il trouve toutes ces idées fantastiques, il est très méticuleux et réfléchit énormément, ce qui aide beaucoup à développer l’histoire. Il y a des numéros pour lesquels il ne donne pas trop de détails et il y en a d’autres pour lesquels il met en page le numéro entier avec quelques petits croquis, comme dans le numéro 13 écrit sous forme d’un Palindrome. Nous travaillons beaucoup ensemble, avec Chris O’Halloran, le maître de la couleur d’Ice Cream Man, aussi ! Peut-être que nous trois ne sommes pas directement impliqués dans chaque étape du processus de création, l’écriture, le dessin ou la colorisation étant bien évidemment des tâches plus solitaires, mais nous donnons notre avis et essayons d’améliorer le travail de chacun systématiquement. Je trouve cela très productif et enrichissant !
Le scénario d’Ice Cream Man est-il prévu depuis le départ ou avez-vous fait évoluer la série au fil des épisodes ? On pense notamment à la relation entre l’Ice Cream Man et son cousin Caleb qui prend de plus en plus d’importance.
Oh vous devriez demander à W. Maxwell à ce sujet, mais pour autant que je sache, il a tout prévu, plus ou moins, jusqu’au numéro 24 ! Je savais ce qui allait se passer avec Rick et Caleb au moment où ils se rencontrent pour la première fois, à la fin du numéro 4, mais pas exactement comment tout allait être dit ou révélé !
Le nombre final d’épisodes d’Ice Cream Man est-il déjà planifié ou verrez-vous en fonction de l’évolution de la série ?
On s’est toujours dit qu’on aimerait bien atteindre au moins le numéro 24, et on s’est déjà mis d’accord avec Image Comics pour cela, bien sûr ! Ils nous ont vraiment soutenus depuis le premier numéro, et c’est vraiment agréable de savoir qu’ils sont derrière nous.
La série rencontre un succès critique. Le succès auprès du public, notamment en termes de ventes, est-il présent également ?
Les ventes ont un peu baissé, à chaque numéro, mais le cinquième arc d’Ice Cream Mam commence en janvier 2020, deux ans après le numéro 1, et nous sommes toujours là ! Donc j’espère que les ventes vont se maintenir, et qui sait, peut-être même que nous irons au-delà du numéro 24. Ce serait incroyable !!!
Chaque épisode de la série se déroule dans un univers différent et fait référence à un genre particulier. J’imagine que cette variété procure un réel plaisir. Est-ce compliqué de maîtriser tous ces genres ?
Oh je suis sûr que je ne maîtrise pas tous ces genres, mais c’est absolument amusant d’essayer d’y parvenir ! Jusqu’à présent, nous avons fait de l’horreur classique, du gore, du western, de l’espace et maintenant, des super-héros, mais toujours à la sauce Ice Cream Man. Je trouve le format anthologique très stimulant, en tant que créateur, il vous garde en alerte quoi qu’il arrive. Chaque fois que W. Maxwell me décrit ses histoires, je me dis : » Oh, j’ai hâte de dessiner ça ! » Comme dans notre troisième arc : nous avons commencé avec une sorte de western, puis une histoire se déroulant pendant la révolution mexicaine, puis une abordant la télé-réalité et enfin une histoire dans l’espace. Puis, le numéro du Palindrome ou celui des Mots croisés, avec plus de défis graphiques et conceptuels. Impossible de se lasser ou se désintéresser, chaque numéro est une nouvelle aventure ! J’espère vraiment que nous réussissons à transmettre cela à nos lecteurs à chaque fois !
Vous avez un peu travaillé pour Marvel et DC. Votre travail le plus marquant est sur la série Nighthawk de David Walker. Quel regard portez-vous sur ce comic engagé et graphiquement travaillé ?
Vous savez, quand vous avez toujours voulu être un dessinateur de comics, vous rêvez de dessiner pour Marvel ou DC, donc si cela arrive, à n’importe quel moment et dans n’importe quelle condition, vous ressentez une énorme satisfaction. Nighthawk a été une expérience tellement incroyable pour moi ! C’est toujours difficile de s’insérer dans une équipe qui travaille déjà ensemble, mais tout le monde m’a mis à l’aise, et je pense que nous avons fait un assez bon travail. Je ne sais pas pourquoi le titre a été annulé, mais je pense que les problèmes auxquels Nighthawk était confronté étaient vraiment pertinents, donc c’est triste qu’il n’ait pas continué au-delà de ces six premiers épisodes.
Vous habitez à Buenos Aires. Comment gérez-vous votre collaboration avec les scénaristes ?
Oh ce n’est pas bien compliqué, nous travaillons exclusivement par email. D’ailleurs, chaque fois que je suis à une convention – surtout au NYCC, j’y suis allée quatre fois au cours des cinq dernières années – c’est vraiment étrange de pouvoir parler à ses collègues de vis à vis ! Ha ha ha ! Mais c’est aussi génial ! Je suis devenu ami avec beaucoup de gens avec qui j’ai travaillé et tout se passe surtout par email. La magie de l’Internet !!!
Vos titres indés ne sont pas publiés en France. Avez-vous connaissance de contacts avec des éditeurs hexagonaux pour éditer ces travaux ?
J’ai déjà été publié en France ! Great Pacific, mon premier ouvrage imprimé aux Etats-Unis, a été publié par Les Humanoïdes Associés vers 2013, si je ne me trompe pas. Il y avait trois volumes à couverture cartonnée, une édition exquise.
Quels sont vos projets à plus ou moins long terme, en plus de la série Ice Cream Man qui se poursuit chez Image Comics ?
Après presque deux ans à travailler sur Ice Cream Man et She Could Fly, je suis ravi d’être moins pris, avec un seul titre actuellement, mais je sais que ça ne va pas durer ! J’ai plusieurs projets en vue, alors je sais que cela va redevenir agité sous peu, mais travailler dans les comics, c’est ce que j’ai toujours voulu faire, alors je ne peux pas me plaindre !
Cet entretien a été réalisé par échange de mails. Merci à Martin Morazzo pour sa disponibilité et sa grande gentillesse.
English Version
What is your personal career as a artist ?
I always dreamed of becoming a comic book artist! Though I got away from that goal at some points, it has been a thing throughout my whole life. When I was a teenager, I studied comic book art at a local school and, later, at the age of 23, I thought it was time to really try and achieve it, so I went to San Diego Comic Con with a portfolio and showed it around. I got good reviews but no work came out of it. I enlisted on a job search site and got in touch with many writers, did some pitches but nothing happened until one project, called Absolute Magnitude, won the Zuda Comics* competition in August 2009 – six years after going to SDCC, so patience is key when trying to break in! and I had my first professional contract with DC comics. Writer Joe Harris saw my work there and contacted me to work with him on Great Pacific, with Image Comics. It was my first published work on paper. Then, W. Maxwell Prince came along and we did The Electric Sublime, while I was doing my second book with Joe, called Snowfall. Some years later, I did some fill-ins for Marvel, in Nighthawk, and, in 2017, I started working on Ice Cream Man and also She Could Fly, with Christopher Cantwell and Karen Berger, which was an absolutely awesome experience.
*Zuda Comics was the webcomics division of DC Comics! Before they published in digital the comics they do in paper, they had a contest, every month, in which 8 projects where previewed 8 pages, people voted, and the one that won had a contract to complete the 60 page story.
Did you read comics when you were younger ?
Yes! I started reading comics when I was very young! My dad had a large comic book collection in his teenage years, but sadly, very little of it remained by the time I was born. Mostly western titles like Lone Ranger or Red Ryder, which I watched over and over again –I’m sure I still couldn’t read by that time–. Later, at the age of 7 or 8, in a vacation to Brazil, I discovered Marvel Comics, and instantly became a fan of Avengers, X-Men and Spiderman. While studying in high school, I was still following Marvel’s X books and started reading Image Comics’ when they launched, and was absolutely amazed by them. Though it wasn’t until my early 20s that I found Vertigo’s books, like Swamp Thing, Sandman and Hellblazer, and books that came from the rest of the world, made by Moebius, Enki Bilal or Katsuhiro Otomo, I still read many popular US comics, like House of X / Powers of X this year, or Walking Dead, Saga or whatever book Frank Quitely’s on.
Who are the artist who influence you ?
I feel all of the artists I see influence my work in a way, some in a larger way than others. The greatest influence, and the more obvious one too, comes from Moebius. I admire enormously his work, I study it a lot. He was one of the greatest masters to me. You can also see things from Frank Quitely, and maybe, in a smaller amount, some Katsuhiro Otomo too.
You work mainly in the indie. Is this a choice or would you like to work more with mainstream publishers ?
It’s not a choice, is mostly how things turned out for me. I did some Marvel fill-ins, during the summer a couple of years ago, and though they were great experiences for me, I had already started working on creator owned projects and that seemed like a more logical path to take. But, as long as I work with nice, talented people, on an interesting story, I’m open to work with any publisher.
You have worked with the same writers on several occasions (Joe Harris, W Maxwell Prince, Christopher Cantwell) Is it a desire to keep a certain loyalty with these authors or is it just a coincidence of the projects?
It’s not a coincidence, that’s for sure, but it isn’t about loyalty either, it’s the result of a great experience. With Joe Harris, for example, we did 18 issues of Great Pacific, and we ended it because sales dropped and the book was in red numbers. We worked so well together that when Great Pacific ended, we asked ourselves “What do we do now? What’s next?”, and then, Snowfall came along. We still haven’t got to do something new together, but it’s only due to an scheduling issue, I’m sure we’ll do something new, as soon as both our time schedules allow it. Something similar happened with W. Maxwell. We did The Electric Sublime, our collaboration was awesome, but it only lasted for 4 issues, and then Ice Cream Man was born. With Chris Cantwell we only did She Could Fly, but we had a wonderful chemistry, and he is such a talented writer, that I would be more than happy if we get to work together again.
The series you work on often have science fiction or horrifying universes. Are they genres you particularly like? Why?
Maybe science fiction is the more appealing genre to me, but just because I’ve been a great fan since I was very little, stories like Star Wars or Robotech, and even Cowboy Bebop or Evangelion, when I was older, were absolutely fascinating and inspiring. Today, having work as a professional for almost a decade, I don’t look for a project of a particular genre, I look for a great idea and its possibilities in terms of storytelling and aesthetics.
Even though your series are often a mix of genres, what particular genre you haven’t covered yet would you like to work on?
I’m not sure about it, maybe explore more the space side of Science Fiction. My first professional work was Absolute Magnitude, which was cancelled abruptly in the middle of its way. So, maybe, since I couldn’t finish that one, I kept the feeling of doing a similar tale someday. But, in truth, as I said before, I don’t look for a genre in particular to work on, but a good story!
Technically, how do you work?
I work traditionally, more or less, with paper, pencil and markers –I know I should use a pen to keep all Old School, but I got tempted by markers! With all the time we spend in front of screens these days, I try to keep the drawing as analogical as possible. Of course I erase, scan the inks, and sometimes do last minute revisions in Photoshop.
You pay particular attention to the settings which make your drawings very immersive. Do you have a particular pleasure in drawing them?
Of course! I think a great part of the immersive experience for the reader are backgrounds. No matter the style or detail, but it has to be credible. In order to achieve that, I use a lot of reference, always Googling objects, clothes or places. In case of cities, I use Google Street View, my favorite tool. When working on She Could Fly, for example, I spent hours “walking” around Elmhurst and Chicago. It was fantastic, and maybe a bit obsessive too…
There are references and games with famous works of art in The Electric Sublime. Did you approach this aspect in a special way ?
I always loved fine arts, so The Electric Sublime was a dream project for me, and also a big challenge. The last issue, in which Art and Many go through a Seurat, a Hopper and a Picasso was insane! Not sure if I had those right, but I tried my hardest!!!
Does pictorial art as we see it in The Electric Sublime influence your work?
I’m not sure about that, though I think influences go far beyond other comic artists you can admire or study. I think you can find many pictorial art or even movies influence in my work too, though they’re not as obvious as the ones from comics themselves. I feel art changes people and, as an artist, it obviously changes your work!
How do you work with W Maxwell Prince? Is he very directive in his scripts or is it a work in pairs that evolves over the issue?
W Maxwell is the mastermind behind Ice Cream Man! He comes up with all of these fantastic ideas, he is very meticulous and thinks things thoroughly, and that helps a lot in terms of developing the story. There are issues in which he doesn’t give too much details and there are others in which he even layouts the whole issue with some tiny sketches, like in issue #13 Palindromes. We work greatly together, with Chris O’Halloran, Ice Cream Man color master, too! Maybe the three of us are not directly involved in every step of the creation process, of course writing, drawing or coloring are more lonely tasks, but we do give opinion and try to improve each others work all the time. I’ve found that very productive and enhancing !
Is the script of Ice Cream Man planned from the start or has it changed over the issues, including the relationship between Rick and Caleb which is taking up more and more importance ?
Oh you should ask W. Maxwell about that, but as far as I know, he has everything planned, more or less, until issue #24! I knew what was going on with Rick and Caleb the moment they met for the first time, at the end of issue #4, but not exactly how everything was going to be told or revealed!
Have you planned a total number of issues for Ice Cream Man ?
We’ve always said we’d love to reach issue #24 at least, and we’ve already agreed to do so, with Image Comics too, of course! They’ve been really supportive of our book since the moment it came out, and it feels really good to know they have our backs.
The series met with critical success. Is there public success in terms of sales ?
Sales have been dropping a little, with every issue, but Ice Cream Man’s fifth arc starts in January 2020, two years after issue #1, and we’re still here ! So I hope sales level where we stand now, and who knows, maybe even go beyond issue #24. It would be amazing !!!
Each episode takes place in a different place or universe and refers to multiple genres. I imagine it’s a pleasure to have such a variety. Is it also difficult to master all these genres ?
Oh I’m sure I don’t master all those genres, but it is absolutely fun to try! So far we’ve done classic horror, gore, western, space and now, superheroes, but everything with the Ice Cream Man touch in it. I’ve found the anthology format to be very appealing, as a creator, it keeps you interested no matter what. Every time W. Maxwell describes and arc of stories I go “Oh I cannot wait to draw that!”! Like in our third arc: we started with some sort of other world western, then a story in the Mexican Revolution, then reality TV and finally the Space story. Then, the Palindrome issue or the Crosswords one, with more graphic and conceptual challenges. You cannot get tired or disinterested, each issue is something new! That’s a thing I always hope we can spread to our readers!
You worked a bit at Marvel and DC. Your most memorable work was on David Walker’s excellent Nighthawk. What do you think of this engaged and graphically worked title ?
You know, when you’ve always wanted to be a comic book artist, you dream about drawing for Marvel or DC, so if that happens, at any point and in any condition, you feel an enormous satisfaction. Nighthawk was such an amazing experience to me! It’s always hard to take a part in a team that has already been working together, but everybody made me feel great, and I think we did a pretty good job. I’m not sure why it got cancelled, but I think the issues Nighthawk was dealing with were really relevant, so it’s sad it didn’t continue beyond those first six issues.
You live in Buenos Aires. How do you manage remote work with writers ?
Oh it’s not a big deal, we work exclusively via email. So, every time I’m at a con –mostly NYCC, I’ve been there four times in the last five years– it’s so strange to get to talk to your partners in person! Ha ha ha But it’s also great! I’ve become friends with many people I’ve worked with and mostly all of it happening through email. The magic of the internet!!!
Your work have not been published in France. To your knowledge, have there been contacts with French publishers to publish some?
I’ve already been published in France! Great Pacific, my first printed work in the US, was released by Humanoides Associes around 2013, if I’m not mistaken. There were three hard cover volumes, an exquisite edition.
What are your future projects in addition to Ice Cream Man ?
After almost two years of working on both Ice Cream Man and She Could Fly, I’m enjoying being more relaxed, with only one book by now, but I know it won’t last long! I’ve been talking about doing something else here and there, so soon I´ll start going crazy again, but with comic book work, which is what I always wanted, so I can’t complain!
This interview was done by email exchange. Thanks to Martin Morazzo for his availability and his great kindness.