Après le sublime et touchant Windows On The World, le duo créatif Robert Mailer Anderson – Jon Sack revient chez Komics Initiative, en avant première mondiale, avec un nouveau roman graphique qui plonge le lecteur au cœur de l’Amérique.
Profondément marqués par les chemins troubles empruntés ces dernières années par les Etats-Unis, les auteurs se nourrissent de leurs expériences personnelles pour livrer une chronique douce amère.
Billie est une lycéenne qui vient de perdre ses parents. Selon leurs dernières volontés, Billie est accueillie chez Adam, son parrain, au grand dam de son oncle et sa tante. La jeune fille va alors devoir se faire à cette nouvelle vie à Liberal, Kansas, petite ville pas vraiment ouverte d’esprit où son tuteur gay est souvent la cible de ses concitoyens.
Une communauté moyennement accueillante.
Issue d’une famille ouverte d’esprit, Billie débarque dans une communauté où être gay n’est pas vraiment bien vu. A tel point qu’Adam a bien du mal à assumer sa relation avec son compagnon qui vit toujours dans sa propre maison afin d’éviter les ennuis. Dans ce contexte hostile, Billie doit faire sa place au lycée où les lycéens ne sont pas, pour la plupart, beaucoup plus ouverts que leurs géniteurs ! Si le thème majeur est la difficulté d’être soi-même lorsque l’on vit dans une communauté pas vraiment tolérante, Mon parrain la bonne fée parle aussi de deuil, de l’apprentissage de la parentalité, de l’adolescence, de la peur de l’engagement…le tout écrit avec une belle justesse.
Un mix d’ambiances réussi porté par des personnages attachants
Pour ficeler cette chronique, l’auteur croque des personnages auxquels il donne une belle profondeur en creusant leurs backgrounds et en ne les caractérisant pas de façon monolithique. Très rapidement, le lecteur s’attache à ce couple qui cherche à la fois à affirmer sa propre identité face au regard des autres et la façon dont ils le définissent, tout en découvrant la parentalité, ainsi qu’à cette jeune adolescente qui tente de regarder ce monde hostile avec sa fraicheur. Robert Mailer Anderson parvient à trouver un mix parfait d’ambiances, entre scènes drôles et moments touchants qui aboutissent à une atmosphère douce amère.
Entre Daniel Clowes et les frères Hernandez
Le dessin de Jon Sack montre une belle fluidité dans la narration. L’artiste maitrise totalement les designs de ses personnages et le contexte de la communauté, tout en proposant une mise page efficace. Son découpage comme son trait fin font autant penser à Daniel Clowes qu’aux frères Hernandez. On a connu pire comme références. S’essayant pour la première fois aux couleurs, Jon Sack réalise un excellent travail fait d’applats francs et directs qui installent une ambiance singulière. 
Le duo créatif du sublime Windows on the world revient avec une chronique humaniste se déroulant dans l’Amérique d’aujourd’hui ! C’est drôle, touchant, marquant ! Une grande réussite !