Après son Graphic Novel chez TKO, Djeliya, Juni Ba débarque chez Image Comics avec une mini-série intitulée Monkey Meat où l’ironie et la folie lui permettent d’évoquer de nombreux maux du monde actuel. Présentée comme une série anthologique, l’aventure commence par une visite de la Monkey Meat Island sous forme d’un safari rocambolesque.
Ce premier épisode est une dinguerie complète, aussi bien dans sa partie graphique qui fourmille d’idées géniales et bénéficie d’un storytelling impeccable de fluidité, que dans son scénario qui aborde une multitude de thèmes sous un angle ironique ultra efficace.
A travers son safari de présentation, Juni Ba aborde des thèmes aussi bien actuels que plus historiques. La conquête de la Monkey Meat Island évoque la soumission et le massacre de nombreux peuples autochtones par les occidentaux à diverses époques. Avec le parcours de Lug, un employé de la Monkey Meat Factory, l’auteur interpelle sur l’exploitation de la population par les puissants qui usent les gens jusqu’à la corde et les estiment comme jetables et interchangeables sans aucune considération. Dérives scientifiques, nourriture standardisée sont également au programme de ce tableau dressé avec une ironie féroce.
Juni Ba possède un trait unique farci de malice. Bourré d’énergie, son dessin fait merveille dans des scènes d’action survoltée. Ses personnages aux designs caricaturaux et inventifs s’insèrent dans une mise en page créative et rythmée. L’artiste travaille grandement les onomatopées qui s’intègrent totalement dans la narration. Les teintes, enfin, sont directes et irréelles, accentuant l’aspect Fantasy du titre.
Monkey Meat est unique par sa folie et son inventivité. Tout en ironie, Juni Ba invite le lecteur à un voyage fantastique dans un univers évoquant avec férocité le monde actuel. Des débuts délicieux !