Adapter une œuvre en bande dessinée est chose relativement fréquente. Être fidèle ou en donner sa propre version est un parti pris à trancher. Gary Whitta et Darick Robertson ont choisi la transposition dans un univers et une période radicalement différents pour s’approprier Oliver Twist de Charles Dickens. Ils sont accompagnés par Diego Rodriguez aux couleurs et Simon Bowland au lettrage.
Dans un monde post-apocalyptique, ravagé par la guerre et tenu d’une main de fer par les dirigeants anglais, Oliver, un orphelin, est élevé par une communauté rebelle. La découverte de ses pouvoirs vont l’amener petit à petit à se poser des questions et à vouloir se mêler à la lutte.
De l’œuvre de Dickens, les auteurs conservent principalement la caractérisation du personnage d’Oliver et le caractère sociale de l’œuvre. Adapté aux comics modernes, Oliver possède une origine gardée secrète en raison des spécificités de ses parents et se découvre des pouvoirs. Très intelligent, son caractère bien trempé et ses capacités le conduisent à devenir un leader qui va petit à petit se faire envahir par l’envie de vengeance. Le personnage et son évolution sont plutôt bien construits au fil des quatre épisodes, engendrant un certain attachement de la part du lecteur.
L’univers dystopique créé présente des caractéristiques déjà vues dans d’autres œuvres mais fonctionne plutôt bien. Surveillance permanente, exploitation, militarisation à outrance, répression sont au menu. L’univers se devine essentiellement à travers plusieurs scènes où l’action prédomine mais ne bénéficie pas encore d’un développement extrême. On aimerait en avoir un peu plus !
Comme pour de nombreuses séries indés récentes, le premier arc se découpe en seulement 4 épisodes, ce qui implique un développement un peu limité.
Le gros point fort d’Oliver est le travail graphique de Darick Robertson et Diego Rodirguez ! Aussi bien dans l’ambiance urbaine violente et angoissante que dans les designs des personnages et les scènes d’action, l’artiste est très précis et efficace. Ses décors urbains de ce monde en déliquescence sont particulièrement immersifs ! Les couleurs sombres de scènes se déroulant quasi exclusivement en milieu clos ou en périodes nocturnes n’étouffent en rien le trait du dessinateur, bien au contraire.
Oliver est une bonne adaptation qui est surtout mise en valeur par le travail graphique de Darick Robertson. Si l’univers manque encore un peu de développement, on ira voir le volume 2 avec curiosité.