Auteur d’un excellent run sur le Punisher dans la collection Max, au début des années 2010, Jason Aaron a récemment repris les rennes d’une mini-série en 12 parties sur le personnage en proposant une nouvelle direction surprenante et en réécrivant une bonne part de l’Histoire de Frank Castle. Le premier volume proposé par Panini avait quelque peu décontenancé tout en démontrant des qualités indéniables. Ce deuxième tome fait clairement pencher la balance du côté de l’indispensable.
Embrigadé par la Main qui veut en faire son Massacreur, Frank Castle a accepté cette tache en l’échange de la résurrection de sa femme. Ce pacte le conduit à accomplir de sales besognes alors qu’Arès , le Dieu de la Guerre, cherche à faire revenir le Punisher sous sa coupe.
Un combat sans pitié avec Arès
Jason Aaron propose un récit extrêmement fort entre action violente et plongée angoissante dans la psyché du Punisher. D’un côté, le désormais Massacreur de la Main se confronte à Arès dans un combat passionnant et ultraviolent remarquablement mis en scène par Jesus Saiz. La puissance et le peu de limites qui caractérisent les deux personnages permet un affrontement brutal et sans pitié. Jason Aaron y insère des éléments fantastiques inédits pour le personnage mais qui se révélèrent totalement pertinents.
Un chef d’œuvre de réécriture
En parallèle, Jason Aaron poursuit sa réécriture de l’Histoire de Frank Castle. Si la radicalité de l’entreprise se confirme, l’auteur le fait avec une telle maestria que le lecteur ne peut que s’incliner devant le résultat, tout aussi marquant qu’émouvant. Se plongeant jusque dans l’enfance du personnage pour expliquer sa violence irrépressible et sa quête de justice, Jason Aaron revisite également sa vie familiale marquée par son passage dans les Marines dans un récit oppressant, tragique et émouvant.
La morale du Punisher en question
Au travers de cette dualité narrative, l’auteur questionne la morale du personnage et son parcours au gout de sang. En revenant sur la violence du personnage, son gout pour la guerre et les limites qu’il est prêt à repousser pour ressusciter sa femme, Jason Aaron montre Frank Castle dans son rôle de père et de mari, offrant un regard neuf.
Deux artistes, deux ambiances, pour un résultat époustouflant
L’ensemble est porté par deux artistes aux styles singulièrement différents qui permettent un saisissant contraste entre les scènes passées et présentes. Jesus Saiz livre son dessin réaliste et anatomique très puissant dans des scènes sombres et violentes que les teintes froides et ternes de Dave Stewart rendent oppressantes. Le combat contre Arès démontre un talent certain pour la chorégraphie des scènes d’action. A contrario, Paul Azaceta propose son trait plus épais qui joue davantage sur les ambiances par un travail sur les ombres et les cadrages. Dave Stewart propose des couleurs plus directes pour un résultat pas moins inquiétant.
Panini, pas au rendez-vous de l’édition
Panini continue de proposer son découpage en 3 tomes de 4 épisodes allant à l’encontre de la publication VO prévue par l’auteur en deux parties de 6 épisodes. Et compte tenu du tarif désormais élevé des 100% Marvel, la pilule n’est pas des plus aisée à avaler.
Jason Aaron livre une version singulière du Punisher en réécrivant avec force et pertinence une large part de son Histoire tout en proposant un récit violent et passionnant. Une mini-série en passe de devenir indispensable !