Sous la bannière « Batman New Gotham », Urban comics propose les épisodes de l’univers Batman faisant suite à la tentaculaire saga «No Man’s Land ». Cet énorme évènement intégralement publié par l’éditeur – ce qui est un point positif puisqu’une grande partie était inédite – a été marqué par une irrégularité dans la qualité de ses contenus et une durée trop importante pour emporter réellement l’adhésion.
Dans ce premier tome de New Gotham, nous retrouvons Greg Rucka à la manœuvre pour 12 épisodes de Detective Comics, permettant une unité scénaristique et, nous le verrons, graphique bienvenue.
Suite aux événements survenus pendant No Man’s Land, Gotham doit retrouver une vie quotidienne plus apaisée. Mais les conséquences de ce cataclysme sont nombreuses. La police de Gotham et le Batman vont devoir s’employer pour ramener un peu de calme dans la cité où les gangs rebâtissent leurs territoires.
Greg Rucka met en scène le Batman détective pour notre plus grand plaisir. Cet aspect polar est son terrain de jeu favori. A ses intrigues, il mêle les conséquences de No Man’s Land sur plusieurs plans. De façon personnelle en s’intéressant à Gordon qui a perdu sa femme, ou à Renee Montoya et de façon globale en mettant en place une rivalité entre VG (vrais gothamiens) et Dez (ceux qui ont fui la ville pendant No Man’s Land et sont ensuite revenus), ayant pour paroxysme un terrorisme civil visant les Dez. Il intègre une guerre des gangs dont Ra’s Al Ghul va profiter. Ce dernier est un peu le fil rouge du tome avec deux arcs importants dont il est le principal protagoniste.
En plus de Ra’s Al Ghul, le scénariste utilise un cast classique de l’univers Batman : Talia, Renne Montoya et Gordon. Ces deux derniers sont les protagonistes de deux one shot en lien avec le Noman’s land très bien vus et touchants d’humanité. Rucka maitrise bien leur caractérisation. Les deux arcs tournants autour de Ra’s Al Ghul sont construits comme des petits polars assez excitants, plein de suspense et de scènes marquantes. Rucka crée un personnage féminin dont il a le secret : Murmure de Défi qui ne vit que pour servir Ra’s. Murmure est forte, manipulatrice mais révèle également quelques failles. La scène où Batman fait parler Murmure en laissant couler à quelques centimètres de sa bouche l’élixir crée par Ra’s pour la tenir à sa merci est d’une tension assez impressionnante. L’arc avec Poison Ivy montre que Batman peut régler les problèmes sans passer par la force. De façon générale, Rucka définit un Batman très humain.
Aux dessins, Shawn Martinbrough développe un style unique. Des cadrages cinématographiques et une mise en page dynamique renforce l’ambiance créée par Rucka. La colorisation « bichromique » de Wildstorm FX apporte la patte qui offre à ce titre une vraie originalité. Chaque arc a sa tonalité graphique. Scénario, ambiance et partie graphique sont en réelle symbiose. C’est excellent. On sent les prémices du futur – classique – Gotham Central de Rucka et Brubaker.
Le dernier épisode est une sorte de parodie créée à partir d’une bd réalisée par Harvey Dent, en prison suite à No Man’s Land, dans le cadre d’un atelier de thérapie par l’art. L’idée de base est bonne, les dessins sont bien dans l’esprit mais malheureusement, sur un épisode entier, c’est trop long. Cela ne m’a pas convaincu. Je me suis lassé.
Les couvertures style Art Deco de Dave Johnson, totalement magiques, viennent achever de nous convaincre. Urban comics propose une introduction éditoriale de qualité qui remet bien les épisodes dans leur contexte. La suite aura lieu dans le tome 2.
Si l’on excepte le dernier épisode auquel je n’ai pas adhéré, le reste forme un ensemble de très bonne qualité aussi bien scénaristique que graphique. Du très bon Batman, Du très bon comics. A ne pas manquer !
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