Black Hammer Tome 1 (VF – Urban Comics)

Voilà un comics que je n’attendais pas du tout et qui était complètement passé sous mon radar des sorties VO. Ajoutons à cela un style de dessins dont je ne suis par particulièrement fan et l’on obtient un comics que j’aurais pu ne jamais lire. Mais la magnifique couverture de l’édition VF a suffisamment piqué ma curiosité pour me donner envie de laisser sa chance à ce comics. Et autant vous dire que je ne regrette pas cet achat.

Je ne connaissais l’œuvre de Jeff Lemire qu’au travers de son travail sur Descender (série que j’adore). En regardant un peu sa bibliographie il s’avère que Descender représente sans doute son œuvre indépendante la plus « mainstream ». Pour ma défense j’accorde une grande importance aux dessins quand vient le moment de choisir une nouvelle lecture. Le fait est que Jeff Lemire avait choisi d’illustrer lui-même ses histoires sur ses autres comics indé or j’ai beaucoup de mal avec son trait (ce qui explique que je sois passé à côté de ses autres œuvres).

Dans ce comics Jeff Lemire décide de faire sa déclaration d’amour aux comics avec un grand « C » en rendant hommage, à travers ses personnages, à toute l’histoire du comics en partant des pulps des années 40 jusqu’à nos super-héros contemporains. Cet amour des comics est palpable tout au long de la lecture de BlackHammer et on prend un véritable plaisir à retrouver des héros évoquant des comics des anciennes générations. Je vous laisserais vous amuser à trouver les différentes références, mais ce comics est bourré de clins d’œil. Cela pourra agir soit comme une madeleine de Proust pour ceux ayants connus ces comics, soit comme une invitation à découvrir les personnages et univers ayant contribué à ce qu’est le comics aujourd’hui.

La force de Lemire est de réussir à allier à la fois nostalgie, cohérence scénaristique et intérêt pour ses personnages. Il s’agit bien là d’un tome introductif, mais quelle introduction ! Finalement la seule crainte pourrait venir de ce côté-là : Lemire arrivera-t-il à faire évoluer l’intrigue et à continuer à nous intéresser à tous ses personnages ?

L’autre force de ce comics c’est sans aucun doute, et de manière très surprenante pour moi, Dean Ormston. Je dis de manière très surprenante car le trait du dessinateur ne fait clairement pas partie de ce que j’aime, habituellement, regarder. Nous avons à faire à un dessin au style « ancien » avec quelque chose d’un peu figé. En clair tous les travers que je retrouve trop souvent dans des BD franco-belges et qui me font préférer les comics.  Mais une fois la lecture commencée, mon appréhension a été inhibée dès la 2e ou 3e page pour passer d’un « je n’aime pas ce dessin » à un « woaw, c’est juste trop bien dessiné ». De manière objective je trouve toujours le trait ancien et figé, mais il se trouve que cela colle parfaitement au scénario. Ce trait qui aurait pu être bloquant vient finalement nous aider à nous immerger encore plus dans la lecture.

J’en terminerais en vous parlant de cette sublime édition qui nous est proposée par Urban Comics. Pour 10€ (prix de lancement) la quantité de bonus est juste indécente. C’est simple en plus des 200 pages qui composent ce comics vous avez droit à plus d’une quarantaine de pages de bonus en tous genre : un édito de Jeff Lemire super intéressant qui nous permet de comprendre comment il en est arrivé à faire ce comics ; des fiches de personnages ; des croquis des pages en cours de composition ; des couvertures alternatives. Urban nous offre pour 10€ un contenu qui aurait pu figurer dans une édition collector.

Je ne saurais dire si c’est parce que je n’attendais pas ce titre ou parce qu’il a une vraie résonance en moi avec toutes ses références, une chose est sûre : ce comics est pour moi un sans-faute sur toute la ligne. Du scénario au dessin jusqu’à l’édition, c’est tout simplement parfait.

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Contrairement à ses séries maintream où il est parfois irrégulier, Jeff Lemire réussit son coup sur ses séries indés, généralement de façon magistrale. Black Hammer ne déroge pas à la règle.

Lemire construit habillement son histoire d’anciens super héros prisonniers de cette petite bourgade américaine. Il livre le passé de chaque personnage au fil des chapitres, tout en donnant par petites touches, les raisons pour lesquelles tous se trouvent réunis là et où chacun a du mal à trouver sa place. L’histoire est solide, avance petit à petit et le mystère reste entier à la fin de ce premier tome qui est en fait une grosse et belle introduction.

C’est cette construction toute en nuances et progressive que j’ai particulièrement appréciée.

L’auteur sait toujours placer une pointe d’humour bienvenue et des scènes poignantes d’où ressort une belle mélancolie, notamment celles avec Gail, la « petite » fille, ou encore Mark le martien.

Le dessinateur Dean Ormston, que je ne connaissais pas, propose des designs spécifiques et originaux pour chaque personnage et des décors adaptés à cette ambiance de trou paumé.

Les séquences super héroïques du passé sont réalisées dans un style plus vintage où Ormston est aussi à l’aise.

Son trait est finalement idéal pour cette histoire.

Dave Stewart effectue un très bon travail sur les couleurs. J’avais déjà été marqué par ses rendus sur Fatale de Brubaker notamment.

Même si on n’a pas la « culture comics » pour saisir toutes les références, on peut apprécier car c’est une sacrée bonne histoire.

J’espère que Jeff Lemire saura maintenir ce niveau dans la suite de sa série.

Urban comics s’est surpassé en termes d’édition avec pas loin de 50 pages de bonus. Et tout ça pour 10 € si vous n’êtes pas trop long à la détente pour vous procurer ce comic !

Black Hammer est donc un excellent comic comme sait les écrire Jeff Lemire où scénario et dessins sont en adéquation. Ce serait une belle erreur que de ne pas sautez sur cette magnifique édition proposée par Urban comics. Vivement le tome 2 !

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