Dead Inside est un polar se déroulant en milieu carcéral scénarisé par John Arcudi, connu notamment pour ses travaux avec Mike Mignola : B.P.R.D. et Lobster Johnson.
Les dessins sont assurés par Toni Fejzula, qui a travaillé avec Greg Rucka sur Veil, sorti également chez Delcourt et les couleurs par André May.
Un crime est commis dans une prison du comté de Mariposa aux Etats-Unis et l’enquête est confiée à l’inspectrice Linda Caruso, ancienne flic en uniforme et fraichement nommée à ce nouveau poste.
Dès le début de l’enquête, tout part étrangement de travers : la scène de crime est souillée, la caméra de surveillance ne marche plus, personne ne veut s’intéresser aux détails qui clochent et la thèse la plus plausible convient à tout le monde…sauf à Caruso. Cette dernière décide de ne pas laisser passer tous ces indices qui ne collent pas et se lance dans cette enquête qui va se révéler dangereuse pour elle et certains de ses proches.
Ce personnage principal est une femme forte, qui a des convictions mais qui doute du fait du caractère récent de sa nomination en tant qu’inspectrice et des conditions dans lesquelles elle l’est devenue. Arcudi caractérise son héroïne de façon assez approfondie, compte tenu de la brièveté de la série qui ne dure que 5 épisodes, à travers ses échanges avec les autres personnages dans des scènes à la prison ou dans l’intimité. Malgré ses doutes, Caruso prend des décisions fortes et s’engage à fond. On se sent impliqué auprès de l’inspectrice pour laquelle on éprouve de l’empathie.
Les principaux personnages secondaires sont aussi bien croqués. Sans être très approfondie, leur personnalité est bien retranscrite et est partie prenante de l’intrigue.
John Arcudi offre un récit dense et fait monter la pression au fil des ces 5 épisodes. Les obstacles rencontrés par Caruso et les morts qui surviennent au cours de la série amène une réelle tension. L’enquête doit être rapidement bouclée mais rien ne s’enchaine comme il faut. Arcudi joue avec des codes classiques du polar – classicisme qu’on peut peut-être lui reprocher – mais le fait habilement.
Graphiquement, Toni Fejzula a un style vraiment original. Même si ses personnages ont des silhouettes pas toujours réalistes, ils ont chacun une personnalité propre qui apporte à leur caractérisation. Caruso est sans doute le personnage le plus réaliste graphiquement. L’artiste travaille les corps et les vêtements avec le noir, ce qui peut donner une impression étrange de prime abord, sur les visages notamment.
Il propose une narration visuelle vraiment intéressante. Ses cadrages apportent toujours au scénario. Les décors sont soignés et précis.
Sous la forme d’un gaufrier de 6 cases, les premières pages de chaque épisode se répondent. La structure est la même avec un œil ou une image avec une forme ovale similaire dans la 4ème case, les autres contenant une bouche en gros plan, ainsi que des lames, des seringues ou des armes. La voix off étant celle de Caruso à chaque fois. Cette répétition apporte à la narration du titre, permettant un redémarrage original à chaque épisode.
Les couleurs souvent sombres mais nuancées, tel du pastel, donnent une vraie identité au titre.
Les artistes proposent, par ailleurs, quelques scènes d’une rare violence, en particulier, les deux premières pages où le meurtre qui lance l’intrigue a lieu. Elles donnent le ton et nous emportent dans le récit.
L’édition de Delcourt est très belle. L’éditeur propose un cahier graphique vraiment intéressant avec explications du dessinateur, ainsi que les couvertures de Dave Johnson et des couvertures alternatives.
Au final, j’ai désormais envie de découvrir d’autres œuvres de Arcudi et de Fejzula, ce qui est un bon indicateur de mon degré de satisfaction après la lecture de Dead Inside !
Dead Inside est un polar réussi mettant en scène une héroïne bien caractérisée et bénéficiant d’une partie graphique tout bonnement excellente. Un titre à découvrir !
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