Echo Intégrale (VF – Delcourt)

Alors oui, je sais, cette intégrale est sortie il y a déjà 5 mois. Je sais aussi que, cette semaine, la lumière devrait être faite sur le Kill or Be Killed d’Ed Brubaker (et si vous ne le savez pas, c’est que vous êtes passés à côté du Kit de Survie de la semaine!). Enfin, et surtout, je sais que le premier tome de ce comics est paru pour la première fois en France en 2009. Mais que voulez-vous, parfois on passe à côté de petits chefs d’œuvre et, lorsque l’on finit par tomber dessus, on n’a plus qu’une seule envie : le partager avec le plus de monde possible.

Une fois la lecture d’Echo terminée, et quand vient le moment d’en faire une review, on a presque envie de ne pas s’attarder sur le dessin, ni sur les dialogues, ni même sur le scénario tant tout est réussi. On en viendrait presque à ne vouloir s’attacher qu’aux sentiments ressentis lors de cette lecture. Pour tout dire, ce comics m’a mis dans un petit cocon de bonheur : on a à faire à une lecture 100% qualité, et ça fait beaucoup de bien.

Bon d’accord, je vais quand même rentrer un peu plus dans le détail pour les plus sceptiques d’entre vous.

Scénario, dessin, un seul homme à la baguette : Terry Moore. Et le monsieur est un vrai Maestro. Côté dessin il parvient à retranscrire toute sorte d’émotions, notamment au niveau de l’expression du visage de ses personnages, le tout avec un trait somme toute assez épuré. Terry Moore est capable d’apporter des petits détails dans le décor, qui nous immergent encore plus dans l’histoire, tout en gardant ses cases parfaitement lisibles. Difficile d’ailleurs de ne pas tomber sous le charme de ses personnages féminins. Et je parle de « charme » car les femmes de Moore ne sont pas de ces femmes fatales à la beauté parfaite et aux formes plantureuses, mais plutôt de celles qui sont « juste » craquantes.

Côté scénario, encore une fois, c’est du pur bonheur. Tout d’abord nous avons droit, comme toujours chez Moore, à des personnages principaux incarnés par des femmes de caractères. Je ne sais pas si vous avez déjà entendu parler du test de Bechdel, mais Terry Moore est du genre à faire exploser les compteurs. Qu’il est agréable de lire des comics avec des personnages féminins bien écris qui volent la vedette à la gente masculine. L’autre réussite de ce comics est de nous amener à des réflexions plus profondes en abordant tout à la fois des sujets scientifiques, en traitant la question de l’arme nucléaire (et des armes de manières générales), de la guerre, de l’écologie aussi… Il y a donc, en toile de fond, des thèmes très sérieux, mais la force de Moore et d’enrober tout cela dans une histoire parfaitement accessible qui permet différents niveaux de lecture. L’autre force (oui bon, écoutez, il n’y a que des forces, je n’y peux rien !) est la capacité de Moore à intégrer des éléments du quotidien dans sa narration ce qui permet de nous plonger dans l’histoire avec une efficacité redoutable.

S’agissant de l’édition, nous avons droit à une couverture souple assez pratique pour la lecture et la prise en main de ce comics. Déception du côté des bonus, Delcourt nous propose bien une postface de Terry Moore mais préfère mettre en avant les autres oeuvres de l’auteur plutôt que de mettre en avant les couvertures originales ou autres croquis.

Moi qui sortais de la lecture de l’Omnibus de Crimson (656 pages) j’hésitais à me relancer dans un autre pavé (624 pages). C’était sans compter sur les qualités d’Echo dont la seule lecture du premier chapitre aura suffi à me conquérir. Je suppose que c’est là toute la différence entre un comics moyen et un chef d’œuvre : il m’aura fallu presque un mois pour lire Crimson, quand Echo aura été englouti en une journée.