C’est avec une certaine impatience que j’attendais la seconde partie du run de Bruce Jones sur Hulk. L’ambiance façon polar posée par le scénariste dans la première partie était l’atout majeur de cette série.
Ce second opus commence par un arc en 6 parties déconnecté de l’intrigue générale. Creel, le manipulateur psychique, sème la terreur avec pour objectif de sortir de prison en manipulant les esprits. L’intrigue est plutôt bien fichue et bien développée. Le suspens est entretenu et Bruce Jones crée une vraie tension. Les dessins de Leandro Fernandez manquent de régularité, notamment au niveau des visages, mais la mise en page est efficace. Un bon arc.
Bruce Jones décide alors de reprendre le fil de son intrigue générale. Il propose quelques révélations, notamment à propos de M. Bleu. Son identité et surtout la façon dont ce personnage revient au grand jour sont assez incongrus. En parallèle, la relation entre Sandra Verdugo, la mercenaire, et Doc Sansom, liés par leur passé commun peu crédible, fonctionne mal. On a du mal à y croire et ce n’est pas très bien écrit. Tout ce petit monde se retrouve chez Nadia, l’ex-femme d’Emil Blonsky, l’Abomination. A partir de là, l’intrigue verse dans l’action bas du front matinée de clonage artificiel sans originalité. Ce n’est guère passionnant et à mille lieux de l’ambiance que Jones avait réussi à installer dans la première partie. Le scénariste construit en plus une pseudo rivalité à sous-entendus sexuels entre Nadia et Verdugo, nous gratifiant d’une scène de topless totalement malvenue et ridicule, la seconde des deux femmes passant également de longs moments en sous-vêtements, sans raison apparente. La lassitude gagne alors profondément le lecteur et tout se termine dans le plus grand désintérêt. On sent que Bruce Jones a voulu maintenir une ambiance noire horrifique mais il bascule dans la facilité et le banal.
On notera toutefois le bon travail de Doug Braithwaite aux dessins, tant dans le trait que la mise en page. Malheureusement, cela ne sauve pas cette série d’épisodes mauvais.
Bruce Jones renoue alors avec un épisode one-shot hyper efficace où il joue habilement avec la dualité Banner/Hulk. L’ambiance mystérieuse instaurée et le twist final font de cet épisode une réussite. Mike Deodato et son trait réaliste font également merveille.
Le scénariste se lance ensuite dans un arc de 4 épisodes où Banner se retrouve en compagnie de Tony Stark qu’il va aider à améliorer son armure. Malgré un pseudo mystère autour d’une collaboratrice de Stark morte dans des conditions étranges, l’intrigue ne décolle pas et sombre dans un récit basique sans originalité. Deodato et Braithwaite se partagent les dessins, rendant à nouveau une bonne copie.
Les deux derniers épisodes venant conclure le tome tentent alors de clore l’intrigue générale mais là encore Bruce Jones sort une histoire grotesque d’explosion nucléaire conduisant la Terre dans un monde apocalyptique. Le retour d’un ennemi classique de Hulk ne sauve pas l’affaire.
Cette deuxième partie de run est clairement une déception. Intrigue bâclée et sans originalité et caractérisations douteuses ont constitué un menu indigeste. Quel dommage après une si bonne mise en bouche dans le premier tome ! Seuls les dessins de qualité sauvent globalement le coup, ainsi que quelques épisodes ponctuels mais cela ne justifie en aucun cas l’achat et la lecture de ce tome 2.