Marvel Saga #3 : Unworthy Thor (VF – Panini Comics)

Octobre 2014, puis Mars 2015 en français, coup de tonnerre, Nick Fury murmure et Thor choit. Le Dieu Asgardien perd alors tout, son statut de divinité, sa place dans l’univers, son titre et son marteau. Une nouvelle Thor s’élève, tandis qu’Odinson disparaît dans le cosmos au côté d’Hyperion pour endiguer le flot des Beyonders. La mini série Unworthy Thor sonne donc le retour du personnage originel, toujours par Jason Aaron, étincelle incontestée du personnage depuis 2012, mais surtout avec Olivier Coipel aux dessins. Le talentueux français avait déjà sublimé les traits massifs du Dieu, en 2007 sous la plume de Straczynski dans un run fédérateur mais inachevé, puis en 2011 avec Fraction, des épisodes en deçà mais non moins splendides. Tous les éléments sont réunis pour faire de ce Unworthy Thor une lecture digne de tous les lecteurs, enfin presque. Aaron construit les liens et les intrigues depuis God of Thunder, attaquer par ce Marvel Saga me semble compromis.  

Je passerai sous silence l’intrigue, elle mérite toute votre attention et je m’en voudrai de dévoiler un quelconque indice dans ces lignes. 

Le titre enchaîne les compositions éclatées et les doubles pages impressionnantes

Unworthy Thor est multiple, Aaron doit jouer plusieurs cartes, et si possible remporter la main. En premier lieu, Odinson est absent depuis plusieurs mois, avec ces 5 numéros, le personnage s’affirme de nouveau. Jane Foster fût une bouffée d’air frais, la série Mighty Thor est à ranger au panthéon des meilleures sorties mensuelles marvel, mais Aaron n’a pas oublié le porteur originel, et il le montre bien. Tout transpire la classe et la bad asserie assumée, les personnages, très nombreux, à intervenir dans les numéros sont écrits avec un punch rare. Thor retrouve ses lettres de divinité, aidé d’un frère d’arme loin des Trois Guerriers habituels et avec une saveur animalière novatrice. Le personnage est perdu, erre de planètes en planètes, comme un vulgaire vagabond. La centaine de pages sert donc de rachat pour le Dieu, sa situation finale, sans être inédite puisqu’elle rappellera le passage de Straczynski, pourrait redéfinir les enjeux des prochains épisodes de Mighty Thor. Le second point à souligner, l’utilisation de personnages éloignés des chopes routinières asgardiennes, et si j’évoque le Quadrant et Ordre Noir, j’en dis déjà trop, surtout que la destinée de certains des concernés est plus que surprenante, la série est loin de l’anecdotique. Enfin, et pas des moindres, le murmure éclair de Fury trouve une explication. Ne vous attendez pas à des lignes de palabres, la résonance est à chercher dans tous les travaux de l’auteur sur Thor, depuis le départ. Aaron choisit la voie de la symbolique et des responsabilités plus que celle du discours explicatif lourdaud, je ne peux que saluer le choix de l’auteur, distant de toute exposition. Pour autant, certaines longueurs se font ressentir par moment, notamment un ventre mou en milieu de kiosque qui étale une narration par l’objet qui prendra tout son sens lors de la conclusion. Ou comme l’intervention de têtes bien connues, à l’utilité momentanée, qui ne sert pas le fond du propos d’Aaron, une simple façade attractive, jouissif mais un poil (de bouc) superflu. 

Hommage renversant à ce que fut Thor, par Olivier Coipel déchaîné !

Si les deux images ci-dessus ne suffisent pas, autant être clair, magnifique convient à peine pour décrire la série. Coipel, qui réalise deux bons tiers des pages est à son meilleur. Comme à chaque fois me direz-vous, mais l’artiste à un talent indescriptible pour mettre en pinceaux Thor, sans doute son personnage fétiche. Tout son savoir-faire se matérialise devant nos yeux ébahis : cases transversales explosées, pleines et doubles pages, expressions faciales éloquentes, un concentré du génie du français. La force artistique de Coipel est contrebalancée par une lenteur acceptée, il lui a été impossible de travailler sur ces 5 numéros complets, dommage diront certains, réjouissons nous plutôt. Il est alors épaulé par une tripotée d’artistes, aux styles complémentaires, notamment Jacinto qui se confond aisément, la cohérence visuelle est respectée. Ensuite, Iriving et Ribic, autre grand habitué de Thor, se chargent de la jeunesse d’Odinson, Dauterman assure les quelques cases avec Jane Foster. Seul Pixe, au style proche d’un Braithwaite est discordant. Mais la frénésie dans les choix visuels et les moments plus rythmés sont tels qu’Unworthy Thor une vitrine visuelle rare. 

La foudre ne tombe jamais deux fois au même endroit, alors Aaron est bien le seul vrai Dieu du Tonnerre, toutes ses divines séries sont des éclairs qui illuminent la tempête que traverse Marvel depuis quelques temps. Unworthy Thor est une étape majeure pour le personnage, au sommet de l’Asgard de l’industrie depuis 2012, avec une maestria graphique complètement folle. Encore un argument, 5,60€ et un chapitrage complet, merci Panini. 

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