Découvert en VO pour la première fois, j’avais trouvé ce titre rafraichissant sans pour autant en poursuivre la lecture, m’arrêtant au #3 tout en me disant que si le comics était édité en VF j’en ferais alors l’acquisition. Ce comics a finalement bien été édité en VF au mois de septembre dernier, mais malgré une curiosité certaine je ne l’avais pas acheté sur le moment.
Tout cela pour vous dire que, bien que curieux, je me suis replongé dans ce comics sans grandes attentes, ce qui constitue souvent la condition idéale afin de pouvoir être agréablement surpris. Et ce fût le cas.
Avant d’aller plus loin il est à noter que le titre original est en fait « We Can Never Go Home » mais est devenu « Never Go Home » dans sa version française. Choix pour le moins étonnant de la part de Glénat Comics, puisque si les titres des films américains sont souvent adaptés lorsqu’ils atterrissent en France, cela n’est habituellement pas le cas pour les comics…
Nous suivons ici les péripéties de Duncan et Maddie qui, d’une action malheureuse entrainant la mort d’une personne, se lancent dans une fuite vers la liberté durant laquelle chacun de leurs choix va les pousser de plus en plus vers un point de non-retour.
Les scénaristes Matthew Rosenberg et Patrick Kindlon ont la bonne idée d’opérer un mélange des genres en reprenant des thèmes relatifs à Bonnie and Clyde, pour le côté fugitif, en y insufflant un aspect super héroïque, certains personnages étant dotés de pouvoirs. Une des forces de l’écriture est de parvenir à faire passer ces pouvoirs au second plan, comme si les scénaristes souhaitaient se rattacher à la « mode » des super héros sans pour autant que le récit ne soit porté que par cet élément. A la lecture nous avons simplement la sensation de suivre un duo d’adolescents cherchant à survivre pour se libérer de tout ce qui peut les entraver et ce, quel qu’en soit le prix à payer. Nous sommes donc embarqués avec Duncan et Maddie, et assistons à cette fuite vers l’avant dont chaque choix nous fait à la fois craindre le pire et nous attache un peu plus à ce duo dont nous ne souhaitons plus qu’une chose : qu’ils parviennent à s’enfuir. Le travail apporté sur la caractérisation des personnages et sur les dialogues ne sont pas étranger à la réussite de ce comics.
Le dessin est assuré par Josh Hood dont le trait et le découpage des planches participent à nous immerger pleinement dans l’histoire. J’ai particulièrement apprécié le découpage de ce comics car, tout en étant assez classique dans sa structure en cases délimitées (les personnages sont contenus dans des cases et n’en débordent que rarement), l’agencement et la multiplication de ces cases sur une même page sont quant à elles très originales et apportent à la fois de la fraîcheur et du dynamisme lors de la lecture.
Côté édition, et si nous laissons de côté ce choix étrange de changement de titre, nous apprécions les bonus ajoutés par Glénat Comics avec des notes de Matthew Rosenberg, tout un tas de variant covers et, surtout, une sélection de musiques pour former une mixtapes par chapitre (donc 5 en tout). J’aime beaucoup l’idée de pouvoir mettre en fond sonore de la musique choisie par les auteurs spécifiquement pour le comics.
Ce tome 1 de Never Go Home constitue une très belle introduction à cette nouvelle série. Nous nous attachons rapidement aux personnages et partageons pleinement leurs aventures. Le comics nous tiens en haleine du début à la fin (malgré une fin que j’ai trouvée un peu en dessous du reste), et, bien qu’assez violent, apporte un petit bol de fraîcheur parmi les lectures du moment.
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La cavale de deux ados rejetés par leur entourage et en conflit avec leur famille narrée par Matthew Rosenberg et Patrick Kindlon est marquée par les pouvoirs de plusieurs protagonistes. Le pitch du surhumain rejeté en raison de ses pouvoirs n’est pas nouveau mais il permet aux auteurs d’évoquer des sujets qui leur tiennent à cœur : la violence, la maltraitance, les relations difficiles des ados, l’amitié.
Durant leur cavale, les deux jeunes enchainent les mauvais choix les conduisant dans une spirale de violence infernale. Les scénaristes construisent bien leur histoire en décrivant le resserrement de leurs relations au fur et à mesure que le sort de l’un dépend de celui de l’autre. On s’attache rapidement aux personnages principaux. Leurs relations conflictuelles avec leur famille, bien que de types différents, sont bien abordées. Les scénaristes glissent quelques scènes où l’humour fait mouche et permet de relâcher la tension qui est très soutenue sur les 5 épisodes.
Le dessinateur Josh Hood réalise un travail original. Son trait est fin mais un peu irrégulier notamment sur les visages. La mise en page élaborée et des cadrages cinématographiques recherchés sont efficaces. Le choix de proposer des pleines pages à des moments-clés marque la lecture.
Le dessinateur réalise des décors détaillés qui permettent une immersion complète dans les lieux où se déroule l’action mais choisit également de faire des fonds unis sur de nombreuses cases pour que l’on se concentre sur les échanges entre les protagonistes. Cette narration visuelle est efficace.
Les couleurs choisies sont agréables et apportent à l’identité du titre.
Quelques bémols : le rythme de l’histoire s’accélère à la fin de l’épisode 4 jusqu’au terme du comics, les auteurs voulant clore leur histoire en 5 épisodes. Cela m’a paru un peu précipité. Sur l’histoire elle-même, les forces fédérales semblent également peu équipées et efficaces pour stopper ces personnes à pouvoirs.
Glénat présente ce comics comme un tome 1 mais l’épilogue semble laisser penser que l’histoire peut s’arrêter là. Y aura-t-il une suite ? En VO, elle n’a pas encore débuté. Le mystère reste entier…
Never Go Home est un très bon comics avec quelques défauts dont il ne pâtit pas trop. La partie graphique est une réussite malgré quelques irrégularités. L’attachement ressenti envers les deux personnages nous fait souhaiter une suite à cette bonne lecture.
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