Cette politique de récits complets motivée par l’envie de diversifier l’offre presse en proposant des sorties groupées d’arcs narratifs est plus que bienvenue. Urban varie les plaisirs, et si la tentative est louable et plus que positive, ce second récit complet Batman qui regroupe l’ensemble de la mini-série Poison Ivy : Cycle of Life and Death, ne peut s’apprécier que dans ce format, à petit prix.
Je ne comprends pas spécialement le contexte de sortie d’une telle série, ni les motivations de l’éditeur américain, le fait est que nous nous retrouvons avec 6 numéros éclos de nulle part, mettant en lumière la florale Poison Ivy. Après sa réhabilitation, elle officie aux Jardins Botaniques de Gotham sous son identité civile de généticienne botaniste, Pamela Isley. Toute l’intrigue fleurit sur l’apparition de 3 hybrides au code génétique humain et végétal, dont Ivy s’approprie le rôle de mère. Les motivations de la belle ne seront jamais réellement détaillées, un trop plein de solitude sans doute. De la même manière, les questions scientifiques et éthiques qui pourraient germer de telles manipulations, et qui sont particulièrement intéressantes, ne seront jamais abordées. La scénariste Amy Chu stagne au ras des pâquerettes, sans relever le propos. Que ce soit la première moitié de la mini, avec la création des graines humaines d’Ivy, ou bien la seconde où ces personnages sont « adultes » et affrontent la menace sous-jacente, le manque d’intérêt ne pousse pas à tourner les pages. Et ce n’est pas cette association lourdingue de dialogues vides et de passages récitatifs trop descriptifs qui relèveront le niveau. Alors qu’Ivy est caractérisée justement, ses 3 « enfants » tombent très rapidement dans le poncif des ados rebelles en quête de sortie nocturne (pour découvrir la vie, quoi de mieux qu’une flânerie dans un strip-club). La fin laisse faner le doute. Une potentielle suite à venir ? Dans cette éventualité, il est clair qu’on ne m’y reprendra pas. Mais alors pourquoi s’être laissé tenter ? Clay Mann !
L’artiste multiplie les boutures crayonnées, en écho avec sa performance sur le premier volume de Ninjak, encore toute fraîche. Il faut être honnête, certaines planches et pleines pages sont magnifiques. Son Ivy est sensuelle, somptueuse et magnifiée par des courbes d’une attirance rare, et je ne pense pas que Mann bascule dans une sexualisation à outrance, même si la sensation de regarder plus que de lire est palpable. Mais profitez-en, la présence de Mann s’effeuille numéro après numéro, les artistes remplaçants ne jardinent clairement pas dans le même potager.
Craquer ou pas pour ce récit complet ? A ce prix là, je pense que oui. La mini est complète, très jolie sur les 3 premiers numéros, pose une intrigue intéressante mais sans jamais la développer, dommage. Maintenant, quid de la pertinence de telle mini-série, est-ce une tentative solitaire sur le Bat-verse, les prémices d’une nouvelle ramification chez DC ? Si cette série pouvait polliniser une partie du catalogue DC Comics, une succession de quelques numéros indépendants sur différents vilains pourrait être un embranchement à suivre.
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