L’hôte ne fait pas le symbiote, où est-ce l’inverse ? Depuis Secret Wars (les premières) puis Micheline et McFarlane, du chemin a été parcouru. De la brute sanguinaire, à l’orgie symbiotique ; puis plus récemment du curatif blanchâtre au flash estropié, fripon celui qui ne reconnait pas les perpétuelles transitions d’un vilain au préambule très simple. Venom aura été de toutes les couleurs, de toutes les allégeances. Mais Marvel, et forcément Panini, souffle des bougies. En 2018, Marvel s’imbrique et s’impatiente avec le plus célèbre des symbiotes dans un parasitage complet de la ligne. Un trentenaire qui se voit récompensé par un amas de titres, mini-séries, events tous dédiés au vilain. Tâche d’encre indélébile de mon enfance de lecteur, je ne pouvais passer à côté d’un kiosque à la couverture si explicite : Venom est de retour. Mais certaines choses n’ont pas à revenir avec autant d’empressement.
Le présent kiosque regroupe donc la nouvelle série Venom et le numéro #1 du tout nouveau Edge of Venomverse. Spider-Man : Master Plan et la suite de Spider-Man 2099 complètent le sommaire. Je ne m’intéresse ici qu’au célèbre vilain.
Exit le space opera, éloigné des racines, des fourrures et des fusils à plasma, Venom dépérit sur Terre. Cela ne dure pas longtemps, en 3 épisodes, l’auteur vide son sac et n’exploite pas ses propres idées. Lee Price est la synthèse imparfaite. Il emprunte à Brock ce caractère meurtrier, et son passif est proche de celui de Thompson. Le postulat de base du contrôle de l’hôte est inversé. Price mate aisément son symbiote, relégué au rôle de conscience du bien. Venom est las de toute cette violence. Cette transposition des positions ne va pas plus loin ; l’idée est pourtant évidente, mais n’a jamais été représentée de front. Ce qu’il reste de ces 3 premiers numéros pressés ? Des gangs, deux agents du S.H.I.E.L.D impromptus, une féline et un scorpion.
Une bestiole lui fonce dessus, il lui crache à la gueule ?
Expéditive, expédiée, trop peu introspective, la série Venom ne convainc pas. Elle ne peut se rattraper sur un contexte ou des enjeux différents. Mais, il serait malhonnête de crier au plantage complet. Juste moyenne, la série peut toutefois compter sur l’exagération par Sandoval, sorte de berserk Ramos drogué au venin. Autant ses personnages ne sont que des gueules faciles aux physiques disproportionnés, autant son Venom est merveilleusement dégueulasse. Les inspirations xénomorphiques, l’anatomie désarticulée, la bave qui dégouline et une brutalité féroce, son symbiote est crédible. L’excédent est vite oublié par contre. La série est très vide.
Edge of Venomverse préfère, lui, se placer comme la mini-série hors continuité. L’univers Marvel est totalement repensé autour de la mélasse noirâtre. Comme son adversaire rouge et bleu, Venom se retrouve mêlé à un multivers symbiotique. Dans le cadre d’un anniversaire, pourquoi pas ; Si l’idée du parasitage total des figures et événements est poussée jusqu’au bout.
Fort d’une ambiance glauque, Rosenberg se plie parfaitement à l’exercice, qui tient plus de la commande évidente. Le choix 23 n’est pas idiot non plus. Les 5 premières cases sont sinistres, avec gout dérangeant et sans un mot échangé. La liberté de violence permise convient et rassure. Ce voyage dimensionnel promet donc une exploration différente des personnages, à l’image du final évocateur. Maintenant, cette introduction conserve une timidité sensible. Un second Spider-verse en noir et blanc n’est pas envisageable. Il est encore tôt pour se prononcer, ce n’est qu’une introduction. Les auteurs devront se réinventer par la suite et dépasser le postulat connu de tous.
Venom n’est pas satisfaisant et ne renoue pas avec ses quelques illustres prédécesseurs (Venom par Remender). Seul le dessin d’un Sandoval déchaîné peut faire sourire. Le cas Edge of Venomverse interroge. Rien ne justifie l’arrivée d’un tel projet. Ni la renommée du vilain, ni le retour de l’une des plus récentes sagas de Slott. Mais, l’idée d’une continuité alternative, définie et délimitée, construite autour du symbiote n’est pas forcément mauvaise. Il va falloir, là aussi, aller au bout de la démarche. Maintenant, de la proposition Panini, seule la moitié est digne d’intérêt, à vous de voir.
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