Si l’échec est le plus grand des maîtres, comme le ricane encore le spectre de Yoda, alors Marvel a parfaitement digéré la leçon. Vador Down, premier cross over dans les étoiles m’avait perdu dans un affrontement idiot entre le Seigneur Noir, son archéologue et ses droïdes, puis nos rebelles. Depuis, je navigue à l’extérieur de la bordure de ces écrits, très éloigné de ce delirium galactique de papier illustré. Ce choix fut judicieux, quelle folie de s’embarquer encore dans la cale d’une frégate croupissante, et pourtant. Les lamentations ne cesseront pas avec ça. La Citadelle murmure les échos larmoyants des sanglots des lecteurs.
Sur Horox III, parfois qualifié d’énième trou stellaire, parfois d’avant-poste rebelle, le jeune Skywalker échappe à la querelle de bar (avec les prophètes Covenant apparemment) épaulé par une Aphra splendide sous les crayons de Checchetto. A partir de ce moment, les première pages donc, le titre s’enfonce dans un tunnel médiocre. Le sujet déjà, risible : le Docteur Aphra, pilleuse de tombes, est en possession d’un cristal dans lequel est enfermé l’esprit d’un praticien de la Force. Pour le délivrer, elle convainc un Luke niais de se livrer à la reine Ktath’atn. Tous les ans, la souveraine offre une faveur à celui ou celle qui lui présente une vie organique unique. Le cerveau de l’opération n’est certainement plus Luke, celui-ci accepte sans méfiance son nouveau rôle ; son envie d’apprentissage comme sa méconnaissance de la Force justifie toutes les décisions. Pire, lorsque le duo de scénaristes réitèrent les erreurs et les anachronismes, encore.
Comme le Steam Punk enneigé dans Obi-Wan and Anakin, ou les vaisseaux vivants de Darth Vader, la Citadelle hurlante fait encore plus fort. Construite comme l’entretien avec un vampire boursouflé au lyrium rouge – l’imaginaire ne me semble pas si éloigné du dragon BioWare – corrompu par un parasite insectoïde cérébral – lui aussi emprunté à BioWare, mais cosmique cette fois – une mélasse indigeste où barbotent incohérences, dialogues élémentaires et premier degré maladif. Le râté est complet. Comme les dessins d’ailleurs. Après une introduction, au moins graphiquement très soignée, mais trop étonnante, la suite est aveuglante. Le jeu brouillon de collages de Larroca est indigent. Sur des corps et des décors au moins dessinés, l’artiste y colle les visages des acteurs, comme des découpages d’images sous un filtre synthétique. Le dernier artiste, Broccardo, entre Walker et Asrar, n’est pas meilleur. Certains de ses personnages sont repoussants, voire complètement difformes dans le fond.
Pour l’édition, toute la « saga » est effectivement complète, pour un tarif assez intéressant. Bien que pour une pagination équivalente, le reste de la gamme kiosque est proposée à 5,50€. L’augmentation est incompréhensible. Enfin, encore un chapitrage hasardeux, puisque présent sur les 4 premiers épisodes, puis absent sur le dernier, sans raison. Panini n’est toujours pas prêt en 2018, à nous sortir des kiosques propres et sans bavures.
Un seul cri s’échappe de cette citadelle, au secours. Les feux d’alarme sont allumés, rien ne va, tout est catastrophique. Seul Checchetto mérite d’être sauvé de la galaxie, définitivement lointaine, trop lointaine.
Godspeed Rebels !
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