Après le très bon Harley Quinn – Breaking Glass, Mariko Tamaki récidive dans la collection Urban Link avec Supergirl : Being Super, une mini-série en 4 épisodes dessinée par Joëlle Jones, encrée par Sandu Florea et colorisée par Kelly Fitzpatrick.
Kara Danvers est une ado de 16 ans qui se cherche comme tous les ados de son âge. Mais elle n’est pas comme tous les ados de son âge puisqu’elle a des pouvoirs que seule sa famille adoptive connaît et qu’elle ne sait pas d’où elle vient. Un événement va venir troubler sa vie et lui en apprendre davantage sur son origine.
De ce postulat classique pour le personnage voire pour une histoire de superhéros, Mariko Tamaki tire un comics très frais et au ton original. Dans le premier épisode, elle décrit les tourments de l’adolescence de façon bien vue en y mêlant les questionnements de Kara sur son origine et ses pouvoirs qui semblent dysfonctionner. Les échanges entre copines et les relations avec ses parents adoptifs dressent un portrait juste qui se voit ponctué de scènes particulièrement drôles. Le ton est vif, enlevé, les dialogues bien écrits et les personnages bien caractérisés.
Puis survient un événement dramatique dans lequel Kara est impliquée. Le ton change alors et Mariko Tamaki traite du deuil, de l’absence d’un être cher et de la culpabilité en conservant la même finesse et la même justesse que précédemment. Que cela soit dans des séquences flashbacks, dans la scène de l’enterrement ou dans les interactions entre personnages, tout concorde à donner une ambiance mélancolique sans jamais sombrer dans le pathos.
Les doutes sur les pouvoirs défaillants de Kara commencent à trouver des réponses et le récit bascule dans le comics superhéroïque classique. Entre la fin de l’épisode 3 et le milieu de l’épisode 4, le comics perd un peu de son originalité. Le Kryptonien introduit par Tamaki manque un peu de personnalité et les séquences d’action sont très classiques. Néanmoins, le récit reste cohérent et fluide. Heureusement, la fin retrouve la finesse des débuts dans les échanges entre personnages.
Mariko Tamaki a crée des personnages attachants avec de l’épaisseur, notamment Kara et Doly, mais aussi les parents de Kara qui ont des caractérisations réalistes. Son histoire est crédible dans un monde superhéroïque et très fluide au niveau du rythme.
Aux dessins, Joëlle Jones réalise des prouesses. Que cela soit dans la précision du trait, la mise en page, le travail impressionnant sur les décors ou l’immersion dans les scènes grâce aux réalismes de ses pages, le résultat est exceptionnel ! Elle fait également merveille dans l’expressivité des personnages, sachant produire toute la palette des émotions, notamment dans des scènes humoristiques sans tomber dans la caricature. Supergirl: Being Super a été réalisé à la même période que Lady Killer 2, on voit que l’artiste est au sommet de son art. Les couleurs de Kelly Fitzpatrick viennent admirablement compléter ce travail bluffant.