Voici un peu plus d’un an que les éditions Kinaye publie en France des comics jeunesse. L’éditeur vient de sortir Ronin Island, une série de Greg Pak et Giannis Milonogiannis, parue initialement chez Boom et prévue en 3 tomes.
Dans une Asie imaginaire, Hana et Kenichi qui vivent sur une île, Ronin Island, où la population s’est réfugiée après le Grand Vent, une catastrophe qui a dévasté la Chine, la Corée et le Japon. Ces deux jeunes souhaitent devenir Samouraï mais leurs différences sociales et ethniques vont les opposer alors qu’une nouvelle menace se profile et vont les amener à s’allier.
Greg Pak installe son univers et son intrigue de façon très efficace. Le lecteur entre vite dans l’histoire et en saisit aisément les enjeux. Ses héros, Hana et Kenichi, sont attachants et ce qui les oppose fait le sel de leur relation. La première est coréenne, fille de fermier et altruiste, le second est japonais, fils de Samourai et relativement individualiste. Greg Pak aborde le poids de ces caractéristiques et leur influence de façon simple mais qui sait toucher le lecteur. Le scénariste aborde également le thème du pouvoir et de la hiérarchie au travers du Shogun totalement immature et qui donne des ordres irréfléchis. Cela forme un ensemble de valeurs fortes auxquels le jeune lecteur sera sensible.
Greg Pak agrémente son propos d’une histoire d’humains mutants, les Byonins, en en faisant la menace mystérieuse de son histoire. Si l’idée n’est pas très originale, elle fonctionne plutôt bien. Le récit, très rythmé, emporte le lecteur de rebondissements en rebondissements, ne laissant aucun temps mort. Le reproche majeur que l’on pourra faire est le peu de développement du background des personnages, ce que le scénariste ne devrait pas manquer de faire dans la suite, qu’on ira voir.
Côté dessin, Giannis Milonogiannis a un trait sec et efficace, doté d’un encrage très fin. Il ne s’embarrasse pas toujours de décors très fournis mais qui sont suffisants pour immerger le lecteur. Ses planches sont très dynamiques et ses personnages immédiatement identifiables. Le travail sur les couleurs de Irma Kniivila fonctionne très bien avec les dessins et donne le ton de cet univers inquiétant.
L’édition de Kinaye se présente sous forme d’un tome semi-rigide, très agréable à manier, chapitré et agrémenté de couvertures alternatives en fin de volume. Du bon travail !