Les motifs de faire l’impasse sur cette mini-série étaient légion à commencer par l’héritage d’Alan Moore, bafoué par DC Comics, et la présence de Tom King à l’écriture. Et pourtant, Rorschach se révèle, dans son premier épisode, une bonne surprise, surtout que l’on retrouve aux dessins, Jorge Fornes et à la colorisation, Dave Stewart !
Un homme déguisé en Rorschach ainsi qu’une femme habillée en cowgirl sont abattus lors d’un meeting pour la présidentielle américaine de 2020 alors qu’ils s’apprêtaient visiblement à s’en prendre au candidat. Qui sont ces individus ? L’enquête commence.
Contre toute attente, Tom King fait dans la sobriété en épurant totalement son style et en mettant de côté les gimmicks qui ont pu agacer sur certains de ses récents travaux. Point de répétition de dialogues saccadés, point de gaufriers à la pelle. Son écriture fait preuve d’une redoutable efficacité dans la construction d’une enquête policière classique sans être ennuyeuse. Chaque mystère résolu en amène un supplémentaire qui attise un peu plus l’intérêt du lecteur.
Les liens avec Watchmen sont, pour le moment, ténus, se bornant à quelques clins d’œil. L’intrigue de Tom King peut se déguster sans avoir de références particulières.
La partie graphique est sublime. Là aussi, l’efficace sobriété est de mise et fonctionne parfaitement. Jorge Fornes, dont on a pu observer le talent à maintes reprises désormais signe peut-être son meilleur travail avec un encrage plus fin et plus précis. Sa collaboration avec Dave Stewart est parfaite. Les artistes créent une ambiance un peu vintage anachronique qui accentue le côté classique de l’histoire.