Après une première série qui a eu du mal à allier divertissement et ésotérisme compilée dans une superbe intégrale par Bliss Editions, le personnage de Shadowman revient dans une nouvelle mini-série scénarisée par Andy Diggle, un vieux de la vieille, et une flopée de dessinateurs plutôt habitués à l’univers Valiant, dont l’excellent Renato Guedes !
Jack Boniface, un mortel lié à son Loa – un esprit vaudou -, est Shadowman et est de retour du monde des morts où il avait été piégé par Darque, son grand ennemi. Alors qu’il souhaite se défaire de l’emprise de son Loa avec l’aide de son amie Alyssa Myles, il se fait de nouveau piéger. De façon définitive, cette fois ?
La mini-série d’Andy Diggle se découpe en trois arcs de longueur comparable. Le premier tiers est très générique, ne se démarquant jamais d’une quelconque série d’action mystique standard. Certes, le savoir-faire du scénariste permet de ne pas s’ennuyer mais ce n’est pas cette partie qui marque les esprits. Les dessins de Stephen Segovia sont très classiques également, faisant juste le job.
La deuxième partie est clairement la plus intéressante ! Tout d’abord, le lecteur voit l’arrivée de Renato Guedes aux dessins. Son encrage crayeux et son soucis du détail apportent une rigueur et une densité à la partie graphique. Le mysticisme prend une forme qu’il n’avait pas jusqu’alors. Andy Diggle fait « voyager » Jack Boniface dans le temps à la découverte d’anciennes incarnations de Shadowman. D’abord dans les années 40 – illustrées par Shawn Martinbrough, dont le style est idéal pour cette période – au travers de son arrière grand-père mélomane Maxim Boniface, puis à la fin du XIXème siècle où le Shadowman va croiser la sœur de Darque et enfin dans une préhistoire imaginaire. Chaque période va permettre au scénariste de développer la mythologie du personnage ! L’ensemble est assez passionnant à suivre et varié dans la forme.
Enfin, l’arc qui clôt la série reprend l’ambiance d’action du début mais avec davantage de finesse et l’esprit mystique est plutôt bien intégré. La présence, à nouveau, de Renato Guedes permet de conserver la force de l’univers de Shadowman. La fin est un peu expédiée mais laisse une ouverture pour une nouvelle série à venir. Pour terminer, on regrettera un niveau de dialogue très basique, sans grande recherche.
L’édition de Bliss Editions est, comme d’habitude, très soignée.