John Allison nous a conquis avec Giant Days, ce n’est plus un secret ! Cette série achevée, le scénariste a lancé à la fin de l’été une nouvelle série intitulée Steeple qu’il scénarise et dessine et qui s’est terminée (temporairement ?) au bout de 5 épisodes.
Le révérend Penrose dirige la paroisse de Tredregyn, une petite bourgade où sévissent démons, satanistes et Nimby – accronyme de Not By My BackYard, des résidents locaux opposés à un projet dont ils affirment subir les nuisances. Combattant les démons, le révérend a essoré tous les vicaires venus lui prêter main forte au bout d’une semaine en général. Arrive, cette fois-ci, Billie, une jeune vicaire, frêle et naive. L’accablement gagne le révérend et son aide, la mal embouchée Mrs. Clovis. Mais les apparences sont peut-être trompeuses !
John Allison change d’univers puisqu’il fait appel au surnaturel, mais ne change pas de ton. Son humour acide, ses situations plus folles les unes que les autres et son amour pour ses personnages ne se démentent pas. Des combats de falaises entre le révérend et les démons sortis tout droit d’un cartoon au clan de satanistes dont les membres sont assez grotesques, en passant par les promoteurs d’éoliennes dont l’inauguration tourne à la farce, tout concourt à faire surgir une immense sourire sur le visage du lecteur.
John Allison installe une véritable acidité dans les dialogues, toujours drôles et décalés. Mrs. Clovis et les satanistes remportent sans doute la palme dans ce domaine. La sèche aide du révérend sait toujours pointé de la repartie les points faibles des autres. Les satanistes affichent leur côté barré à travers leurs échanges hors normes.
L’auteur choie ses personnages. Le duo Billie – Maggie que tout oppose, au départ, gagne le cœur du lecteur. La candeur de la première se télescope joyeusement avec la froide lucidité de la seconde. L’une essaye d’être la meilleure possible, l’autre y a renoncé. Mais John Allison nous montre que rien n’est figé. Les personnages évoluent, pour le meilleur ou pour le pire. Billie se « libère » en étant influencé par un aspirateur envoûté, la revêche Mrs. Clovis se révèle en super-héroine en armure et Maggie retrouve le « droit » chemin auprès du révérend.
Si l’on imagine bien que John Allison a de quoi écrire encore de nombreuses épisodes, il parvient à clore correctement sa mini-série. Mais l’on sent que l’envie d’écrire une suite est bien là et on l’espère vivement.
Le scénariste est également dessinateur sur Steeple. Les amoureux de Giant Days seront bien évidemment surpris par le trait nettement plus indé et moins rond de John Allison. Si cela peut dérouter, on ne peut nier le caractère très expressif des dessins. Le choix des designs des personnages est tout sauf hasardeux : La candeur de Billie, ainsi que son côté « coincé » se traduisent par son physique sec, faisant peu de frais de toilette et ses vêtements assez classiques. La « liberté » incarnée par Maggie s’exprime par sa chevelure violette ondulée et ses tenues modernes. S’il déroute au début, le dessin de John Allison convainc finalement !