Scénariste ayant le don d’ubiquité, James Tynion rayonne sur le monde des comics avec pas moins de 4 séries en cours, que cela soit en mainstream ou en indé. Si le niveau de ses séries indés compense haut la main la faiblesse de son Batman, sa nouvelle proposition en compagnie de Martin Simmonds avait de quoi totalement intriguer. Nous sommes allés lire ce numéro inaugural de The Department of truth.
Difficile de résumer ce premier épisode à part en dire que le scénariste s’intéresse à la théorie du complot à travers diverses évènements suscitant ce type de réactions.
La proposition artistique du duo Tinion IV – Simmonds est clairement ambitieuse. En témoigne cette partie graphique écorchée qu’un Bill Scienkiewicz ne renierait pas. Ces peintures au trait fragile et aux couleurs tantôt sombres tantôt flamboyantes irradient les pages en installant une ambiance hallucinée et inquiétante. L’artiste sait aussi proposer une mise en page inventive, en étant aussi à l’aise sur des gros plans que sur des pleines pages. L’ambiance générale claustrophobe est remarquablement rendue mais Martin Simmonds réalise aussi un excellent travail sur une scène en plein air hivernale où les flocons tourbillonnent. Il est néanmoins évidemment que l’art de Martin Simmonds n’aura pas l’adhésion de nombreux lecteurs de par son caractère radical.
En termes d’histoire, difficile d’être encore totalement sûr de la direction que souhaite emprunter James Tynion IV. Son introduction est constituée de deux interrogatoires dont, notamment pour le second, le côté étouffant est travaillé au travers de dialogues efficaces. Le pendant de cette structure marquante est l’impression que l’ensemble est un poil bavard. On comprend que James Tynion IV va s’affranchir des faits réels pour, à son tour, raconter sa propre histoire. Et celle-ci nous intéresse. Le cliffhanger surprenant vient en rajouter un couche. On a hâte de voir ce que le scénariste va proposer par la suite.