Middlewest avait grandement séduit grâce à une partie graphique de toute beauté. La même équipe créative remet le couvert pour The me you love in the dark. Skottie Young emmène le lecteur dans des contrées sombres quand Jorge Corona et Jean-François Beaulieu lui en mettent plein les yeux !
Ro est un artiste peintre qui cherche une nouvelle inspiration. Elle décide alors de s’isoler dans une maison de campagne qu’elle loue, et ce, malgré les rumeurs qui circule à propos des fantômes qui la hantent.
Skottie Young part du postulat classique de l’artiste en manque d’inspiration pour en faire un récit efficace et bien exécuté mais qui, pour le moment, s’avère chiche en surprise. Ce premier épisode est une mise en place qui vaut surtout pour son personnage principal et son ambiance sombre et inquiétante. Soliloquant entre deux verres de vin et une toile immédiatement jetée aux orties, Ro entre doucement dans le cœur du lecteur.
L’univers s’installe, lui aussi, par petites touches grâce à la partie graphique de Jorge Corona et Jean-François Beaulieu. Comme sur Middlewest, les artistes semblent en totale symbiose. Le trait fin et sec du premier se mêle aux couleurs douces du second avec délice. Les décors dans leur parfaite ambiance de maison d’artiste où se côtoient toiles, chevalets, platine vinyle, vins, placard vides et poussiéreux, offrent une notion d’urgence vitale propre à l’art. Le charme délicatement négligé de Ro opère avec une facilité déconcertante. Cachée derrière ses lunettes bleutées, son angoisse de la toile blanche transparait.
La matérialisation fantomatique à travers ces vers blanchâtres dansant dans l’espace livre également une inquiétude efficace qui contraste visuellement avec les couleurs des planches que l’absence de bord de cases rend encore plus prégnantes. A l’instar d’un Jason Wordie ou d’une Jordie Bellaire, Jean-François Beaulieu est l’un des coloristes les plus enthousiasmants de ces dernières années ! Enfin, Nate Piekos, de son élégant lettrage ajoute sa touche à l’ambiance.
Ce premier épisode de The me you love in the dark est une mise en bouche qui, à défaut de proposer de réelles surprises, installe un univers engageant, sublimé par l’un des duos d’artistes les plus remarquables du moment : Jorge Corona et Jean-François Beaulieu.