Alors que la série Netflix semble rencontrer un succès certain, le tome 3 de Umbrella Academy débarque chez Delcourt assez rapidement après la VO. Gerard Way et Gabriel Ba ont construit un univers avec des individus aux super pouvoirs assez déjanté, survitaminé mais parfois brouillon. Les deux premiers tomes étaient plutôt agréables malgré quelques défauts et donnaient envie d’aller rapidement récupérer ce nouveau volume.
Il est difficile de résumer cette troisième aventure tant le scénario de Gerard Way est éclaté et confus. On retrouve chaque « enfant » de Reginald Hargreeves dans des segments relativement courts du récit qui, même s’ils vont se rejoindre aux deux tiers de l’histoire, sont de prime abord peu clairs et trop longtemps confus. Du mystère peut tenir en haleine le lecteur mais quand la confusion et l’incompréhension perdure, son attention et son intérêt s’estompent. Même si commencer une série par tome 3 n’est pas l’idée du siècle, Gerard Way ne fait rien pour accueillir le nouveau lecteur et pas beaucoup plus pour remettre en selle le lecteur au fait de son univers. Les séquences disparates s’enchaînent rapidement ne permettant pas d’installer une cohérence à l’ensemble. L’histoire racontée n’est finalement pas très intéressante et n’implique jamais réellement le lecteur.
Malgré tout, les personnages regorgent d’originalité comme cet homme à tête de caméra. Leurs personnalités sont pleines d’aspérités, ce qui aurait pu les rendre psychologiquement intéressants mais Gerard Way privilégie son rythme trépidant, prenant parfois des raccourcis un peu gênants. Finalement, le traitement des personnages et l’émotion sont globalement absents du récit.
Gerard Way termine son histoire sur un cliffhanger qui appelle une suite mais qui n’est, là aussi, guère emballant.
Son complice Gabriel Ba impose son style explosif et anguleux pour rendre une partition dynamique et sauvage. Son découpage et sa mise en page sont fluides et efficaces mais certains cases sont, à l’image du scénario, assez brouillonnes, manquant de lisibilité. C’est dommage tant ce style convient bien à l’univers décalé de Gerard Way.
Côté édition, Delcourt propose des bonus intéressants, quelques croquis et explications des auteurs. On regrettera une inversion de bulles dès la deuxième page, ce qui ne convainc pas le lecteur de la clarté du récit…