Ce deuxième volume de Vietnam Journal voit toujours Don Lomax, vétéran de la guerre du Vietnam, décrire l’enfer des combats à travers le regard de Scott « Journal » Neithammer, reporter de guerre. Le format est toujours le même avec des récits d’une quarantaine de pages qui racontent un événement en particulier et se focalisent sur un aspect de la guerre.
Le premier volume avait marqué par son réalisme cru et la force de ses dessins. Ce deuxième tome accentue encore ces caractéristiques. La cruauté et le folie qui gagnent certains soldats qui ont basculé sont l’occasion de scènes particulièrement dures et violentes. L’aveuglement, qui désormais s’est emparé d’eux, soumis aux décisions absurdes des supérieurs planqués et à l’horreur des combats, leur fait perdre toute humanité. Se soulager de toute cette haine amène les soldats à procéder à des lynchages et à des exécutions sommaires, presque par jeu. Certaines séquences sont rudes à lire.
Scott Neithammer lui-même bascule, devant achever à coups de pelle un Viêt-Cong pour sauver sa peau. Blessé à la tête, il est victime de migraines aveuglantes. Son passage par l’hôpital de campagne nous fait réaliser le cas de conscience des médecins obligés de trier les blessés. Neithammer perd la mémoire et le discernement. Il est victime de visions qui le hantent. Les scènes vécues ne le lâchent pas. Sans doute comme les vétérans auxquels Lomax consacre une partie de ce volume, vus plus comme des assassins que comme des héros dans une Amérique plus que jamais divisée.
Le dessin de Don Lomax conserve son haut degré de réalisme ce qui provoque un vrai malaise dans certaines situations. La gravité des blessures, le souffle des explosions, la folie dans les regards sont palpables. L’artiste réalise des décors très précis, des véhicules – chars, hélicoptères, … – au rendu impressionnant. Ses personnages sont également très musculeux et marqués mais certains visages un peu exagérés pourraient dérouter. Malgré ce petit détail, la partie graphique participe au choc que représente Vietnam Journal !
Ce deuxième volume se clôt sur un court récit où Neithammer raconte à sa fille ce qu’a été la guerre de Corée pour lui, jeune homme « puceau et terrorisé » . Un épilogue touchant et dur qui démontre encore une fois l’absurdité de la guerre.
Ce deuxième volume de Vietnam Journal marque encore davantage que le premier. Un témoignage d’une rare âpreté ! Indispensable !