Le premier volume fut un énorme coup de coeur ! Par son éblouissante et inventive partie graphique et son émotion guidée par son jeune duo, We Live nous a conquis ! L’impatience à l’idée de tenir entre nos mains cette suite était immense !
Voici ce deuxième volume, toujours présenté dans une superbe édition par 404 Comics ! Les auteurs imaginent un saut dans le temps de 6 ans où le lecteur retrouve le monde dans un état apocalyptique où la survie est le maitre mot et la lutte est menée par les Palladions, ces humains qui se sont vus dotés de pouvoirs à la fin du premier volume.
Dès les premières pages du double épisode introductif (Black #1, White #1), l’on retrouve l’univers graphique et la dimension émotionnelle qui nous a touchés fortement précédemment. Les bases de l’apocalypse en cours sont exposées avec puissance et le contexte super héroïque s’impose naturellement. Fonctionnant comme un miroir avec deux visions différentes des évènements, les deux épisodes enclenchent parfaitement la machine, générant leur lot de scènes fortes.
L’histoire censée alors se lancer ne décolle malheureusement jamais vraiment. Les auteurs enchainent les scènes qui étoffent leur univers – certaines, énigmatiques, laissées sans suite dans ce volume, ce qui atténue leur force – à travers plusieurs trames qui dispersent le récit sans lui offrir une densité narrative principale suffisante et satisfaisante. On aurait préféré un univers qui en garde sous le pied en échange d’une trame principale plus épaisse.
Les frères Miranda ont un talent incontestable pour écrire des scènes marquantes. C’est une nouvelle fois le cas avec des moments forts où sont mis en scènes Tala et Hototo, notamment. Mais il manque des scènes de respiration où se développent les personnages, notamment les seconds couteaux. Les auteurs semblent un peu prisonniers de leur foisonnante imagination, amenant à ce la somme des parties soit moins forte que certaines d’entre elles.
Les six épisodes qui forment ce deuxième arc sont encadrés d’une postface et de remerciements qui éclairent les qualités et défauts de ce deuxième volume. La volonté d’aller où les lecteurs ne les attendent pas et le drame de la pandémie qui a touché de façon très proche les frères Miranda ont influé fortement sur le comic qui se trouve entre les mains du lecteur. Des textes importants qui n’atténuent pas toutefois l’impression mitigée.
Ce qui demeure aussi éblouissant dans les deux volumes est la partie graphique d’Inaki Miranda et Eva de la Cruz ! Le dessinateur fait toujours preuve d’une inventivité folle en termes de création d’univers. Ses décors, designs et environnements construisent un univers original et riche. N’hésitant à agrémenter ses scènes d’action de quelques gouttes horrifiques, il entraine ses personnages dans des séquences au storytelling très dynamique. La coloriste espagnole use, de son côté, de ses teintes chaleureuses d’où jaillissent des éclats vifs. Mais le duo est particulièrement remarquable dans sa capacité à créer des ambiances, aussi bien dans l’émotion blanche d’un cimetière enneigé que dans l’angoissante profondeur des abysses. Un nouveau régal graphique pour ce deuxième tome !
S’il n’est pas aussi marquant et convaincant que le premier volume, faute d’une trame narrative principale trop peu dense et d’une dispersion, ce deuxième tome de l’univers des frères Miranda possède toujours une dimension émotionnelle forte. Porté par une partie graphique à l’éblouissement intact, il formera sans doute un maillon important dans l’édification de la saga We Live mais il ne transporte pas autant qu’on l’espérait !