Voici une mini-série qui faillit bien passer sous le radar ! Dire que cela aurait été une monumentale erreur est un euphémisme tant les sentiments qui parcourent le lecteur à la fermeture de l’épisode #5 sont multiples et forts !
Eve est scénarisée par le romancier Victor LaValle, dessinée par Jo Mi-Gyeong, colorisée par Britanny Peer et publiée chez Boom!studios.
Dans un monde futuriste, Eve et son père vivent en parfaitement harmonie avec la nature sur une Terre qui semble être devenu un vrai paradis. Mais la réalité est toute autre et ce qui attend Eve est loin d’être de tout repos.
Un angle original et intelligent
Eve est une mini-série d’anticipation post-apocalyptique dans laquelle les humains ont, pour leur plus grande part, été éradiqués et la Terre est à l’état de désastre écologique. Un pitch classique que Victor LaValle rend passionnant en s’en emparant avec un angle original, intelligent et d’une grande fraicheur.
Eve #3
Eve, un personnage vivifiant et enthousiasmant
Cœur du récit, Eve est une petite fille dont le caractère mêle belle candeur, courage incroyable et bonté naturelle. Aidé d’un androïde teddy bear que lui a fabriqué son père à l’apparence de son propre ours en peluche, Eve va devoir s’habituer à ce monde dévasté et découvrir le rôle qu’elle va jouer dans cette aventure. Difficile de ne pas s’attacher à cette fillette pleine de vie et de ressources. A travers elle, le lecteur passe par toutes les émotions. Dans un mix d’humeurs, le parcours d’Eve s’avère toujours surprenant et emballant.
Un récit surprenant, en forme de quête initiatique
Le récit de Victor LaValle réserve sans cesse des surprises, étoffant régulièrement l’intrigue de base. Son aventure file au travers de lieux insolites, les personnages ont une évolution souvent ambiguë qui amène le lecteur à se poser des questions et à s’investir dans l’histoire. Ces épreuves font également office de quête initiatique pour Eve qui va découvrir sa personnalité, ses forces et ses faiblesses. L’ensemble est réalisé avec une grande justesse, trouvant un équilibre parfait entre légèreté et gravité.
L’une des trouvailles les plus géniales de la série est Wexler, l’androïde ours en peluche. Par son attitude protectrice et motivante pour Eve, son évolution sinueuse et son design ébouriffant, Wexler est un personnage marquant et des plus originaux.
Le thème principal qu’aborde Victor LaValle dans Eve est le désastre écologie qui fait écho aux inquiétudes actuelles. Sans en faire trop, le scénariste tord les idées avec bon sens et fait mouche. Il traite également de l’héritage que les adultes laissent à leurs enfants avec toutes les conséquences néfastes qui l’accompagne. L’auteur nous dit que la solution passe par les enfants et les générations futures.
Une partie graphique à tomber !
Jo Mi-Gyeong et Britanny Peer réalisent une partie graphique époustouflante qui semble en symbiose totale avec le ton et l’ambiance de la série. Le trait rond et doux du dessinateur fait merveille, semblant cajoler ses personnages. Les décors, mélange de futur et d’ancien, immergent totalement dans cet univers dévasté. Les designs technologiques, en particulier celui, génial, de Wexler, sont particulièrement efficaces. Et que dire de ces couleurs tellement belles ! Irréels, ces tons chaleureux provoquent une sensation de planète à l’agonie tout en conservant cet espoir qui caractérise la série.
Et si la fin est la lueur d’optimisme attendue, elle n’en est pas moins celle qui était espérée par le lecteur, revigoré par le message transmis par Victor LaValle qui, dans un contexte des plus sombres, sait faire jaillir cet espoir nécessaire et vital !
Fable écologique, humaine et sensible, Eve est tout simplement un bijou !