Fantastic Four tome 1 : Fourever (VF-Panini Comics)

Fantastic Four tome 1 : Fourever
Scénario
Dan Slott
Dessin
Sara Pichelli, Simone Bianchi, Skottie Young, Nico Leon, Stefano Caselli
Prix
10€
La note de ComicStories
4.5

Et justement, ce moment tant attendu est enfin arrivé. Panini sait nous faire espérer. Secret Wars #9, nous sommes plus de 3 années après, il est temps de retrouver la plus belle des équations, 2+2=4. Ou 10. Dan Slott, 10 ans en compagnie de Peter Parker dans tous les états, n’a pas troqué au rabais. L’Equipe lui revient. Celle avec laquelle tout a commencé. C’est embêtant, comme relance plus ou moins immédiate à ce que nous connaissons maintenant comme All-New All-Different Marvel, Fantastic Four par Dan Slott allumerait tous les feux. Ici, nous parlons d’une alouf, d’un fuyant scintillement éteint, pas mieux. 

Fantastic Four #1, celui qui ouvre évidemment le volume est un bon numéro. Slott prolonge le déchirement du papier à nos doigts, comme un cadeau connu mais encore invisible. Deuil, espérance, illusion, des sensations, des ressentis qui s’extraient des pages résonnantes, c’est bien vrai, les 4 Fantastiques nous manquent. Le chagrin sèche ses larmes, ils nous ont fait attendre, mais c’est terminé.

L’éboulement sismique bondit de suite, et s’intensifie pages après pages, numéros après numéros. Fantastic Four #1 est ce que vous lirez de mieux. La suite s’écroule, s’embrase, se délite, se clarifie dès le second numéro attaché aux explications du Retour. La Future Fondation vadrouille épanouie à bâtir des univers des mains de Powerhouse, Franklin Richards, grandi de 5 années, ainsi que des molécules échappées d’Owen Reece. D’ailleurs, le vieillissement physique des enfants Richards est l’un des détails appréciés du Retour. Aussitôt, des circonstances tiquent : La série Ultimates par Al Ewing. Elle aussi apportait des éclats étoilés quant aux murs extérieurs de l’univers, à ces cosmos noirs, au-delà du réel, dans lesquels les débris organiques, titanesques et autres s’étaient réfugiés en 2016. Cette série avait su s’expliquer, expliciter sans démontrer, exploiter le verso de la feuille. Fantastic Four ne s’en préoccupe même pas. 3 ans après, ils s’amusent toujours à jeter des univers je ne sais où, dans je ne sais quel but. Entre des soirées tacos (ce n’est pas de moi, c’est extrait directement des lignes de Dan Slott). Puis, si par univers vous pensiez à l’ensemble de tout ce qui existe, régi par un certain nombre de lois, vous vous trompez. Les univers selon Slott se ramassent en rudiments de planètes, sur lesquelles nous n’explorons qu’une case, sur lesquelles nous n’apercevons que des spécimens anthropomorphes, bipèdes,  à 4 membres. Exception de tritons et d’humanoïdes ailés. 
Enfin, Fantastic Four #2 se termine, Entropie émerge du miroir, les fantastiques sont réunis.  

Fantastic Four #3, ou ceux qui l’ont été ! Slott compte sur la réunion amicale à plusieurs, pour le plaisir de gagner, plus que sur l’intimité. L’orientation est personnelle, mais je ne la partage pas. Soit, ceux qui ont exhibé un F sur leur poitrail sont conviés, mais pas les autres, c’est l’entropie en face, mais l’entropie linéaire, simplifions l’équation. Un à-côté cependant, Ghost Rider n’est-il pas prisonnier des Enfers, une couronne sur le front ? Un à-côté cependant. Comme (très) souvent, la conviction de nous imposer le nouveau vilain frais comme le patron suivant à vaincre s’abîme. Entropie doit avaler la désorganisation, très locale, de Franklin. L’ombre de la fin, sur l’éclatante vie installée, c’est sa seule définition : l’inévitable point final de tout ce qui est et sera. Ainsi, les retrouvés se retrouvent donc, à part, à côté, pendant que le combat se joue. Certains tournent même le dos au concept thermique lui même, explicite sur une case. Ou bien une autre planche, sur laquelle Entropie soumet Franklin, Susan n’a qu’à se jeter dans la mêlée pour le libérer, simplement. Ou bien, ce règlement à l’amiable, entre celle qui est la fin de ce qui est et sera, et les gentils fringants. D’ailleurs, ce Fantastic Four #3 s’ouvre sur les clameurs toujours de Susan, défaite devant Entropie, elle est l’incarnation vivante de la destruction, notre multivers n’a jamais affronté pire menace.  Pour marquer, un comicbook se devrait de faire plus que le numéro précédent, que l’événement précédent, alors que celui-ci était l’anéantissement même du multivers, mais avéré, mené jusqu’au bout par Jonathan Hickman, ses collisions, puis Fatalis. Fantastic Four se vautre. Un comicbook n’a pas à se vouloir crédible, mais en brisant ses propres règles du contrat vilain – héros, Fantastic Four s’effondre. Les héros ne sont pas des grands vainqueurs, le concept comme ennemi n’est qu’une brindille masquée, qui bêle en continu sa propre définition. Dan Slott est affreusement superficiel. L’épilogue, ce numéro #4, n’a pas plus d’impact narratif. Les personnages sont enfin chez eux, sans accueil, sans personne.

Dans bande-dessinée, dessiné a forcément son mot à dire. Sara Pichelli s’applique, sur quelques morceaux, puis rend les crayons, régulièrement. Fantastic Four est inconsistant à l’écrit comme pour les yeux. Et ce ne sont pas les artistes intérimaires qui préservent la série. 

Fantastic Four (2019) n’est pas une mauvaise série, mais est assurément imparfaite. Dan Slott banalise le fantastique, lui, et ses personnages. Comme Tony Stark : Iron Man. Fantastic Four est encagé derrière des barreaux solides. De ceux qui entravent l’inspiration, l’essor, l’envol. Fantastic Four est immédiatement envoyée dans la file d’attente, avec toutes les autres. Des séries qui promettent toujours plus que les précédentes, et des manants sans manière. Fantastic Four est de celles-ci. La superficialité limite toute dramaturgie, qui se repose sur un drap léthargique, étendu, immaculé ; Sans aspérité, sans enjeu, sans vilain. Sans. 

4.5
Déception
On aime
Les personnages JEUNES vieillissent
Fantastic Four #1
Sara Pichelli, parfois
10€, imbattable
On aime moins
Ultimates ?
3 ans, rien n'a changé
Indulgent, Incomplet, Inconsistant
Sara Pichelli, parfois
Maquette qui change, encore