Absolute Carnage #1 (VF-Panini Comics)

Vous vous souvenez ? « C’est terminé, le kiosque mensuel est terminé, j’arrête là ». Nous étions plusieurs à battre la mesure. Cependant les diagrammes d’Hickman m’ont déjà rappelé. Puis, Juillet 2020, je suis en boutique. Les mensuels Panini plastronnent leurs plus beaux blasons d’or (8.90€, ça ne change pas) : Avengers #5, King Thor, le chant du bouc de Jason Aaron ; la suite des courbes et des symboles mutants ; Absolute Carnage #1, Donny Cates, Ryan Stegman et une couverture brillante !  3 achats et une promesse ensevelie. Le paiement est assommant mais la lecture étourdissante. 

Carnage est là. Il rampait depuis plusieurs temps, disséminé, aperçu là-bas dans Web of Venom. Tous ces numéros ont servi à ça, le ramener insidieusement. Donc Absolute Carnage n’a plus rien d’une rumeur putride : Carnage est là. Pourquoi sortir du trou ? Tout est limpide, tout est raconté par l’auteur. Donny Cates récupère toute son encyclopédie et ajoute le prochain chapitre. Knull, le Grendel, Carnage, Eddie Brock, Peter Parker, Miles Morales, Mac Gargan, Norman Osborn auront tous un rôle dans ce théâtre carmin. L’auteur en profite pour allumer d’autres pièces, d’autres cellules ajoutant alors plus de matière à sa bible Klyntar. Ce premier numéro se sert et sert de nouveau. Il ne se contente pas d’utiliser, il ajoute, accompagne et enrichit ses propres écrits. Absolute Carnage doit être lu après ces quelques numéros de Venom, et les numéros suivants devront être lus après Absolute Carnage. C’est en continuité parfaite. Donny Cates s’autorise un Peter Parker trentenaire réel comme un Miles Morales adolescent déterminé et sûr de son héritage. Il s’autorise l’effroi pénitentiaire et  un vilain monstrueux. Absolute Carnage #1 ne souffre d’aucune imperfection écrite (même l’alternance des tons surclasse toute la production habituelle trop souvent perdue sur une scène comique, Cates sait détendre puis crisper son histoire). Une anomalie dessinée alors ? Ryan Stegman est encore meilleur. L’artiste concrétise son don éblouissant. Absolute Carnage #1 (donc les deux premiers numéros américains) est céleste. La maturité de Spider-Man se ressent, les jeux sur l’expressivité du masque du héros aussi. Carnage effraie surtout dans ce long couloir pénitentiaire (vous l’aurez compris, il se passe quelque chose dans les cellules, sensationnel) ; l’urgence coule des coups de pinceaux.

Pourtant, Absolute Carnage #1 résiste à la perfection unanime. Marvel Comics, Donny Cates et Ryan Stegman sont exemplaires. Il faudra se tourner vers Panini Comics pour trouver le coupable.  L’éditeur fait le choix imprudent de publier le dernier prologue de l’évènement dans Venom, alors que le mensuel dédié est sorti. Le numéro US Free Comic Book Day 2019 vous demandera d’acheter le mensuel Venom. Absolute Carnage n’est pas restreint au mensuel éponyme. Cependant, Venom est écrit par Donny Cates. L’auteur ricoche entre ses deux séries, le mensuel Venom pourrait s’avérer nécessaire durant ces 3 mois. Puis, le chapitrage selon Panini Comics n’est toujours pas impeccable. Enfin, Absolute Carnage demande 8.90€, comme le complément Venom. Les mutants de Hickman demandent 8.90€. L’ultime coup de tonnerre de Jason Aaron demande 8.90€. Les tarifs sont très élevés.  Absolute Carnage est défaillant en tant qu’objet de papier ; Absolute Carnage est parfait en tant qu’œuvre de papier.

Absolute Carnage figure l’évènement récent chez Marvel. La mini est la convergence d’une seule série, Venom. Ce n’est l’event que d’une série. Cette nouvelle mode de la célébration plus intime, limitée à une série, ou une bulle (mutante, vengeresse …), serait-elle la nouvelle norme de l’éditeur ? (Absolute Carnage, Iron Man 2020, Sword of X). Le lecteur devra s’en satisfaire, pour le mieux. Pas de numéros complémentaires stériles, plus de réunion de tout un univers parfois désintéressé. Lisez-vous Venom ? Vous avez votre gourmandise symbiotique. Autrement, vous n’êtes pas laissés sur le bas-côté le temps d’un event épais. Absolute Carnage réussit tout. La série est bien ce festival déchainé attendu, la série est aussi la convocation de toute une histoire pour en proposer une meilleure.

Absolute Carnage se mérite et se paie surtout. Mais ce premier numéro est parfait une fois votre cagnotte abrégée. Les mots sont parfaits. Les dessins sont parfaits. Parfait. 

9
On aime
Généreux
Somptueux
Intense
Glaçant par moment
Donny Cates va chercher Venom : First Host
On aime moins
Le prix
US Free Comic Book Day 2019 n'est pas dans ce mensuel