Difficile de trouver son bonheur de lecteur dans les récentes production Marvel ou DC ! Alors lorsque des échos positifs à propos d’une série arrivent d’outre atlantique, on est tenté d’aller voir avec en tête le plaisir que peut représenter la lecture d’une série de super héros. Black Widow de Kelly Thompson et Elena Casagrande entrait dans cette catégorie des séries à surveiller et on ne regrette pas d’y être allé !
L’existence de Natasha Romanoff semble avoir basculé. Désormais, elle vit paisiblement une vie de famille heureuse, bien loin de ses aventures passées. Mais cette nouvelle donne ne cache-t-elle pas quelque chose ?
Kelly Thompson récupère le personnage de Natasha Romanoff avec son passé et son histoire mais pose les bases d’un nouveau contexte qui s’oppose à ce qu’a été Black Widow depuis sa création. Dès la moitié du premier épisode, cette nouvelle donne est mise en place, intrigue et happe le lecteur. L’opposition entre une Natasha, femme heureuse dans sa vie, et les doutes qui l’assaillent par moment lorsque Black Widow ressurgit de façon inattendue, révélant des fragilités et des émotions qui gagnent le lecteur, fonctionne particulièrement bien.
Kelly Thompson développe la caractérisation de Natasha Romanoff avec une belle profondeur, par petites touches, parvenant à mixer l’héroïne et la femme avec subtilité. L’autrice s’appuie parfaitement sur ses relations passées avec Clint Barton ou Bucky Barnes. Le lecteur s’attache sans difficultés à la jolie rousse et s’inquiète pour elle et ses proches.
Le scénario concocté par Kelly Thompson réserve quelques surprises dans son déroulé ajoutant une forte dramaturgie. L’autrice écrit de façon intéressante les personnages secondaires que sont Clint Barton et Bucky Barnes, injectant un humour très second degré réjouissant dans leur concurrence vis à vis de Natasha.
On pourra regretter, par contre, que les vilains qui élaborent un plan ambitieux et demandant une certaine inventivité et une logistique non négligeable, se montrent si bêtas au moment d’achever leur projet. Même si Natasha et ses alliés sont redoutables, on trouve ces ennemis finalement bien peu coriaces.
Cette nouvelle mouture de Black Widow bénéficie d’une partie graphique de très haut niveau réalisée par Elena Casagrande et Jordie Bellaire. Le trait fin très régulier de l’artiste italienne se met en scène dans une mise en page d’une constante et géniale inventivité ! Les découpages se font virevoltants, variés et malins sans jamais sacrifier le rythme et la lisibilité des séquences. Plusieurs double-pages où se découpe l’action sont particulièrement efficaces et agréables à l’œil ! La dessinatrice sait aussi jouer sur les émotions et les expressions des personnages avec un soin apporté aux regards des personnages. Viennent s’ajouter les sublimes couleurs de Jordie Belaire dont on ne vantera jamais assez les qualités. Lumineuses lors des scènes de jour, ses couleurs permettent de mettre en valeur le dessin d’Elena Casagrande lors des séquences nocturnes ou en intérieur. Jamais elles n’étouffent le dynamisme des planches. De leur côté, Carlos Gomez et Rafael De Latorre viennent s’offrir une petite balade de quelques pages dans le passé tout à fait appréciable. Une grande partie graphique !
Porté par une partie graphique sublime et inventive réalisée par Elena Casagrande et Jordie Belaire, cette nouvelle série Black Widow concoctée par Kelly Thompson offre une nouvelle dimension à Natasha Romanoff tout en étant très divertissante !