Marvel a proposé au mois décembre, 5 one-shots autour des membres originaux des Defenders : Hulk, Namor, Doctor Strange et le Silver Surfer.
Dans cette aventure, chaque membre a droit à son épisode et l’ensemble se conclut dans un épisode final réunissant les quatre héros à fortes personnalités ! Fort de son exceptionnel Immortal Hulk, Al Ewing se voit chargé de l’épisode consacré au Colosse de Jade et de l’ultime épisode. Chip Zdarsky, Jason Latour et Gerry Duggan viennent lui prêter main forte aux scénarios. Simone Di Meo, Carlos Magno, Jason Latour, Greg Smallwood et Joe Bennett assurent la partie graphique.
Les quatre épisodes préliminaires sont censés placer les pièces du puzzle avant l’assemblage final. Dans ce domaine, Al Ewing et son Hulk remporte la palme avec un récit mystérieux et aux idées graphiques intéressantes. Egaré dans le désert du Nouveau Mexique, Banner atterrit dans un village fantôme où il fait la découverte d’un étrange squelette portant autour du cou l’Œil d’Agamotto. Ewing maitrise bien la caractérisation de Banner et de son alter ego et sait instiller une ambiance angoissante à son intrigue. Simone Di Meo de son trait sec et précis traduit cette sensation et intègre des cases provenant des épisodes historiques du Hulk de Lee et Kirby, toujours pour servir la narration. C’est efficace et malin. Un one-shot qui remplit parfaitement son rôle de première pierre à l’édifice.
Le Namor de Zdarsky a ses qualités avec une intrigue solide et des dessins fouillés ainsi qu’une belle colorisation. Le scénariste a bien saisi la personnalité de Namor : ni vilain, ni héros. Un souverain qui assume ses décisions quitte à faire preuve parfois d’arrogance. Namor souhaite réunir sous sa gouvernance Atlantes et Vodani, une autre race d’individus sous-marins. Les dessins de Magno sont inventifs et beaux. Les designs sont bien travaillés. Le récit manque par contre un peu de rythme. L’univers abordé est radicalement différent de celui de l’épisode précédent et l’on se demande à la fin de la lecture, quel lien il peut y avoir entre eux.
Le Doctor Strange de Duggan et Smallwood vient ensuite. C’est le plus étrange des épisodes mais pas le plus mauvais. Les auteurs proposent une belle ambiance mystique sublimée par la patte du dessinateur pour une histoire qui fait le lien avec le premier épisode de Ewing. Strange se retrouve sur la Terre telle qu’elle sera dans plusieurs années, après la collision avec un certain « train » cosmique et se confronte à Dordamu. Magique, philosophique et finalement assez épique, cette troisième histoire est réussie.
Le Silver Surfer entièrement réalisé par Jason Latour est le maillon faible de l’ensemble, et de loin. Histoire confuse, sans rythme et à la partie graphique franchement inadaptée au personnage, la lecture n’est pas plaisante. Bien que certaines scènes cosmiques bénéficient d’une certaine puissance, le style de Latour si convaincant sur Southern Bastards, ne convient pas ici. Le Silver Surfer se voit confié par Galactus la tache de récupérer une machine mystérieuse possédée par un jeune garçon sur une planète éloignée, ainsi que de découvrir le « train » cosmique. Un épisode oubliable, sans idée directrice claire et même s’il approfondit l’idée du train, élément important de l’épisode final, il est finalement dispensable.
A la fin de la lecture des quatre épisodes, on se pose clairement la question de ce que va bien pouvoir produire Al Ewing dans l’ultime épisode. La surprise est totale avec une aventure cosmique assez débridée. Les quatre héros doivent empêcher un vilain qui maitrise le fameux train cosmique de détruire la Terre. Le scénariste sait faire monter la sauce autour d’une intrigue dense et rythmée. Chacun des quatre héros, dont Ewing maitrise bien la caractérisation, trouve sa place dans ce récit. C’est enlevé et intègre de nombreux éléments des 4 one-shots précédents. La partie graphique de Joe Bennett est excellente. Le dynamisme des scènes d’action et l’ambiance cosmique sont bien rendues par une mise en page travaillée et un niveau de détail conséquent.
Au sortir de la lecture de cette série de one-shots, un plaisir certain est apparu. Si l’on excepte le Silver Surfer de Latour, l’ensemble est de très bonne qualité, aussi bien scénaristique que graphique. Un vrai bon moment de lecture. La seule interrogation qui demeure est l’objectif de Marvel avec cette production puisqu’aucune série régulière Defenders n’est annoncée. Strange et Hulk retournent dans leurs séries régulières, Namor se retrouve avec les Invaders et le Surfer intègre les Guardians of the Galaxy. On se contentera du plaisir procuré.