Doctor Strange Damnation I & II

Doctor Strange Damnation I & II
Scénario
Nick Spencer, Donny Cates
Dessins
Rod Reis, Szymon Kudranski, Phil Noto, Niko Henrichon, Frazer Irving
Prix
18€ (I) 16€ (II)
La note de ComicStories
6

Nous sommes tous embringués dans les alternatives du temps, nos places de cinéma en main. N’oublions pas d’où nous venons, du papier. Captain America déchaîne la foudre ? Je vous parle d’un récit où Doctor Strange recompose Las Vegas après sa vitrification, où Mephisto ouvre les portes de son Hotel Inferno, et où les Vengeurs s’immolent en Ghost Rider agressifs. Alors, étonnés ? 

Secret Empire #1, Captain Hydra fait un exemple. Las Vegas est pulvérisé. Les Champions s’affairent à sauver ce qui peut l’être. Puis plus rien. La ville des jeux est la victime de ceux du régent à l’étoile de fer. Damnation émerge des cendres des jetons, sur une idée appropriée : Las Vegas est détruite sur une page, Damnation utilise cette même page pour nous raconter la suite. Damnation fond l’idée du métissage des séries, le cross-over, comme explicitation, comme une charpente de plus. Vous me répondez immédiatement : Pourquoi maintenant, des mois après ? Vous avez raison. Damnation n’est plus aussi pertinent, suffisant pour se priver d’une vadrouille grillée, je ne pense pas. Damnation n’appelle que les lecteurs pointilleux, ceux qui ont lu Secret Empire, et ceux qui souhaitent fureter. Ou ceux qui se repaissent de la moindre tentation diabolique de Donny Cates, véritable braise de l’éditeur. Damnation, Docteur Strange et Donny Cates, trois mots, trois péchés capitaux, La Gourmandise, l’Envie, la Luxure. 

Les ruses des Enfers sont simples, Mephisto se joue de tous, perverti les Vengeurs, emprisonne les âmes des mortels. Pour les libérer, Wong, fidèle maître de sanctuaire, récidive à plusieurs. Docteur Strange doit être sauvé, du Diable et de lui même. La philosophie comportementale de Stephen Strange est au centre de toutes les attentions depuis la reprise du personnage par Jason Aaron, nous sommes dans sa continuité directe, pas de changement à prévoir. Donny Cates et Nick Spencer sur la mini-série Damnation sont là pour des grillades. L’humeur de Strange est au centre, un personnage sûr de lui, suriné par le coût magique de ses actions. Une âme pour une âme. Les deux auteurs écrivent un mélange infernal, ne se désintéressent pas du personnage et ne se concentrent que sur la profusion d’un plaisir réel. 

Damnation est au service de la lumière explicative, nous savons maintenant ce qu’il en est de Las Vegas, mais alimente surtout le chaudron du Sorcier, ce sont des pages pour lui. Les auteurs évoquent l’année difficile, l’Empirikul, l’aspiration de la Magie et plus récemment Loki, Sentry, Bats et au dessus de tous ces moments lus, le passage en caisse inaltérable après chaque utilisation d’un sortilège, idée brillante des auteurs précédents. Damnation n’est pas perméable. Il faut les manuels pour suivre au mieux. Le volume I s’autorise quelques bifurcations cavalières, forcément, celui-ci regroupe la mini-série générale. Le volume II, la suite de la série Doctor Strange, par Donny Cates, s’affaire à l’affinage, à préciser les raccourcis du précédent tome. La lecture est complète. Dans le premier, une suite aux Enfers nous attend, dans le second, évidemment plus personnel, certains morceaux brisés sont ramassés, dans les rêves et les incantations. 

A l’écrit, Damnation s’assure une cohérence remarquée, Spencer et Cates ne dévient pas de la ligne d’Aaron. Aux crayons, l’assemblage justifie les permutations. Rod Reis, Szymon Kudranski, Phil Noto, Frazer Irving, Niko Henrichon (la surprenante découverte de cette maxi lecture), des noms alternent. L’impact visuel est perdu au profit de la diversité. Tous lèvent la main avec fermeté. Damnation est réussi visuellement. Chacun y trouve son compte. 

La pulvérisation peut être l’initiatrice d’une idée, d’une restauration. Damnation est la preuve à tous les étages. La mini-série est établie comme un détail explicatif, un berlingot de la minutie, pour ceux qui en veulent plus. Pour ceux qui en voulaient plus. Damnation est en retard. Le retard souvent éliminatoire n’est pas une constante non plus. Damnation se revanche en sautillant au travers de 7 cercles, fier de ses atouts, et sans la prétention de nous endiabler. 

Damnation se conclut proprement dans Damnation III, et je suis rattrapé par mon cortex rationnel, Iron Fist & Scarlet Spider à 18€, l’enfer est pavé de bonnes intentions mais sur terre nous préférons le bon simplement. 

6
Recommandé
On aime
Un approfondissement
Stephen Strange, délicieusement haïssable
Solidité visuelle diverse et franche
On aime moins
Pour les plus pointilleux
Damnation déboule trop tard
Inégalité visuelle immédiate
18€, 16€, (et 18€ de plus) c'est coûteux