Oui, et là… c’est le drame, vous l’avez compris. Urban Comics a dévoilé ce vendredi ses plans pour le lancement de l’évènement DC Rebirth en France, et a peut-être commis la première grosse erreur de sa jeune histoire. En tout cas, les décisions prises m’ont tellement fait bondir que j’en suis venu à vouloir écrire le premier édito sur ComicStories (il y en aura sans doute d’autres par la suite). Mais avant de vous expliquer en quoi Urban se trompe lourdement SELON MOI (et j’insiste sur ce fait) (et en quoi ils font bien les choses, parce que tout n’est pas à jeter non plus), je vous renvoie vers le contenu de l’annonce sur le site de l’éditeur, contenu auquel je vais réagir dans l’ordre des paragraphes, en en reprenant les titres, pour structurer un minimum mon propos: http://www.urban-comics.com/dc-rebirth-arrive-en-france/
« 1 an après ? Mais c’est super long ! »
Oui, un an après, C’EST super long, quoi qu’en dise l’éditeur de DC en France. DC Rebirth a été lancé en mai 2016 aux USA et fera ses débuts en France un an plus tard, en mai 2017. Ce décalage, s’il permet à Urban de prendre le temps d’anticiper sa programmation (ce qui peut être utile quand on voit à quel point l’éditeur concurrent navigue à l’aveugle et perd toute cohérence avec un délai très court entre VO et VF), est trop important à l’heure où tous les évènements sont divulgués sur internet. Quelle surprise restera-t-il aux lecteurs VF s’ils « découvrent » un an après tout le monde que X est de retour, que Y est mort, ou que Z ne l’était pas? Un an de décalage, c’est TRÈS long, et pourrait fortement pénaliser les ventes de l’éditeur, car les méchants pirates, eux, proposent des fichiers traduits en VF au cul du camion, quelques jours/semaines seulement après la VO. Et quant i-Télé CNews dévoilera un évènement important pour faire le buzz, il y a de fortes chances que le lecteur français fasse vite le calcul et se tourne au mieux vers la VO de manière légale (ce qui est mon cas et risque de le rester), au pire vers Tipiak.
« Un… quoi ? »
Certains crient au scandale du relaunch, et du lancement de nouveaux magazines, avec un nouveau #1, un an après le lancement des kiosques « Univers ». Pour le coup, la chose était inévitable, et est totalement justifiée par un changement drastique dans la direction des titres publiés par DC, et dans l’univers en lui-même. Alors oui, Urban fait un relaunch global kiosque/librairie, et Urban a raison de le faire. Urban ne manque pas d’auto-dérision dans son article en posant la question « Rebirth en français, ça ne donne pas un truc du genre… Renaissance » ? clin d’oeil au titre que l’éditeur français avait donné à la gamme New 52 en VF. Si cela prête à sourire, nous pourrons tout de même nous poser la question de l’utilité de toujours tout traduire et tout franciser. Pour Rebirth, Urban retient la leçon et choisit la solution simple et efficace de nommer sa gamme… DC Rebirth.
« Côté kiosque, ça donnera quoi ? »
Il y a de quoi dire sur la nouvelle gamme kiosque de l’éditeur! Et surtout de quoi être franchement en colère. Prenons les titres un par un pour commencer, avant que je vous livre le fond de ma pensée sur certaines décisions lourdes de conséquences et de sens.
Batman Rebirth proposera à partir de juin 2017 deux épisodes par mois de Batman, Detective Comics, et Nightwing, ainsi qu’un épisode de All-Star Batman (à partir du mois d’août). Le choix semble logique et plutôt cohérent par rapport à l’ancienne mouture du Bat-Mag.
Justice League Rebirth aura quant à lui dans son sommaire à partir de juin 2017: Deux épisodes de Justice League, Action Comics, Flash Rebirth et Hal Jordan & Green Lantern Corps. Les choses se gâtent un peu avec ce mag. Où est passée Wonder Woman? Green Arrow? Pourquoi ne pas proposer une série comme Teen Titans, Titans, ou Trinity, et ainsi regrouper dans ce mag « d’équipe », tous les titres mettant les équipes de l’univers DC ensemble? Cela aurait peut-être amené à la création d’un mag « Justice League Universe », au sommaire duquel on aurait pu mettre les titres solo des plus grands héros DC, ou des membres de la Justice League. J’aurais bien vu un sommaire du type: Flash + Wonder Woman + Green Arrow + Aquaman, avec deux épisodes de chaque série, comme le mag Justice League. Et ce mag aurait beaucoup plus d’allure que le dernier dont nous allons parler…
Superman Rebirth nous proposera pour sa part… et bien, rien du tout, puisqu’Urban Comics a décidé que Superman serait tout simplement rayé de la gamme des titres kiosques. Quand on voit que l’univers Superman est peut-être le meilleur pan de l’univers DC Rebirth, Urban prend là une décision incompréhensible, sans doute dictée par les ventes de l’actuel Superman Univers, dont je peux aisément comprendre que personne ne veuille. Mais un magazine regroupant le Superman de Tomasi/Gleason, Action Comics, Supergirl, Superwoman, et pourquoi pas New Super-Man ou Supersons quand elle débutera, aurait été un choix plus que judicieux, et aurait permis au plus large public de découvrir que oui, Superman est un héros sur lequel on peut écrire de très bonnes histoires en 2016 (enfin, en 2017 pour nous). Je me pose également la question de l’intérêt de publier Superman: Lois and Clark en kiosque si c’est pour ne jamais proposer la suite dans ce format. Mais alors par quoi remplace-t-on le magazine consacré à Superman?
Par un p@$%*# de magazine SUICIDE SQUAD Rebirth?! Sérieusement? La revue collectera Suicide Squad, Harley Quinn, Deathstroke, et Suicide Squad Most Wanted. Vous avez là un pot pourri de ce qui se fait de pire dans l’univers DC Rebirth, des séries descendues à la fois par la critique et les lecteurs, à l’exception de la très bonne surprise Deathstroke. Tout ça pour quoi? Pour attirer les spectateurs d’un film qui, soyons lucides une seconde, ne se bousculeront pas pour acheter la version papier de ce qu’on leur pré-mâche sur écran? Moi qui pensais qu’Urban avait pour credo l’exigence, la sélection du meilleur des titres pour élever le niveau et proposer une offre cohérente de de qualité…
Un quatrième mag viendra compléter l’offre et proposera, à l’instar des Hors-Série actuels, des arcs complets, et donc l’équivalent d’un TPB VO pour 5,90€. Ce qui me permet de parler de la (seule) vraie bonne nouvelle: le passage à 7 ou 8 épisodes par magazine, pour une pagination entre 180 et 192 pages pour seulement 5,90€! Une excellente opération pour les lecteurs et leurs finances.
Pour ce qui est de l’offre diversifiée, là aussi, on repassera, puisqu’à l’exception de Harley Quinn, aucune série consacrée à un personnage féminin n’est à l’ordre du jour. Pourtant, entre Wonder Woman (dont l’absence ne passe décidément pas pour moi), Supergirl, Superwoman, ou encore Batgirl, ce n’est pas le choix qui manquait.
« Côté librairie, ça donnera quoi ? »
Et bah, la même chose qu’en kiosque ma bonne dame! Voyez plutôt la liste des séries annoncées en librairies entre juin et novembre: Batman, Detective Comics, Nightwing, All-Star Batman (tiens, le sommaire complet du Bat-mag), Justice League, Flash, Green Arrow, Suicide Squad, Superman et Wonder Woman. Vous aurez donc droit à… seulement 3 séries inédites par rapport à la librairie. Et 4 en ajoutant Trinity, annoncée également. Où sont les Aquaman, Teen Titans, et autres Red Hood ou Batman Beyond?
J’ajouterai deux questions, qui ont toutes les deux la même réponse: Combien de séries solo de personnages féminins? Combien de séries non concernées par le cinéma ou la télé? UNE SEULE (Wonder Woman et Nighwing, respectivement).
Et non, je n’ai pas oublié de mentionner la fausse bonne idée: DC Univers Rebirth, un album de 592 pages (DC Universe Rebirth #1 accompagné de tous les numéros spéciaux Rebirth), équivalent de l’omnibus qui sort en VO ce mois-ci, ou comment proposer au lecteur français de découvrir l’épisode de présentation de toutes les séries de l’univers DC Rebirth… et de ne pas pouvoir en lire la moitié par la suite.
« Et c’est bien, Rebirth ? »
Pour faire court, comme le dit Urban, globalement, plutôt, à condition de faire le (bon) tri, évidemment. L’univers Superman dans son ensemble me plaît beaucoup (sic), tout comme Detective Comics, Deathstroke, Titans, The Flash, Green Arrow, Wonder Woman. Hellblazer, Teen Titans, Blue Beetle et Batman Beyond s’en tirent bien pour leurs débuts eux aussi.
« Du coup, Rebirth, ça s’adresse à qui ? »
A tout le monde, nous dit Urban.
En effet, en relançant son univers, DC accueille à bras ouverts les nouveaux lecteurs, peut-être attirés par la médiatisation grandissante des personnages et du média. En renouant avec son héritage par le retour de personnages, de lieux, et de thématiques adorés des fidèles lecteurs, en effaçant quasi totalement l’ère New 52, en amorçant un univers que l’éditeur américain veut à nouveau cohérent, en montrant l’émergence d’une future grande Crisis inévitable dans les années à venir (2 ans, 3 tout au plus), suite aux révélations fracassantes faites dès le lancement de DC Rebirth, la Distinguée Concurrence entend renouer avec ses lecteurs historiques, échaudés par les New 52 (et peut-être aussi par les adaptations TV et ciné).
Mais en faisant le choix d’une offre kiosque économique mais aberrante, en voulant faire du pied à tout prix aux (télé)spectateurs des écrans par la création de titres bas de gamme, en oubliant des pans entiers (et des lecteurs au passage) de l’univers DC, Urban prend (pour le moment, car le tir est très facilement rectifiable) le chemin inverse et ne s’adresse pas/plus à tout le monde. Pas à ces nombreux lecteurs qui déplorent les choix annoncés (allez donc faire un tour sur la page Facebook de l’éditeur), et pas moi en tout cas, mais peu importe, j’ai la chance de comprendre l’anglais.
Si vous êtes arrivés au bout de cet édito un peu long j’en conviens, bravo et merci, tout d’abord, et puisque vous y êtes, n’hésitez pas à me répondre, et à donner votre avis sur cette annonce de l’arrivée de DC Rebirth en France. Cet édito, comme sa nature l’indique, est orienté par mon avis, qui n’est peut-être pas le vôtre, n’hésitez pas à en discuter dans les commentaires!