Après une première interview réalisée en 2020, le génial créateur des géniales séries anthologiques Ice Cream Man et Haha évoque, cette fois-ci, à travers une poignée de questions, les dessous de cette dernière. Maître de l’histoire courte, il manie plutôt bien aussi celui de la réponse concise ! Ah ! Et on vous a dit qu’on trouve ses séries géniales ?
For English speakers, please find lower the interview in its original version.
Pourquoi avez-vous choisi des personnages qui naviguent dans le monde des clowns pour cette nouvelle série Haha ? Qu’est-ce qui vous intéresse chez ces personnages ?
Je n’aime pas les clowns, pour un certain nombre de raisons. Et j’ai tendance à aimer écrire sur des choses qui me mettent personnellement mal à l’aise. C’est quelque chose que je pourrais évoquer en thérapie la prochaine fois.
Vous développez un aspect « drame social » chez les personnages principaux de votre série. Pourquoi cela ? Qu’est-ce qui vous intéresse dans ce thème ?
Je pense que tous les drames sont des drames sociaux. Tout ce qui arrive à un clown est quelque chose qui pourrait arriver à un ouvrier d’usine, à un employé de ranch ou à un PDG. Les clowns sont des personnes, avec toutes les faiblesses que les gens ont tendance à avoir.
Comment s’est construite la collaboration avec les dessinateurs ? Les histoires ont-elles été écrites avant de « choisir » les dessinateurs ? Avez-vous écrit les histoires en fonction du style des dessinateurs avec lesquels vous vouliez travailler ?
Honnêtement, j’ai juste approché les artistes que j’aime bien. Une fois que tout le monde a signé, j’ai probablement adapté légèrement mes scénarios à leurs styles individuels, mais la plupart du temps, cela se fait inconsciemment pour moi. (Une façon d’essayer de « voir à travers leurs mains » qui est une expression que je viens d’inventer et qui n’a pas beaucoup de sens).
Haha #2 est dessiné par Zoe Thorogood, une jeune dessinatrice anglaise. Comment l’avez-vous rencontrée ? Qu’est-ce qui vous a attiré dans son dessin ?
Zoe a publié un livre formidable intitulé The Impending Blindness of Billie Scott que tout le monde devrait lire. Entre ça, quelques recommandations personnelles, et une histoire sur une relation mère-fille, elle semblait être la personne idéale pour le voyage de Rudolph.
Après Ice Cream Man, Haha est à nouveau une série anthologique. Qu’est-ce qui vous attire dans ce format de courts récits ? Vous sentez-vous plus à l’aise que dans une série « traditionnelle » ?
Je ne fais pas un très bon travail de longue haleine. J’essaie et j’essaie encore, mais toutes mes histoires en « série continue » ont tendance à tomber un peu à plat. L’histoire courte, avec toutes ses limites et ses possibilités, fait ressortir le meilleur de ma voix et de ma vision – j’aimerais savoir pourquoi.
Une petite question sur Ice Cream Man, bien sûr… Nous arrivons maintenant au fameux épisode #24 qui était l’objectif initial. Allons-nous avoir le plaisir de lire d’autres épisodes de la série après ce #24 ?
Nous irons au moins jusqu’au #28 !
Entretien réalisé par échange de mails. Merci à W Maxwell Prince pour sa disponibilité et sa gentillesse !
After a first interview conducted in 2020, the brilliant creator of the brillant anthological series Ice Cream Man and Haha evokes, this time, through a handful of questions the background of the latter. Master of the short story, he also handles rather well the one of the concise answer! And did we tell you that we think his series are brillants ?
Why did you choose characters who navigate in the world of clowns for this new Haha series? What interests you about them?
I don’t like clowns, for a number of reasons. And I tend to like to write about things that bring me personal discomfort. It’s something I might bring up in therapy next time.
You develop a « social drama » aspect in the main characters. Why is that ? What interests you about this theme ?
I think all dramas are social dramas. Everything that happens to a clown is something that could happen to a factory worker, or a ranch hand, or a CEO. Clowns are people, with all the foibles people tend to have.
How was the collaboration with the cartoonists built? Were the stories written before « choosing » the cartoonists ? Did you write the stories according to the style of the cartoonists you wanted to work with ?
I honestly just approached artists that I like. Once everyone signed on, I probably did cater my scripts slightly to their individual styles, but most of that happens unconsciously for me. (A product of trying to “see through their hands” which is a phrase I just came up with that doesn’t make a whole lot of sense.)
Haha #2 is drawn by Zoe Thorogood, a young English cartoonist. How did you meet her ? What attracted you to her drawing ?
Zoe’s got a terrific book called The Impending Blindness of Billie Scott that everyone should read. Between that, some personal recommendations, and a story about a mother-daughter relationship, she seemed the perfect fit for Rudolph’s cross-country journey.
After Ice Cream Man, Haha is again an anthological series. What attracts you in this shorts stories format ? Do you feel more comfortable than in a « traditional » series ?
I don’t do very good longform work. I try and try, but all my serial stories tend to fall a little flat. The shorty story, with all its limitations and possibilities, brings out the best in my voice and vision—I wish I knew why.
A short question about Ice Cream Man, of course… We’re now coming to the famous episode #24 which was the initial objective. Are we going to have the pleasure to read more episodes of the series after this #24 ?
We’ll be going at least to #28!
Interview made by email exchange. Thanks to W Maxwell Prince for his availability and his kindness !