Les auteurs de l’excellent Green Arrow période New 52 et plus récemment de l’indispensable Gideon Falls, s’attaquent cette fois-ci au vilain le plus emblématique de Batman : le Joker. Leur mini en trois parties saura-t-elle se démarquer du trop plein d’histoires récentes sur le personnage ?
Un psychiatre – Ben Arnell – s’est mis en tête de guérir le Joker et a donc des entretiens réguliers avec lui. Sa supérieure à l’asile d’Arkham ne lui laisse plus que 15 jours pour achever ses travaux de peur qu’il bascule dans la folie comme c’est souvent le cas avec ceux qui s’intéressent au Joker. Plusieurs événements suspects se manifestent alors dans son entourage.
Le synopsis de cet épisode initial ressemble trop à d’autres histoires écrites sur le Joker. On peut penser, par exemple, au récent Harleen de Stepjan Sejic qui, si la finalité n’est pas du tout la même, procède de ce même déroulé. C’est ce manque d’originalité qui déçoit de la part de Jeff Lemire qu’on connait d’habitude bien plus efficace dans ses scénarios. Malgré cela, l’histoire a de nombreux points positifs. La séquence d’ouverture inaugure une série d’échanges entre le Joker et Ben Arnell qui installe une réelle tension et un vilain flippant. L’écriture du canadien fait bien monter la sauce, malgré une absence de vraie surprise, là encore. Le déroulé est fluide et quelques idées sont efficaces, comme le livre pour enfants qui répond au discours du Joker. Les effets qui vise à exprimer l’effroi du Docteur Arnell sont bien mis en place, aussi bien scénaristiquement que graphiquement, mais il manque un petit quelque chose pour être surpris. A cela s’ajoute un cliffhanger un peu mou.
Andrea Sorrentino fait le choix de compositions que l’on pourra trouver sages en comparaison de certains de ses travaux plus anciens, tel Gideon Falls, à nouveau. Néanmoins, le story-telling est très efficace et s’accole bien à ce que raconte Jeff Lemire. Certaines pleine-pages sont assez sublimes – telles celle avec les ballons gonflables ou celle avec les poissons. Les dessins de Sorrentino bénéficient des douces couleurs gris-bleues de Jordie Bellaire qui savent s’animer lorsque l’histoire l’exige.