Le duo créatif Nicole Goux – Dave Baker qui collabore depuis une petite dizaine d’années et vient de produire l’excellent La Contrebande Society de Forest Hills, paru chez Sarbacane, revient avec nous sur leurs parcours, le fonctionnement de leur binome et les thèmes qu’ils aiment aborder dans leurs bandes dessinées.
For English speakers, please find lower the interview in its original version.
Parcours artistique et personnages
Quel a été votre parcours artistique pour devenir dessinatrice et scénariste de BD ?
Nicole : Je lis des bandes dessinées depuis que je suis toute petite. Des bandes dessinées de journaux aux mangas en passant par les bandes dessinées indépendantes pour adultes. Je n’ai pas vraiment envisagé d’en faire une carrière (à l’exception d’un bref passage au collège où j’étais déterminée à partir au Japon et à devenir mangaka) jusqu’à la fin du collège. J’ai suivi des cours d’art presque toute ma vie, et je suis allé à l’université pour obtenir un BFA en illustration, mais j’étais sur la voie de l’illustration éditoriale et de produits lorsque j’ai redécouvert un amour latent pour les comics au LA Zine Fest en 2015. Voir l’ampleur de ce que les gens faisaient avec le médium de la bande dessinée était incroyablement inspirant. À l’époque, je venais de rencontrer Dave et nous avons commencé à faire des mini-bandes dessinées photocopiés et à déposer dans des petits zine fests et des salons de BD. J’ai immédiatement attrapé le virus et, depuis, j’en ai fait mon métier. D’abord à temps partiel, puis à temps plein lorsque j’ai été engagée pour réaliser Shadow of the Batgirl pour DC Comics en 2018.
Dave : Comme Nicole, je lis des bandes dessinées depuis que je suis enfant. J’ai appris à lire grâce au Tintin de Herge. Je dessine également et j’autoédite des bandes dessinées depuis mon adolescence. Je suis allé à l’université d’Arizona et j’ai obtenu un diplôme d’illustration. Depuis, je travaille dans la bande dessinée et le cinéma.
Forest Hills Bootleg Society n’est pas votre première collaboration, vous avez travaillé ensemble sur plusieurs livres. Comment vous êtes-vous rencontrés ?
Nicole : Comme je l’ai mentionné plus haut, Dave et moi réalisons des œuvres ensemble depuis 2015 environ. Je pense que nous avons fait quelque chose comme 9 bandes dessinées ensemble (selon la façon dont vous comptez) allant d’environ 10 pages à 220. Cela a été un partenariat créatif incroyablement épanouissant. Nous avons vraiment développé une compréhension et une sténographie et savons juste ce que l’autre personne pense probablement environ 90% du temps.
Dave : Si ma mémoire est bonne, nous étions dans un restaurant après l’ouverture d’une galerie, et Nicole dessinait sur une serviette. Elle dessinait un type qui tenait une haltère et j’ai trouvé ça tellement drôle que je lui ai demandé si elle voulait collaborer sur de courtes mini-bandes dessinées… et le reste appartient à l’histoire.
Comment travaillez-vous ensemble ? Y a-t-il une frontière entre Dave/Scénario et Nicole/Dessin ou est-ce plus poreux au niveau du scénario et de la narration ?
Nicole : La frontière est floue, c’est sûr, mais elle existe toujours dans une certaine mesure. A ce stade, la génération d’idées est tellement collaborative que nous ne pouvons pas vraiment séparer qui a pensé à quoi. Nous planifions et discutons beaucoup avant que l’un d’entre nous ne mette un stylo sur le papier. Mais à la fin de la journée, Dave écrit le scénario et je fais le dessin.
Dave : Oui, nous avons l’habitude de faire du catch ou de nous promener et de parler d’idées. Je présente à Nicole des éléments de l’histoire et elle me présente des personnages, ou autre chose, et ensuite je prends ces discussions et je construis un scénario assez traditionnel à partir d’eux, qui est adapté à ses intérêts. Ensuite, elle crée des croquis et des pages crayonnées basées sur le scénario, et une fois que tout est en place, on se met au travail. Nous faisons aussi beaucoup de lecture. Nous nous lisons littéralement les scripts à haute voix, ce qui est un exercice franchement plutôt amusant.
Vos livres mettent souvent en scène des adolescents ou de jeunes adultes. Qu’est-ce qui vous intéresse dans la mise en scène de cette tranche d’âge, tant sur le plan scénaristique que graphique ?
Nicole : Je pense que le lycée est une période où la plupart d’entre nous cristallise vraiment ce que nous allons devenir en tant qu’adultes. Les choses qui nous arrivent au lycée façonnent vraiment ce que nous allons être, car tout semble à fort enjeu. Les hormones se déchaînent, on teste de nouveaux territoires, on apprend à connaître le monde et qui on est en tant que personne. Je pense que ce genre d’histoires peut vraiment s’adresser à la fois aux jeunes lecteurs et aux adultes qui ont des souvenirs forts de ce qu’était l’adolescence. Certaines des choses les plus marquantes qui vous arrivent arrivent à cet âge-là. Non pas parce qu’elles sont plus importantes que plus tard dans la vie, mais parce qu’elles semblent plus importantes.
Dave : Nous passons beaucoup de temps à parler de ce que nous voulions lire ou expérimenter à cet âge. Et nous disons souvent que nous faisons des livres pour notre passé. Ce qui, dans une certaine mesure, est assez juste, je pense. Il y a quelque chose dans cette période de la vie où l’on sait que les choix que l’on est sur le point de faire peuvent vraiment changer la trajectoire de notre avenir. Il y a donc une immense responsabilité… associée à des gens qui ne sont pas encore complètement développés. Ce qui constitue une intéressante mise en scène dramatique, ou une mise en place pour un conflit.
On dit souvent qu’il est difficile de bien caractériser ces jeunes personnages, difficile de ne pas en faire des « petits adultes » dans leur façon d’agir. Est-ce aussi votre point de vue ?
Dave : Non, je ne le pense pas. Il y a un équilibre à trouver, c’est sûr. Mais il y a un niveau de sincérité que beaucoup d’adolescents ont qui est rebutant pour les adultes. Et un sens de l’humour qui est battu en brèche par l’usure naturelle de la vie, ce qui m’intéresse beaucoup. J’aime écrire sur les jeunes parce qu’il y a un tel éventail de qui ils peuvent être… et un éventail encore plus large de qui ils pensent être. Traiter de ces dualités est toujours intéressant pour moi, en tant qu’écrivain.
À travers ces personnages, vous abordez les relations humaines et les changements personnels qui sont parfois difficiles. Pourquoi ces thèmes ?
Nicole : Pourquoi ces thèmes ? Ne sont-ils pas universels ? Ne s’agit-il pas d’expériences que tout le monde traverse et auxquelles chacun peut s’identifier à sa manière ? L’astuce est de trouver l’universel à travers les spécificités d’une histoire et de personnages qui se sentent réels et fidèles à la vie.
Dave : Oui, je pense qu’il serait assez difficile de trouver quelqu’un qui n’a pas changé dans sa vie personnelle et qui n’a pas de relations. Donc, se plonger dans les sujets du développement personnel et de la nature toujours changeante des relations est quelque chose d’infiniment fascinant pour moi. Et, franchement, je ne saurais pas comment faire une histoire… qui ne parle pas de ces choses ? Même Star Wars traite du développement personnel et des relations, et c’est l’une des histoires de « Quête initiatique » les plus emblématiques et totémiques qui existent.
La contrebande society de Forest Hills
Personnages
Dans La contrebande society de Forest Hills, vous mettez en scène 4 personnages principaux. Est-ce compliqué d’écrire une « équipe » de personnages ? Pourquoi ?
Dave : Ça peut l’être, parfois. Quand vous avez trop de personnages, dont certains n’ont rien à faire… oui, ça peut être difficile de les enchaîner. Mais les personnages de notre livre sont tous vaguement basés sur des personnes réelles et ils ont tous des choses très spécifiques à faire dans l’histoire. Donc, il est assez facile de délimiter qui fait quoi, narrativement. J’aime aussi tous nos personnages. Nicole et moi les appelons souvent « les enfants ». Ils sont comme nos amis et nos enfants en même temps. C’est un peu bizarre à dire, mais ils sont très réels pour moi. Je les considère tous comme des personnes réelles. C’est pourquoi l’idée d’un livre « d’équipe » est attrayante, je suppose. J’aime décomposer les structures sociales de leurs relations. Et penser à la façon dont toutes ces personnes sont liées les unes aux autres.
Dave, votre écriture des personnages m’a semblé très juste. Où puisez-vous votre inspiration pour écrire ces jeunes personnages et leurs relations ? A-t-il été difficile de construire leur caractérisation ?
Dave : Merci, c’est très gentil à vous de le dire. Non, je ne pense pas que ce soit difficile. C’est juste que ça prend du temps. Parce qu’à chaque version du scénario, vous trouvez de nouvelles idées et de nouvelles dynamiques relationnelles que vous essayez d’intégrer au monde que vous créez. J’adore construire ces petits mondes émotionnels dans lesquels vivent nos personnages. Et certaines des idées pour les relations proviennent directement de nos conversations avec Nicole. D’autres viennent de personnes que je connais, et d’autres encore viennent simplement de l’écoute des personnages. Vous construisez ces gens assez loin et finalement ils prennent le dessus et commencent à s’écrire eux-mêmes. C’est la vraie magie. C’est vraiment la meilleure partie.
La narration utilise des dispositifs efficaces et ludiques comme les pages des personnages et les bulles qui fournissent des informations. Comment avez-vous eu cette idée astucieuse et qu’apporte-t-elle à votre narration ?
Dave : Cette idée vient directement de mon mécontentement quant à la façon dont beaucoup de BD américaines sont produites. Il y a une dépendance excessive aux légendes de narration sur le marché américain qui me rend fou. Alors, un jour, alors que je me plaignais à Nicole, j’ai eu l’idée de combiner des cartouches de légende et des cases de rappel pour donner le même sentiment de densité que les légendes de narration normales, mais à travers ces légendes qui fournissent des détails au lecteur. Notre livre Fuck Off Squad fonctionne de manière similaire, mais Forest Hills pousse encore plus loin cette idée.
Histoire
Le regard des autres est un élément important de votre histoire, surtout à cet âge de l’adolescence. Qu’est-ce qui vous a intéressé dans cette composante de l’histoire ?
Nicole : La façon dont nous nous définissons est en grande partie déterminée par la façon dont les autres nous perçoivent. Ou comment nous pensons qu’ils nous perçoivent. Quand on grandit, l’opinion des autres et la façon dont ils nous perçoivent sont les garants de notre valeur dans le monde. Même si nous savons par nature que ce n’est pas vraiment vrai, cela affecte les décisions que nous prenons et le cours de notre vie future.
Dave : Et aussi : quand on est adolescent, on est tellement conscient de son corps qu’il est logique d’alimenter cette peur avec » l’acte d’être perçu « . C’est juste plein de potentiel dramatique.
Le poids de la famille et de la culture est également au cœur de votre histoire. Est-ce la raison pour laquelle vous avez situé votre histoire dans une communauté chrétienne ?
Dave : J’ai été élevé dans un environnement très… spécifique. Un environnement qui comportait beaucoup de connotations religieuses. De bien des façons, ce livre est un déballage et un examen de beaucoup de ces idées. Je les mets en lumière, je vois ce qui était important dans ces expériences et ce qui aurait pu être évité. Je pense que les composantes chrétiennes et religieuses de notre livre sont un reflet direct de l’époque à laquelle il se déroule. Les années 2000 ont été un tournant culturel très important en Amérique du Nord. Et une grande partie du conflit a été alimentée ou légitimée à travers un prisme religieux. Nous avons littéralement « In God We Trust » écrit sur notre monnaie. Cela vous en dit long. Nous pouvons faire semblant de croire à la séparation de l’Église et de l’État, mais l’ultime marchandise dominante dans notre pays est l’argent… et lorsque l’argent porte le nom d’une divinité monothéiste, cela en dit long.
Le point de départ est la découverte de cet anime où une géante tire des lasers avec ses seins. Vous êtes tous les deux de grands fans d’anime ?
Nicole : Oui ! J’étais une grande fan d’anime, surtout quand j’étais pré-adolescente, mais encore aujourd’hui. Beaucoup de références et d’inspirations dans le livre proviennent directement de l’expérience personnelle de Dave ou de la mienne.
Dave : D’accord. J’adore les anime et les mangas. Comme Nicole l’a dit, un grand nombre de blagues et de références dans le livre proviennent directement de ce que Nicole et moi regardions quand nous étions adolescents. Je suis également un grand fan de Katsuhiro Otomo et de Shotaro Ishinomori. Je suis également un grand fan de Tokusatsu. Donc, le truc de Super Love XL est une référence assez flagrante à Ultraman et autres.
Dessin
Nicole, l’expressivité des personnages est une composante essentielle de votre dessin. Est-ce un élément sur lequel vous vous appuyez beaucoup pour travailler vos personnages ?
Nicole : Je pense que l’expression est la compétence de base pour faire de bonnes bandes dessinées en tant qu’artiste. Vous racontez une histoire avec des images, et la façon dont vous pouvez communiquer l’action et l’émotion est par l’expression. Les histoires que j’aime raconter portent souvent sur des dialogues intérieurs et des émotions, et si vous n’utilisez pas l’expression de votre personnage pour le représenter et le décrire, cela peut donner des dessins très ennuyeux.
En tant que dessinateur de BD, vous devez être le directeur de la photographie, le réalisateur, les acteurs et bien d’autres choses encore. J’essaie donc de voir les expressions comme une performance d’acteur. Au point que Dave et moi lisons des scénarios ensemble et que je joue tous les personnages. Cela m’aide vraiment à me mettre dans la tête de mes personnages et rendre les émotions d’une manière qui soit lisible.
Nicole, votre dessin a aussi un côté très ludique avec des scènes très drôles ou ironiques, graphiquement. Est-ce quelque chose que vous aimez beaucoup utiliser dans vos dessins ?
Nicole : Je pense que cela peut provenir de certaines influences des mangas. J’aime penser aux personnages et aux scènes comme étant malléables à l’émotion et à l’intention de la scène. Je pourrais passer 200 pages à dessiner des personnages photo réalistes faisant des choses réalistes, mais la beauté de la bande dessinée est que vous pouvez faire en sorte que les dessins rendent parfaitement compte de la scène. Sinon, vous devriez peut-être faire un film à la place.
La mise en page est également très variée et originale (disposition et forme des cases, pages sans décor avec juste les personnages, le même personnage en mouvement…). Tout cela est-il prévu dans le scénario ou y a-t-il une part d’improvisation pendant la production ?
Nicole : Encore une fois, c’est la beauté de la bande dessinée, de jouer avec la mise en page et la narration. Je dirais qu’environ 90 % des éléments sont improvisés et créés au cours du processus de mise en page. De temps en temps, il y a des directives si quelque chose est censé être un gaufrier de 9 cases ou une idée spécifique dont nous avons parlé, mais c’est vraiment mon travail.
Dave : Oui, parfois je demande une chose spécifique dans les mises en page, ou un motif de conception spécifique ou un élément formaliste, mais même quand c’est « mon idée », c’est toujours Nicole qui lui donne vie. Nous parlons BEAUCOUP de formalisme et, au cours de ces conversations, nous exposons souvent des idées ou des réflexions sur la composition, mais il est TRÈS rare que je lui dise dans le scénario « fais-le comme ça ». En grande partie, parce que nous savons déjà tous les deux ce que c’est. Une grande partie des meilleurs éléments des bandes dessinées que nous avons créées sont le fait de moi écrivant une lettre à Nicole pour lui décrire l’émotion derrière une idée ou lui suggérant un concept de base pour un dispositif formel, et ensuite elle s’en empare, s’en sert et rend les idées 200 fois meilleures.
Nicole, comment travaillez-vous sur le design des personnages ? Où trouvez-vous l’inspiration pour leur création ?
Nicole : Les personnages viennent de la vie. Parfois, ce sont des personnes réelles que j’ai vues dans la rue, parfois c’est une inspiration stylistique de l’art que j’ai observé. J’essaie de décomposer les éléments qui me parlent et qui m’attirent et de les recoller pour obtenir un design cohérent qui exprime la personnalité et une silhouette variée. J’essaie vraiment de créer des personnages qui ressemblent à de vraies personnes qui vivent dans le monde dans lequel nous vivons.
Projets et lectures
Quels sont vos projets de bande dessinée, ensemble ou seul ?
Ensemble : Everyone is Tulip, F*ck Off Squad, Star Trek : Waypoint, Murders, Suicide Forest, This is Not a Girl Gang.
Nicole : Shadow of the Batgirl, Pet Peeves, Jem and the Hologram : Dimensions
Dave : Et puis en ce moment je travaille sur l’auto-publication d’un nouveau livre appelé Halloween Boy, qui va être une série de cinq numéros, les trois premiers numéros sont sortis. Et puis j’ai un nouveau projet avec Top Shelf intitulé Mary Tyler MooreHawk qui sortira en février prochain, et dont je suis TRÈS enthousiaste.
Quels sont les comics que vous lisez actuellement ? Des coups de cœur ?
Nicole : Nous sommes en France pour quelques mois, alors j’ai essayé de trouver des bandes dessinées françaises. Jusqu’à présent, mes préférées ont été Magda de Mathilde Van Gheluwe et Nicolas Wouters, et Sông de Hai-Anh et Pauline Guitton.
Dave : J’ai lu Strangehaven de Gary Spencer Millidge, qui est fantastique. C’est une bande dessinée en noir et blanc, publiée dans les années 1990, centrée sur un homme nommé Alex qui débarque dans une petite ville et se retrouve impliqué dans d’étranges aventures avec les villageois excentriques. Cela ne semble pas si fascinant, mais croyez-moi, c’est l’une des meilleures bandes dessinées que vous n’ayez jamais lues. C’est fantastique. Je viens aussi de finir de lire des BD françaises de Mick Mouse par Alexis Nesme. Horrifikland et Terror Island. Ils étaient FANTASTIQUES aussi.
Entretien réalisé par échange de mails. Merci à Nicole Goux et Dave Baker pour leur disponibilité et leur grande gentillesse !
The creative duo Nicole Goux – Dave Baker, who have been working together for the past ten years and have just produced the excellent Forest Hills Bootleg Society, published by Sarbacane, talk to us about their artistic paths, how their partnership works and the themes they like to tackle in their comics.
Artistic paths and characters
What was your artistic path to become a comic book artist and writer ?
Nicole: I’ve read comics since I was a little kid. From newspaper strips to manga to adult independent comics. I didn’t really consider it as a career (except a brief stint in middle school when I was determined to move to Japan and become a mangaka) until after college. I’ve been in art classes most of my life, and went to college and got a BFA in illustration, but I was on the path to editorial and product illustration when I rediscovered a latent love for comics at LA Zine Fest in 2015. Seeing the breadth of what people were doing with the medium of comics was incredibly inspiring. At the time I had just met Dave and we started making xeroxed mini comics together and tabling at little zine fests and comic shows. I immediately caught the bug and have been pursuing it as a career ever since. First part time, and then full time when I was hired to make Shadow of the Batgirl for DC Comics in 2018.
Dave : Similarly to Nicole, I’ve read comics since I was a child. I learned to read off of Herge’s Tintin. I’ve also been drawing and self-publishing comics since my teens. I went to the University of Arizona and got a degree in illustration, and have been working in comics and film ever since.
Forest Hills Bootleg Society is not your first collaboration, you have worked together on several books. How did you meet ?
Nicole: As I mentioned above, Dave and I have been making work together since about 2015. I think we’ve made something like 9 comics together (depending on how you count) ranging from about 10 pages to 220. It’s been an incredibly fulfilling creative partnership. We’ve really developed an understanding and shorthand and just know what the other person is thinking probably about 90% of the time.
Dave: If memory serves, we were at a restaurant after a gallery opening, and Nicole was drawing on a napkin. She made drawing of a guy holding a shake-weight and I just thought it was so funny that I asked her if she wanted to collaborate on come short mini-comics… and the rest is history.
How do you work together ? Is there a Dave/Screenplay – Nicole/Drawing boundary or is it more porous at the script and storytelling level ?
Nicole : The boundary is blurry for sure, but still there to a certain extent. At this point the generation of ideas are so collaborative we couldn’t really separate who thought of what. We do a lot of planning and discussing way before either of us set pen to paper. But at the end of the day, Dave writes the script, and I do the drawing.
Dave : Yeah, we usually play catch or go for a walk and talk about ideas. I pitch Nicole story elements and she pitches me character beats, or whatever, and then I take those discussions and build a fairly traditional script out of them, which is tailored to her interests. And then she builds out thumbnails and penciled pages based on the script, and once that stuff is all locked into place, we just hit the ground running. We do a lot of reading too. We literally read the scripts out loud to each other. which is a pretty funny exercise, honestly.
Your books often feature teenagers or young adults. What interests you in featuring this age group, both scenarially and graphically?
Nicole : I think high school is a time when most of us really crystalize who we are going to be as adults. The things that happen to us in high school really shape who we are going to be because everything feels high stakes. Hormones are raging, you’re testing new waters, learning about the world and who you are as a person. I think these kind of stories can really speak both to younger readers and to adults who have strong memories of what it was to be a teen. Some of the most impactful things to happen to you, happen when you’re that age. Not because they’re more important than later in life, but because they feel more important.
Dave : We spend a lot of time talking about what we wanted to read or experience when we were that age. And we often say that we’re making books for our past selves. Which, to a certain degree, is pretty accurate, I think. There’s something about that time in your life where you know that the choices you’re about to make can really change the trajectory of your future. So, there’s an immense responsibility… coupled with people who aren’t fully developed yet. Which is an interesting dramatic set-piece, or set up for conflict.
It is often said that it is difficult to characterize these young characters well, difficult not to make them « little adults » in the way they act. Is this your point of view too?
Dave : No, I don’t think so. There’s a balancing act, for sure. But there’s a level of sincerity that a lot of teens have that is off-putting to adults. And a sense of humor that gets beaten out of you by the natural wear and tear of life, which is something I’m pretty interested in. I like writing about young people because there’s such a wide range of who they can be… and an even wider range of who they think they are. Dealing with these dualities is always interesting to me, as a writer.
Through these characters, you address human relationships and personal changes that are sometimes difficult. Why these themes?
Nicole : Why not these themes? Don’t they feel universal? Aren’t they experiences that everyone goes through and everyone can relate to in their own way? The trick is to find the universal through the specifics of a story and characters who feel real and true to life.
Dave : Yeah, I think it’d be pretty hard to find anyone who hasn’t changed in their personal life and who has no relationships. So, delving into the topics of personal growth and the ever-evolving nature of relationships is something that’s endlessly compelling to me. And, frankly, I wouldn’t know how to make a story… not about those things? Even Star Wars is about personal growth and relationships and that’s like one of the most iconic and totemic “Hero’s Journey” stories that exists.
Forest Hills Bootleg Society
Characters
In Forest Hills Bootleg Society, you put in scene 4 main characters. Is it complicated to write a « team » of characters? Why?
Dave : It can be, sometimes. When you just have too many characters, some of which have nothing to do… yeah, it can be difficult to string that along. But the characters in our book are all loosely based on real people and they all have very specific things to do within the story. So, it’s pretty easily to delineate who is doing what, narratively. I also just love all of our characters. Nicole and I often refer to them as The Kids. They’re like our friends and our children at the same time. Which is a bit of a weird thing to say, but they’re very real to me. I think of them all as real people. Which is why the idea of a “team” book, is appealing, I guess, I enjoy the process of breaking down the social structures within their relationships. And thinking about how all these people relate to each other.
Dave, your writing of the characters struck me as very accurate. Where do you draw your inspiration to write these young characters and their relationships? Was it difficult to build their characterisation?
Dave : Thank you, that’s very kind of you to say. No, I don’t think it’s difficult. It’s just time consuming. Because with every draft of the script you come up with new ideas and new relationship dynamics that you try and build into the world you’re creating. I love building these little emotional worlds that our characters live in. And some of the ideas for the relationships come directly from Nicole and I’s conversations. Some of it comes from people I know, and some of it is just listening to the characters. You build these people out far enough and eventually they just take over and start writing themselves. That’s the real magic. Truly the best part.
The narration uses effective and playful devices like character pages and speech balloons that provide information. How did you come up with this clever idea and what does it bring to your storytelling?
Dave : That idea comes directly from my dissatisfaction with the way a lot of American comics are produced. There’s an over-reliance on narration captions in the American market that drives me crazy. So, one day while complaining about this to Nicole I came up with an idea for how to combine like caption boxes and call-out panels to hopefully provide the same sense of density that the normal narration captions provide, but through these captions that provide minutia and detail to the reader. Our book Fuck Off Squad functions in a similar way, but Forest Hills was that idea pushed EVEN further.
Story
The gaze of others is an important element in your story, especially at this adolescent age. What interested you in this component of the story?
Nicole : So much of how we define ourselves is determined by how others perceive us. Or how we think they perceive us. When you’re growing up, the opinions of others and how they reflect on you feel tantamount to your value in the world. While we might know inherently that this isn’t really true, it affects the decisions we make and the course of our future life.
Dave : And also: when you’re a teen you’re so self-conscious about your body that it only makes sense to stoke that fear with ‘the act of being perceived’. It’s just full of dramatic potential.
The weight of family and culture is also at the heart of your story. Is that why you set your story in a Christian community?
Dave : I was raised in a very… specific environment. One that featured a lot of religious overtones. In many ways, this book is me unpacking and examining a lot of those ideas. Holding them up into the light, and seeing what was important about those experiences and what definitely could have been avoided. I think the christian and religious components to our book are a direct reflection of the time its set in, as well. The 2000’s were a very pivotal cultural shift in North America. And a lot of the conflict was stoked or legitimized through a religious lens. We literally have In God We Trust written on our money. That tells you a lot. We might pay lip service to separation of church and state, but the ultimate ruling commodity in our country is money… and when the money has the name of a monotheistic deity on it, that says it all.
The starting point is the discovery of this anime where a giant shoots lasers with her breasts. You are both big fans of anime?
Nicole : Yes! I was a huge anime fan, particularly when I was a preteen, but still to this day. Many of the references and inspiration in the book come directly from either Dave’s or my personal experience.
Dave : Agreed. Love anime and manga. Like Nicole said, a bunch of the in-jokes and callbacks in the book are directly the things that Nicole and I watched as teens. I’m also a huge Katsuhiro Otomo and Shotaro Ishinomori fan. I’m a big Tokusatsu fan, as well. So, the Super Love XL stuff is a pretty blatant reference to Ultraman and the like.
Drawing
Nicole, the expressiveness of the characters is an essential component of your drawing. Is it an element that you rely on a lot to work on your characters?
Nicole : I think expression is the baseline skill for making good comics as an artist. You are telling a story with images, and the way that you can communicate action and emotion is through expression. The stories I like to tell often are about interior dialogs and emotions and if you’re not using your character’s expression to portray and describe this, it can make for some very boring drawings.
As a comic artist, you have to be the cinematographer, the director, the actors and so much more. So I try to see expressions as an acting performance. To the point where Dave and I will read scripts together and I will act out all the characters. It really helps me to get in the head of my characters and emote in a way that’s readable.
Nicole, your drawing also has a very playful side with some very funny or ironic scenes, graphically. Is this something you like to use a lot in your drawings?
Nicole : I think this may be from some of the manga influences. I like to think of characters and scenes as malleable to the emotion and intent of the scene. I could spend 200 pages drawing photo realistic people doing realistic things, but the beauty of comics is that you can make the drawings feel the way the scene does. Otherwise maybe you should just make a movie instead.
The layout is also very varied and original (layout and shape of the panels, pages without scenery with just the characters, the same character in motion…). Is all this planned in the script or is there a part of improvisation during the production ?
Nicole : Again, this is the beauty of comics, to play with the layout and storytelling. I’d say about 90% of it is improvisational and created in the layout process. Occasionally there is some direction if something is supposed to be a 9 panel grid or some specific idea that we’ve talked about, but really that’s my job.
Dave : Yeah, sometimes I’ll call out for a specific thing in the layouts, or a specific design motif or formalist element, but even when it’s “my idea” it’s still Nicole that brings it to life. We talk about formalism A LOT, so in those conversations we often break down ideas or compositional thoughts, but it’s VERY rare that I say to her in the script “do it like this”. Largely, because we both already know what it is. A lot of the best stuff in the comics we’ve made has just been me writing a letter to Nicole and describing the emotion behind an idea or suggesting a basic concept for a formalist device, and then she just takes it and runs with it and makes the ideas 200 times better.
Nicole, how do you work on the characters’ designs ? Where do you find the inspiration for their creation?
Nicole : Character comes from life. Sometimes it’s real people I’ve seen on the street, sometimes it’s stylistic inspiration from art I’ve seen. I try to break down the bits that speak to me and that I’m drawn to and glue them all back together into a cohesive design that expresses personality and varied silhouette. I really try to make characters that feel like real people who live in the world we live in.
Projects and readings
What are your comic book projects, together or alone ?
Together : Everyone is Tulip, F*ck Off Squad, Star Trek: Waypoint, Murders, Suicide Forest, This is Not a Girl Gang
Nicole : Shadow of the Batgirl, Pet Peeves, Jem and the Hologram: Dimensions
Dave : And then right now I’m working on self-publishing a new book called Halloween Boy, which is going to be a five issue series, the first three issues are out. And then I have a new project with Top Shelf titled Mary Tyler MooreHawk coming out next February, which I’m VERY excited about.
What comics are you currently reading? Any favorite ones ?
Nicole : We’re here in France for a few months so I’ve been trying to pick up some French comics. So far my favorites have been Magda by Mathilde Van Gheluwe and Nicolas Wouters, and Sông by Hai-Anh and Pauline Guitton.
Dave : I’ve been reading Gary Spencer Millidge’s Strangehaven, which is fantastic. It was a black and white comic, published in the 1990’s, and centering on a man named Alex who shows up in a small town and becomes involved in strange adventures with the quirky villagers. That doesn’t SOUND that fascinating, but believe me, it’s one of the best comics you’ve never read. It’s fantastic. I also just finished reading some french Mick Mouse comics by Alexis Nesme. Horrifikland and Terror Island. They were FANTASTIC as well.
Interview made by email exchange. Thanks to Nicole Goux and Dave Baker for their availability and their great kindness.