Personnage à la trajectoire complexe et riche, Red Hood n’a qu’assez rarement eu droit à des titres marquants. Et pourtant, le personnage sous le masque, Jason Todd, est l’un des plus fameux de chez DC Comics par la façon dont il disparut à la fin de Death in the family suite au vote des lecteurs en 1989. Sous le nom de Red Hood, le personnage a toujours fait office de mouton noir dans la Bat-Family, entretenant des relations difficiles avec Bruce Wayne. C’est sur cette thématique que va s’appuyer Chip Zdarsky pour scénariser, avant The Knight et Dark City, sa première histoire sur l’univers de Gotham, parue en VO dans l’anthologie Urban Legends.
Une nouvelle drogue fait des dégâts dans les rues de Gotham. De retour dans la ville, Red Hood s’engage dans une enquête qui va le faire retomber dans ses travers et croiser la route de Batman. Leur relation compliquée peut-elle évoluer positivement ?
Une intrigue classique mais effacement écrite
D’un point de vue purement intrigue, Chip Zdarsky propose une enquête très classique autour de cette nouvelle drogue qui martyrise Gotham. Mais ce gout de déjà-vu additionné à un nouveau vilain très générique inspiré du Joker, n’empêche pas le scénariste de trouver une réelle efficacité dans son écriture avec une ambiance sombre et poisseuse telle que Gotham sait régulièrement en fournir et un déroulé rythmé et ponctué de cliffhangers percutants.
La relation Jason – Bruce en exergue
Chip Zdarsky s’empare habillement du passé de Jason Todd pour faire évoluer le rôle et les actions du personnage au fil l’intrigue, par exemple dans sa façon de gérer le destin d’un enfant en passe de devenir orphelin par sa faute. Prenant fortement appui sur les événements de Death in the Family, grâce à des flashbacks réguliers, le scénariste décortique la relation entre Jason et Bruce, sujet qui l’intéresse réellement au final. Les fragilités et contradictions des deux hommes sont bien mises en exergue, amenant des séquences assez fortes et souvent émouvantes. Le scénariste réussit son pari d’étoffer leur lien brulant.
Une partie graphique solide
Eddy Barrows s’occupe de l’essentiel des scènes se déroulant dans le présent avec une belle patte sombre qui sied parfaitement à l’inquiétante Gotham, les couleurs d’Adiano Lucas renforçant cette ambiance. De son côté, Marcus To règle les scènes passées d’un trait plus rond qui convient à l’esprit old school de ces séquences écrites dans les années 80.
Afin de décortiquer de façon pertinente la relation entre Jason Todd et Bruce Wayne, Chip Zdarsy s’appuye sur une intrigue policière très classique mais efficacement écrite. Un bon récit dans l’univers de Gotham autour d’un personnage rarement mis en avant.