Présentation :
Scénario : Jeff Lemire
Dessins : Butch Guice
112 pages – 13,95 € – Sorti le 08/09/16
Sollicitation Bliss : LA CHASSE EST OUVERTE.
Déterminé à arrêter la vague de terreur qui touche le Colorado, Bloodshot parcourt les Montagnes Rocheuses pour détruire les nanites qui ont causé les récentes tueries. Mais comment ne pas tomber dans la folie, quand, à la drogue et l’alcool, viennent s’ajouter des visions cauchemardesques ? Bloodshot arrivera-t-il au terme de sa mission sans redevenir le monstre qu’il était auparavant ?
Découvrez le second chapitre de la série événement de Jeff lemire (Descender, Extraordinary X-Men, Green Arrow) accompagné d’un artiste légendaire : Butch Guice (Action Comics, Captain America, Uncanny X-Men…).
Contient Bloodshot Reborn #6-9
Dans ce Bloodshot Reborn tome 2, Bliss Comics nous publie la fin du premier arc de la série. Ray Garrison, maintenant accompagné de Magic, doit mettre fin à l’infection des civils par les nanites. Ray doit donc absorber à nouveau les nano robots au sein de son organisme, pour les empêcher de nuire. C’était d’ailleurs tout le propos du premier tome, choisir ou pas de se sacrifier pour redevenir Bloodshot et ainsi stopper la dispersion des nanites. Sachez que la traque de Ray trouve ici une conclusion assez marquante mais complétement attendue, le sort du personnage est scellé depuis le départ. En parallèle, on suit l’enquête du duo Festival/Hoyt, les deux fédéraux chargés de poursuivre la secte du cercle rouge pour en remonter à la source. Leur enquête va les mener jusqu’au projet « Rising Spirit » avec un certain Harada, un autre personnage de l’univers Valiant ; rassurez-vous, cette référence à la continuité Valiant n’est pas un frein mais participe à ancrer légèrement le récit au sein d’un monde cohérent et partagé.
Le schéma narratif de Lemire est classique mais le traitement opéré sur Bloodshot est juste. Le lecteur oscille constamment entre la chute inévitable de Ray, chaque victime des nanites le rapprochant du Bloodshot, et sa rédemption construite comme un chemin initiatique. Finalement, Lemire insuffle tout au long du récit une sorte de contradiction sur l’identité même du personnage : comme si le retour de Bloodshot, pourtant l’ultime stigmate de la perte d’humanité, serait une sorte d’expiation pour le protagoniste principal. Ce principe de déconstruction – reconstruction du héros a déjà été vu (Daredevil Born Again, c’est notamment toi que je regarde) mais ce petit paradoxe narratif rend le tout original. Au-delà de ce questionnement, Lemire instille un rythme haletant durant ces 4 épisodes, le cliffhanger du 7ème numéro est assez insoutenable. La traque s’emballe tout du long et pourtant le lecteur peut souffler avec quelques très beaux moments. Tout comme dans Descender, la sensibilité et le caractère humain de tous les personnages sont des points centraux du style de Lemire. Cette émotion est diffusée via le couple Ray/Magic dont la relation est très touchante et cache quelques scènes déroutantes. C’est d’ailleurs un autre aspect dominant de la série : les références cinématographiques. Je vois clairement du « Silence des agneaux » ou encore « No Country For Old Man », dont le titre collerait d’ailleurs très bien à la série. Il n’est pas anodin de voir que le futur arc sera comme un Mad Max version Bloodshot et tout ça fait très envie. Le comic emprunte aussi au genre du western, spécialement sur certaines cases cadrées sur le regard profond des personnages.
Toute cette ambiance est appuyée par une partie graphique moins percutante que celle du tome précédent. En même temps, Mico Suayan était le mélange quasi parfait entre Jerome Opena et Lee Bermejo, ce qui laisse rêveur il faut le dire. En tout cas, c’est Butch Guice qui s’occupe de tous les numéros de ce tome. C’est un dessinateur de renom qui travaillé sur quelques gros titres : Action Comics, Captain America et Winter Soldier version Brubaker … Pour avoir lu et regardé ces deux dernières séries, je trouve son travail sur Bloodshot inférieur. Le cases les plus serrées sur les visages sont très détaillées et renforcent le réalisme « ciné », mais dès que les plans sont plus larges, le tout me semble bien plus brouillon.
Sur les plans les plus serrés, Guice excelle.
C’est très clair dans les séquences dans les champs de maïs ou celui dans la fôret à la fin, où le trait me semble juste esquissé. On pourra quand même compter sur certaines doubles pages de folies, dont je ne dévoilerai pas le contenu. Un mot sur le découpage, là aussi classique sur l’ensemble du tome. Mais sur ces mêmes doubles pages, Guice se lâche complétement pour nous faire des compositions très travaillées, lisibles mais sans jamais les surcharger.
Enfin, un mot sur l’édition de Bliss qui est très correcte : chapitrée, quelques bonus, un prix convenable par rapport à la pagination (la Rage d’Ultron c’est 112 pages pour 18€ ….), c’est assez irréprochable pour ce nouvel acteur du comics français.
La série Bloodshot Reborn est un must-read de chez Bliss Comics. C’est à la fois dur, violent et touchant, une parfaite synthèse du style de Lemire. Je recommande vraiment de lire les deux tomes à la suite pour vraiment apprécier le chemin parcouru par Ray Garrison. Je ne sais pas si l’univers Valiant prend en France, mais en tout cas vous avez ici un super récit adulte avec une partie graphique globalement très solide (mention spéciale au premier tome, à tomber). N’hésitez pas à laisser une note et un commentaire.