Inhumans : Rois d’hier et de demain (VF – Panini Comics)

Les brumes ont depuis longtemps nappé les marais inhumains. Depuis cette époque folle de la propagation, de Joe Madureira et du nouveau venu Charles Soule, il s’en passé, et nous à autre chose. Les Inhumans se sont fondus dans, et en, un brouillard épais. Charles Soule mène la barre, vers un cap inconnu. La surenchère mutante est le coup de trop. Cet univers, au départ foisonnant, n’intéresse plus personne. D’ailleurs, la suite s’assombrit pour eux, mais c’est une histoire pour une prochaine fois, à venir. Toutefois, deux exclusivités sont à considérer. La première c’est avérée absolue, Karnak de Warren Ellis, l’autre, par Christopher Priest devait confirmer, ça tombe bien. Ça tombait bien. 

La mini série présente, en 5 numéros, n’a pas réellement d’ambitions conscientes. Je suis franchement incapable d’extirper les intentions de la série, pourquoi les personnages se battent, fuient … Les deux frères sont obligés de courir, Medusa les rejoint, Karnak s’immisce sans trop de raison et Triton patauge dans une cuve tout du long. L’impression de perdition enfle graduellement au cours des pages, si bien qu’une fois terminées, il n’en ressort absolument rien. Il est d’autant plus difficile d’extraire plus que le simple récit d’aventure, le discours est trop mince pour compter. Une analogie de la fugue adolescente, du plafond de verre, du poids des responsabilités ou celui de la destinée, j’essaye d’y trouver un sens, absent en définitive. Priest adopte une narration confuse, où les scènes ont un mal fou à se connecter les unes à la suite des autres. Des têtes connues se faufilent sans motif. Du Wizard dans sa stature de pauvre manipulateur, à Spider-Man bouffi, Priest emploie des noms, seulement des noms. Il s’obstine à inscrire son récit dans des chapitres sur cases noires embrouillés, qui n’annoncent rien. Mon hermétisme se confirme après plusieurs appréciations de l’auteur, sur Black Panther, Deathstroke et maintenant Inhumans

Il retrouve une subtilité pour Maximus, dont la folie latente présage, à raison, du pire. Une médication de toujours, une instabilité générale, parfaitement implantée dans l’esprit du personnage, comme dans le notre.  Blackagar Boltagon peut lui aussi déjà compter sur un silence assourdissant de charisme et d’assurance. L’auteur embellit son récit par quelques références aiguisées à des numéros particuliers dans un semblant de continuité jointe enviable. La satisfaction est maigre. Phil Noto est là, lui, pour nous ravir dans une douceur classieuse qui siège royalement à cette famille. 

Rois d’hier et de demain est une amertume d’aujourd’hui. Priest, à la plume plébiscitée, ne se dégage pas de sa manière que je ne comprends pas. Le récit est trop uniforme, sans aspérité. Cet exercice des origines rejoint immédiatement le classeur de famille, celui que l’on regarde puis que l’on range, au fond, derrière.