Iron Man & Avengers #1 (VF – Panini Comics)

Nouveau numéro 1 par Panini qui profite de la fin de Civil War II pour relancer toute son offre presse, sans doute aussi pour contrer les tous récents numéros #1 d’Urban, largement justifiés dans leur cas. Le sommaire est sensiblement le même que la mouture précédente, à ceci près que Captain Marvel rejoint le kiosque. La pagination est très généreuse, pour un tarif qui passe à 5.50€, la couverture est magnifique, mais l’édition n’est que partiellement réussie. 

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[toggle title= »Invincible Iron Man #14 – 6/10″]

Scénario: Brian M Bendis – Dessins: Mike Deodato Jr

La série Iron Man par Bendis se termine dans ce numéro 14, toujours en lien avec Civil War II. Si vous êtes allergique au style de Bendis, fuyez pauvre fou : cet épisode n’est en fait q’une discussion qui s’étale sur plusieurs pages, entre Carol Danvers et Tony Stark. Pour soulager leur conscience et détendre leur tendance alcoolique, les deux se retrouvent maladroitement dans une séance des alcooliques anonymes. Le hasard fait bien les choses, ils choisissent la même réunion, au même endroit, au même moment. Plutôt que de se battre bêtement, ils profitent de cette occasion pour se livrer, se confesser. L’échange est correctement écrit, s’étire légèrement, mais apporte l’aspect émotif fort, absent du Civil War II #8, consacré au combat final. Ces deux géants partagent des sentiments communs, parfois profonds. Cependant, leur position éthique autour du cas Ulysse et Morales, empêche toute résolution pacifique du conflit. Bendis conclut sa série avec l’élément central d’International Iron Man, la mère de Tony. Cette conclusion sert aussi aux deux nouvelles itérations d’Iron Man qui se dévoilent, et que l’on découvre en partie dans la suite. 
Deodato aux dessins, même commentaire tous les mois : j’aime pas. 

Cette conclusion constitue un complément intéressant à Civil War II, développe la relation intime entre les deux adversaires. Maintenant, la longueur et le manque réel d’avancée m’empêche d’apprécier la proposition. Cette série est à lire uniquement pour son premier arc, avant de rouler dans un sac de nœud parfois mauvais, parfois incohérent, une lecture dispensable. Bendis ne perd pas de temps, rempile pour deux spin-off de l’Homme de fer, qui seront publiés dans ce même kiosque. 

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[toggle title= »Infamous Iron Man #1 – 7/10″]

Scénario: Brian M Bendis – Dessins: Alex Maleev

Si Marvel voulait achever une communauté déjà chauffée à blanc par le ralliement de Captain à l’Hydra, c’est chose faite avec cette toute nouvelle série Infamous Iron Man : Fatalis reprend l’armure d’Iron Man, après sa défaite dans les dernières pages de Civil War II. Il faut dire que Bendis avait établi cette nouvelle relation entre Tony et Victor, et depuis le tout premier numéro d’Invincible Iron Man, il y a un an maintenant. On apercevait, sans vraiment saisir ses motivations, un Fatalis qui cherchait à corriger ses méfaits. Le docteur serpentait autour de Tony, interagissait notamment avec Amara, en s’intéressant à ses recherches médicales. Bendis continue et développe mais reste bien trop timide en révélations. Le rôle de Fatalis dans l’univers est encore très obscur : rédemption, plan destructeur, rien n’est clair et tout reste à faire. C’est bien ce manque de direction générale qui m’empêche de me plonger pleinement dans cette proposition, plutôt attrayante sur le papier. Cependant, comme International Iron Man, les liens familiaux devraient être au centre de la série, les indices sont pour l’instant trop ténus pour conclure quant à la pertinence d’une telle thématique ici. Maleev s’allie de nouveau à son scénariste favori et son travail est au niveau, efficace mais sans réel génie pour le moment. 

Infamous Iron Man, premier spin off d’Invincible Iron Man, commence lentement, assure ses prises. Le changement du porteur de l’armure est attractif, original, même si les lecteurs les plus fanatiques crieront à la trahison. Je préfère néanmoins souligner la prise de risque et l’originalité, la stagnation est le mal premier des comics mainstream, nous jugerons après quelques numéros de la convenance de ce changement. 

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[toggle title= »Mighty Captain Marvel #0 – 3/10″]

Scénario: Margaret Stohl – Dessins: Emilio Laiso, Ramon Rosanas

Carol Danvers avait un rôle clé dans Civil War II, elle représentait l’interventionnisme intensif et menait l’opposition face à Stark. A l’issue de l’affrontement final, Danvers sortait victorieuse, mais on la sentait marquée durement par le coma de son ancien comparse vengeur. Il est donc évident de voir cette série apparaître au sortir de CWII, je m’attendais à une vision traumatisée mais forte de Captain Marvel. La détermination du personnage, associée à ses responsabilités récentes : sa position dans CWII, son commandement du SWORD et d’Alpha Flight en faisait un personnage multi-tâches. C’est un plantage complet ! Carol ne semble pas spécialement affectée, ses responsabilités immenses sont à peine évoquées dans ce miroir, pour le coup intéressant, de la situation migratoire qui touche notre monde. L’univers Marvel est soudainement atteint d’un vent migratoire intense, de nombreuses frégates clandestines accostent dans des camps de réfugiés stellaires, et le social caractéristique de l’éditeur est donc présent ici. Mais c’est tout ! La série s’inscrit carrément dans ce ventre mou éditorial, une série à peine sympathique, teintée d’un humour manifeste qui n’a résolument pas sa place dans une série avec un tel personnage ; la légèreté qui se dégage ne s’ajuste pas du tout à la situation actuelle de Carol. Le style graphique ultra générique n’aide pas à s’impliquer, Carol n’est à aucun moment « Mighty ». Les artistes ne sont clairement pas au niveau attendu. 

Ce n’est qu’un numéro 0,  nous ne sommes pas à l’abri d’un revirement complet dès le mois prochain. En l’état, cette introduction est simplement hors sujet, ce numéro loupe ses enjeux, et ne rend pas honneur à un personnage dans une situation inédite. 

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[toggle title= »Mighty Thor #13 – 7.5/10″]

Scénario: Jason Aaron – Dessins: Steve Epting

Aaron nous avait laissé sur ce numéro de pause, entre conte et légendes autour de l’essence du marteau divin. Plus de grands récits oniriques, Aaron retrouve sa grande intrigue de la conquête du Royaume Alfheim des Elfes Blancs par les hordes de Malekith. Ce domaine paisible est alors soumis à sa barbarie et à sa malice sanguinaire, le but final étant de conquérir les 9 Royaumes. L’Arbre Monde est menacé, Thor ne peut pas laisser passer cet affront, décide de combattre et de défaire le joug du tyran. Elle va y aller, mais elle ne va pas y aller seule. Elle s’entoure de compagnons plus fantastiques les uns que les autres (un elfe blanc mousquetaire, un nain dynamite, un troll, un géant des glaces, un druide, Angela ou encore Sif) et les similitudes avec une certaine communauté m’ont enchanté. L’alchimie entre les différents personnages est très agréable, tous ont leurs motivations mais ils ne peuvent rester indifférents face à cette menace commune. L’opération consiste à secourir la Reine des Elfes Banlcs, retenue prisonnière. Malheureusement, le sauvetage est un plantage complet et cette compagnie se retrouve en bien mauvaise posture sur la dernière page, dont il faudra éclaircir la position de Loki d’ailleurs. Aaron embrasse cet héritage fantasy du monde de Thor, je ne peux qu’adhérer, le numéro est plaisant et continue cette maxi intrigue de la Guerre des Royaumes. Étrangement, Steve Epting officie sur ce numéro. Lui qui avait révolutionné Captain America il y des années, le voir ici m’a étonné… et pas forcément en bien. Alors c’est très propre, mais il manque la folie artistique d’un Dauterman, et l’ensemble parait bien fade voire bâclé tant Epting ne semble pas impliqué. De même, j’ai du mal à saisir la pertinence du choix d’Epting, tant son style colle bien plus au genre du polar. Dauterman se fait désirer, son retour n’en sera que meilleur. 

Fantasy et Thor se conjuguent à merveille, la proposition est efficace et réjouissante. Aaron n’oublie pas son intrigue globale et avance ses pions au fur et à mesure. La partie graphique est en deçà, Steve Epting n’est pas à sa place sur ce genre particulier. 

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[toggle title= »Catpain America : Sam Wilson #14 – 9/10″]

Scénario: Nick Spencer – Dessins: Paul Renaud

Pas de changement, c’est toujours aussi bon. Les deux Captains se retrouvent dans cet épisode pour affronter Ultimatum, mercenaire qui souhaite combattre par les armes l’impérialisme américain. Le message est classique mais reste toujours aussi pertinent : s’opposer au poids de la finance, du capitalisme et la gouvernance des multi-nationales par le terrorisme. Propos déjà traité dans d’autres médias mais qui sied parfaitement à la narration toujours plus actuelle de Spencer, qui vient y mêler le symbole de liberté du Captain. L’auteur n’oublie pas d’incorporer les manipulations de Steve qui va lentement étouffer Sam. Les deux séries n’en finissent pas de se connecter, la toile génialement morbide de Steve s’étend et s’épaissit, et la déflagration attendue risque d’être énorme. Paul Renaud, habitué de cette série, est toujours aussi juste. Bien que cet artiste ne me touche pas spécialement, son trait reste clair et précis, mais surtout lisible. 

Une série à la qualité progressive, la montée en pression est géniale. Sam se fatigue à combattre l’injustice sociale tout en se faisant harponner par le plan de Steve, une réussite du catalogue marvel, assurément. 

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[toggle title= »Catpain America : Steve Rogers #7 – 9.5/10″]

Scénario: Nick Spencer – Dessins: Jesus Saiz

La série jumelle de Spencer continue de développer lentement mais sûrement le cas Steve Rogers, et que c’est bon ! Alors on reste dans l’opposition sourde des visions de l’Hydra, ça peut faire redondant, mais le propos très actuel de Spencer est toujours aussi pertinent. La place est faite à Crâne Rouge, qui au travers d’un coup d’état en Sokovie, mène une politique de reconstruction de son organisation, une reconstruction qui en sous main sert les intérêts de Steve. Je dois dire que suivre d’un côté l’idéologie du Crâne, tout en sachant que ce dernier n’est qu’un pion de l’échiquier géant de Cap est particulièrement savoureux. Spencer ne va pas se contenter de développer les idéologies mises en jeu, il apporte une élément de rétro continuité aussi fort que le Hail Hydra du numéro #1. En effet, Steve est lié d’un lien de fraternité profond avec Helmut Zémo, le Baron Zémo ! Spencer propose là une filiation dingue entre deux ennemis classiques, Zémo est responsable de la mort de Bucky, avant son retour des mains de Brubaker. Ce qu’ose Spencer dans ce numéro est très épicé, fera hurler les frénétiques du soldat au bouclier, mais que l’initiative est originale. Mois après mois, le travail de ce scénariste résonne fortement, constitue un run mature, engagé avec un propos social et politique. Ajoutons à ça un Jesus Saiz remarquable aux pinceaux et vous obtenez un numéro construit, effronté qui dynamite un personnage trop souvent dans sa zone de confort. 

Je me répète, mais Spencer est peut être le meilleur scénariste Marvel du moment, voire même de l’industrie mainstream, sa série s’installe donc comme l’une des meilleures sur la scène du comics. 

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Ce kiosque s’installe de nouveau comme le meilleur choix dans l’offre presse Panini. Les séries sont toutes bonnes et je laisse une seconde chance à Captain Marvel. Aaron et Spencer, avec leur univers respectif, s’installent vraiment comme ce qui se fait de mieux dans le paysage mainstream
Pour ce qui est de l’édition, Panini nous propose donc un énième numéro 1. Et on comprend que la pertinence d’une telle renumérotation est nulle. Au sommaire, la conclusion d’une série, son spin-off, une série lancée suite au précédent événement, Aaron qui continue sa première histoire installée depuis maintenant une bonne année et Spencer mérite vraiment qu’on se plonge en profondeur dans son travail, et dès le départ. Vous voyez où je veux en venir, ce kiosque n’a rien d’une porte d’entrée et n’est clairement pas à conseiller aux nouveaux lecteurs. Seule la concurrence face aux nouveaux #1 d’Urban (justifiés dans leur cas, je me répète) motive cette entreprise, la politique d’accueil vanté par Panini dans l’introduction est totalement absente, attention lors de l’achat.

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