Après un tome 5 qui avait furieusement remis la série sur de bons rails, Nailbiter revient pour achever ce si beau voyage au cœur de l’horreur. Joshua Williamson a la lourde tâche de conclure son histoire de serial killers.
La plaisanterie a assez duré, l’agent Crane est bien décidée à résoudre l’énigme des bouchers de Buckaroo, d’autant plus, avec les révélations du tome précédent, qu’elle se retrouve désormais personnellement impliquée.
Durant les trois premiers épisodes, Williamson va ressemer quelques éléments de suspense bien vus qui nous tiennent à nouveau en haleine. Où est passé Finch, que va faire Warren une fois libéré, pourquoi la Blonde est-elle revenue en ville ? Autant d’indices intrigants que Williamson sait rudement bien mettre en scène. Mais le scénariste doit conclure sa série. Il choisit alors de nous révéler les dessous de ce nid de Serial killers par un procédé facile et très classique : la révélation croisée par plusieurs personnages impliqués dans l’histoire. Compte tenu de la force et l’originalité de la série jusque-là, on était en droit d’espérer mieux. L’auteur livre en une poignée de pages l’origine plus ou moins scientifiquement justifiée des bouchers. Si l’ensemble paraît cohérent avec le déroulé de la série, la justification n’est que très moyennement satisfaisante et tombe un peu à plat. Elle paraît de surcroît vite expédiée et un peu précipitée. Quelques éléments ne sont guère convaincants, comme le coup du révélateur génétique, même s’il propose une séquence pleine de suspense.
Si l’épilogue de la série montre, une nouvelle fois, la qualité de la narration du scénariste, il contient quelques éléments un peu précipités et parfois saugrenus de par le ton employé, comme ces trois pages sur Finch, au burlesque qui tranche avec le reste de la série.
Néanmoins, Williamson et son compère Mike Henderson, sans qui la série n’aura pas eu cette qualité et cette originalité, montrent une nouvelle fois leur force narrative. Un sens du cliffhanger assez remarquable, une science de la mise en page, une maitrise des codes du genre, une façon de focaliser l’attention du lecteur sur les éléments importants sont autant d’éléments qui nous ont charmé depuis le début de la série.
Faut-il pour autant se précipiter de mettre au feu les 6 tomes de la série ? Clairement non. Ces 30 épisodes auront constitué de la part des auteurs un jeu sur les codes de l’horreur assez remarquable et abouti, seulement terni par une fin mitigée. Chaque lecteur estimera si cela justifie de faire de la place pour 6 nouveaux comics dans sa bibliothèque déjà copieusement remplie.
Ce tome 6 conclut de façon cohérente mais moyennement satisfaisante une série palpitante et originale, portée de bout en bout par le magnifique travail graphique de Mike Henderson.