« J’arrive », était ma conclusion impressionnée du premier tome, derrière lequel ne se cachait pas Scott Snyder très fier de relater les aventures des Plus Grands Justiciers de la Terre. Un volume, cela n’aura duré qu’un volume. Je vais invoquer ici l’indicateur « temps de lecture ». Ce tome 2 s’échoue en une expérience pénible, faite de brasses longuement étalées. Un bouquin qui m’aura demandé plusieurs pénibles sessions de lecture. Une lecture décousue cache souvent une anguille filante sous la roche. New Justice tome 2 – Terre Noyée est cette anguille.
Cet épais volume remue les remous de la chasse aux Objets, de lieux Antiques et la pêche au gros. Scott Snyder est un marionnettiste trop habile pour s’en contenter. Rapidement Aquaman maquereau barbu ouvre les boites du Triumvirat des Dieux, Kormor, Mukuss et Vogue, trois divinités marines, mais de l’espace. Kormor rend l’encre encore plus noire en libérant les eaux du Déluge qui va noyer la Terre. Le Kraken cosmique commence à inonder le monde, des eaux extraterrestres violettes se déversent sur la planète et des millions de personnes sont transformées en cauchemar d’Innsmouth. Mais Scott Snyder est un marionnettiste trop ambitieux pour s’en contenter. Poséidon, Arion, la Larme de l’Extinction, le Kraken de la Mort, il réitère ses majuscules accolées partout, pour nous surplomber de sa côte salée.
Scott Snyder ne cherche pas bien loin, donne un simple coup d’épaule et contemple Aux Origines, puis le Trône de l’Atlantide de Johns, se retourne et réécrit. Terre Noyée est cette histoire de l’immersion, de la chute d’Aquaman et de secrets du passé. Une histoire qui se veut massive, mais qui coule avec son boulet enroulé autour du mollet. Une histoire au cours de laquelle le niveau de l’eau est suffisamment haut pour recouvrir les villes et les buildings, mais insuffisamment déferlant, il semblerait, pour détruire. Une histoire qui emporte ses personnages dans un rouleau et n’épargne qu’Aquaman qui plonge à la poursuite de l’artefact salvateur, celui des dernières pages. Une histoire qui n’évite pas le ras de nausée du héros soumis à l’autorité invasive, perdu dans son discours du pardon, pour se racheter, puis, pour se rappeler les raisons du combat à mener. L’histoire est un volume démersal, ballottée entre les sommets de la Totalité (très bon team comicbook cosmique), et les fonds gouvernés par Hitch.
New Justice tome 2 a tout du comicbook frénétique, où tout semble perdu. Mais ce n’est qu’une autre histoire d’invasion de la Terre déformée par la réfraction fatigante. La Totalité écumait les rives de l’aventure spatiale débridée, renouant avec la sève de la Justice League. Terre Noyée porte bien son nom. Puis, tous ces artistes s’ensablent. Francis Manapul seul maintient le cap. L’aptitudes de chacun n’est pas contestée, par contre, l’aptitude de l’équipe est plus contestable. Terre Noyée n’est pas ce grand bleu sublime de Jimenez, mais une flottille d’artistes désaccordés.
New Justice – tome 2 – Terre noyée est un cyprin doré abruti par les tours dans son bocal. Il n’y voit qu’un reflet déformé de ce qu’il prétend être ; un comicbook qu’il ne sera jamais. Scott Snyder gesticule esseulé dans une mare croupie dont nous détournons les regards. Le premier volume était une réussite, cette suite ne l’est plus du tout. Aller, salut l’Homme de l’Atlantide.