War Mother (VF – Bliss Comics)

Je suis bien béat devant mes derniers béguins de l’éditeur joie au parcours irréprochable. Si l’on se retourne, l’on dévisage les 3 traînards. Harbinger Renegade, Britannia, et maintenant War Mother tirent une langue bien pendue. Essoufflés par des antécédents publiés resplendissants, la triade citée s’efface fâcheusement. Si l’on rejoint les pronostics, de l’occultisme romain, ou du survivalisme ecolo féministe, les cartons étaient déjà pleins. Imaginez la déception alors que la toute dernière filiation avait vraiment tout pour nous emporter, à commencer par ce contexte en direct de l’année 4001. War Mother se veut dans la lignée de l’effondrement du Néo Japon. La mère guerrière ne se remettra pas de la chute en blocs. 

En guise d’amuse bouche, ce numéro justement tamponné par le soleil Rai(y)onnant, le tome s’ouvre sur 4001 A.D. War Mother. En quelques pages seulement, tout est placé : contexte, personnages, environnement … une exposition admirable au lieu du délaminage courant des rythmes dans le comicbook. Ce qu’il faut en retenir, un monde terrestre abandonné où une localité, le Bosquet, survit grâce aux sorties de la War Mother. Ce personnage ravi taille ce monde hostile pour assurer la pérennité du groupe. Les auteurs, scénaristes et artistes ne se sauveront pas. Tout un tome où la mère bide ronde, à la recherche de ressources, d’un abri. Ce nouvel inédit par Bliss ne captive pas. 

Le second point évident d’un bouquin illustré, le dessin. Là encore, les deux artistes et surtout Segovia n’arriveront pas à transcender des écrits camards. Il n’y a pas de saillie illustrée, quand bien même ce monde perdu jure sec, sans imagination, sans décor lunaire, ou sans décor reconquis par une nature de nouveau chez elle. Pas de commentaires non plus, aux pinceaux donc, comme aux crayons, sur la dénonciation du désastre écologique. Pas de commentaires non plus sur la stérilité génétique du personnage meneur. Pour une mère, une guerrière, le coche est raté. Ce personnage qui d’ailleurs est l’une des rares forces du tome. 

Engagée, intrépide et implacable, la War Mother est bien cette élite unique. Flaco, son intelligence dont nous ne savons encore rien est à lui seul une merveille de sommité numérique amorphe. Cet écran littéralement plasma pince sans ride, avec amusement et sarcasmes. 

L’horizon a bien du mal à percer sur une nouvelle série sans aube. Comme pour Britannia, le tome 1 n’est pas réussi. Il se pourrait bien que Bliss louvoie au creux de la vague, à moins d’un tir sanglant salvateur ?