Sam Beck : « Il y a quelque chose de mystérieux dans le fait d’entrer dans un monde où les règles sont totalement différentes des nôtres ! »

Autrice complète, l’américaine Sam Beck nous a plongé dans Verse, son univers de Fantasy riche et complexe, dans un premier volume merveilleux ! Elle nous livre quelques clés de la création de ce comicbook prévu en trois volumes chez Komics Initiative !  

For English speakers, please find lower the interview in its original version.


Parcours artistique

Quel a été votre parcours pour devenir dessinatrice de bande dessinée ?

Sam Beck : Je dessine depuis que je suis toute petite, mais ce n’est qu’au lycée que j’ai commencé à vouloir dessiner mes propres histoires. J’ai obtenu mon diplôme et j’ai travaillé comme graphiste pendant plusieurs années avant de quitter mon emploi. J’ai décidé de tenter ma chance en travaillant à plein temps dans la bande dessinée. Heureusement, ça a marché et je continue de dessiner et d’écrire des bandes dessinées aujourd’hui !

Fantasy

Les univers de magie et plus généralement de fantasy vous ont-ils toujours séduit, en tant que lectrice ou spectatrice ? 

Sam Beck : La fantasy a toujours été mon genre d’histoires préféré. Qu’il s’agisse d’un roman, d’une bande dessinée ou d’un jeu vidéo. Je pense qu’il y a quelque chose de mystérieux dans le fait d’entrer dans un monde où les règles sont totalement différentes des nôtres. On a l’impression que les possibilités d’exploration et d’imagination sont infinies. En tant qu’autrice, mes histoires fantastiques ont également tendance à se dérouler dans des environnements où la nature et les paysages majestueux sont omniprésents. J’ai l’impression que ces éléments vont très bien ensemble, et c’est l’une des choses que j’aime le plus dessiner !

Verse

Comment est né l’univers de Verse ? Y a-t-il eu une longue gestation pour arriver au comic que nous avons entre nos mains ?

Sam Beck : J’ai commencé à penser à Verse en 2014, mais je n’ai commencé à l’écrire qu’en 2017. Il a subi quelques changements importants entre-temps, passant d’une histoire pour enfants à quelque chose davantage destiné aux adolescents et aux jeunes adultes. L’un des changements les plus importants a été la création d’un monde où les gens ne pouvaient pas utiliser la magie (à part le personnage principal, Neitya). On est passé d’un monde de hard fantasy (comme le Seigneur des anneaux) à un environnement relativement peu magique. Je voulais que la magie soit quelque chose d’effrayant et d’inconnu pour les personnages, de sorte qu’elle leur soit inaccessible et qu’elle soit entourée de mystère.

Votre récit repose beaucoup sur la caractérisation de vos personnages. C’est une chose sur laquelle vous avez beaucoup travaillé ? Que vous avez fait évoluer au fil de l’écriture en changeant quelques éléments ou tout était déjà clair au départ ?

Sam Beck : Les histoires basées sur les personnages sont très importantes pour moi. Si mes lecteurs ou moi-même ne nous intéressons pas profondément aux personnages, aucune construction du monde ou de l’intrigue ne pourra rendre l’histoire intéressante. Un point de départ important est de comprendre en profondeur ce qui motive vos personnages, ce qui déterminera la façon dont ils réagissent dans différents scénarios. Ils prennent leur propre vie et le dialogue s’écrit tout seul.

Verse contient son lot de scènes d’action mais ce sont surtout les scènes de dialogues et d’échanges entre personnages qui nourrissent votre histoire. Ce sont des scènes que vous aimez beaucoup écrire ? Qu’apportent-elles à votre univers ?

Sam Beck : Je pense qu’il est évident que j’adore écrire les interactions entre les personnages ! Elles sont au cœur de l’histoire. Verse n’est rien sans les relations entre les différents personnages. Bien sûr, Fife et Neitya sont les personnages principaux, mais je veux accorder la même attention à tous les personnages. Chacun d’entre eux a sa propre histoire et ses propres antécédents. Même si nous n’entendons jamais explicitement parler de leurs motivations, en tant qu’auteur, je comprends ce qui les motive et je peux donc les rendre vivants et multidimensionnels. Il n’y a pas de risque ou d’action sans personnages bien formés dans une histoire, car nous avons besoin de quelqu’un à encourager !

Vous traitez du thème de la différence et de l’acceptation à travers le personnage de Neitya. Qu’est-ce qui vous a donné envie de traiter de ce thème ?

Sam Beck : Je pense que c’était une évolution naturelle de son personnage. Malgré la diversité du casting, Neitya est toujours un outsider visible, et son voyage pour découvrir qui elle est et l’accepter est son principal motif tout au long de la série.

L’univers graphique

Comment avez-vous travaillé sur les designs de personnages ? Ont-ils beaucoup évolué par rapport à votre idée initiale ?

Sam Beck : Lorsque j’ai commencé à réfléchir à cette bande dessinée, je la destinais à un public beaucoup plus jeune, et les personnages étaient donc très caricaturaux. Au fur et à mesure que je l’affinais, ils sont devenus un peu plus matures, tout en conservant le même « ADN » que celui de leurs toutes premières esquisses. Je ne comprends vraiment à quoi ressemblera un personnage qu’au bout de 40 pages d’une bande dessinée, ha ha.

Votre univers évolue dans une ambiance très médiévale. Pourquoi ce choix ?

Sam Beck : Je suis une grand fan de fantasy se déroulant dans cette atmosphère médiévale. J’aime dessiner des châteaux, des ruines et de grands paysages « intacts ». Je trouve que c’est un cadre qui permet beaucoup. Bien sûr, il faut faire beaucoup de recherches sur des choses comme la conception des armes et la façon dont les maisons étaient construites. Mais en fin de compte, il s’agit d’un monde entièrement fantastique, et je peux donc me permettre beaucoup de choses !

Vous réalisez dessin et couleurs. Comment travaillez-vous ? Traditionnel ? Numérique ?

Sam Beck : Je travaille entièrement en numérique. Verse a commencé comme un webcomic hebdomadaire, donc avec un tel rythme, je ne pourrais jamais travailler de manière traditionnelle, je n’en ai ni la patience ni les compétences.

Les teintes choisies donnent immédiatement une singularité à Verse. Ce choix de couleurs mates était-il une évidence dès le début ou cela a-t-il demandé de nombreux essais ?

Sam Beck : Une grande partie des décors du livre 1 est inspirée de lieux du Royaume-Uni, principalement de l’Écosse. J’accumule les images et je m’y réfère beaucoup pour éclairer mes couleurs. J’ai abordé les couleurs de Verse de manière très naturaliste. Je voulais qu’elles aient l’air « réelles ».

Projets et lectures

Deux volumes de Verse sont pour le moment parus. Quelle est votre ambition pour développer cet univers, en termes de volumes et de durée de publication ?

Sam Beck : Verse est une trilogie, alors croisons les doigts pour que nous ayons bientôt une date de sortie pour le tome 3 car il est entièrement terminé et patiente sagement dans mon disque dur !

Avez-vous d’autres projets en cours ?

Sam Beck : Je suis actuellement l’artiste d’une série fantastique secrète, et je développe également une autre bande dessinée dans un cadre cyberpunk (quelque chose d’entièrement différent de Verse) ! Un roman graphique intitulé Loving, Ohio (Dark Horse), écrit par Matthew Erman et dessiné par moi, sortira l’année prochaine. Il s’agit d’une histoire d’horreur originale sur la vie d’un adolescent dans une secte de l’Ohio.

Quels comics lisez-vous actuellement ? Des coups de cœur ?

Sam Beck : J’ai suivi Vinland Saga de Makoto Yukimura. C’est tout ce que j’aime dans les bandes dessinées : un cadre médiéval, des personnages très présents et des scènes de combat spectaculaires. Je la recommande vivement.

Entretien réalisé par échange de mails. Merci à Sam Beck pour sa disponibilité et sa grande gentillesse !


American author Sam Beck has plunged us into her rich and complex fantasy universe in an wonderful first volume! She shares with us some of the keys to the creation of this three-volume comic book.

Artistic path

How did you become a comicbook artist?

Sam Beck : I’ve been drawing since I was a little kid, but I only started to want to draw my own stories in high school. I graduated and worked as a graphic designer for quite a few years before quitting my job. I decided to take a chance to work full-time doing comics. It thankfully worked out, and I’m still drawing and writing comics today!

Fantasy

Have you always been drawn to the world of magic and fantasy in general, either as a reader or a spectator? 

Sam Beck : Fantasy has always been my favourite genre of stories. Whether it’s a novel, comic or video game. I think there is something mysterious about coming into a world where the rules are entirely different from our own. It feels like the opportunities for exploration and imagination are endless. As an author, my fantasy stories also tend to take place in settings that have a lot of nature and majestic landscapes. I feel like those things pair so well together, plus they are one of my favourite things to draw!

Verse – Writing

How did the Verse universe come about? Was it a long gestation period before the comic we have in our hands?

Sam Beck : I started thinking about Verse in 2014 but didn’t start writing it until 2017. It went through some significant changes in between that time from more of a children’s story to something geared towards teenagers and young adults. One of the biggest changes was creating a world where people couldn’t use magic (aside from the titular character, Neitya). It went from a high-fantasy world (think Lord of the Rings) to a relatively low-magic setting. I wanted magic to be something scary and unknown to the characters, so it became inaccessible to them and shrouded in mystery.

Your story relies heavily on characterization of the characters. Is this something you’ve worked hard on? Did you change a few things as you went along, or was everything clear from the start?

Sam Beck : Character-driven stories are very important to me. If me or my readers don’t care deeply about the characters, then no amount of world-building or plot can make the story good. An important starting point is to deeply understand what motivates your characters, which will determine how they react in different scenarios. They take on their own life, and the dialogue writes itself.

Verse has its share of action scenes, but it’s above all the dialogue and exchanges between characters that feed your story. Are these the scenes you most enjoy writing? What do they bring to your world?

Sam Beck : I think it’s obvious that I love writing character interactions! They are the heart of the story. Verse has nothing in it without the relationships between different characters. Of course, Fife and Neitya are the main characters, but I want to give the same care to every character. Each one has their own history and backstories. Even if we never explicitly hear about their motives, as a writer, I understand what drives them and can therefore make them feel alive and multi-dimensional. There is no risk or action without having fully formed characters in a story because we need someone to cheer for!

You deal with the theme of difference and acceptance through the character of Neitya. What inspired you to tackle this theme?

Sam Beck : I think it was just a natural evolution of her character. Despite such a diverse cast, Neitya is still a visible outsider, and her journey into discovering who she is and accepting that is her main motive throughout the series.

Verse – Graphic universe

How did you work on the character designs? Did they evolve much from your initial idea?

Sam Beck : When I started brainstorming this comic, I intended it for a much younger audience, so the characters were very cartoony. Over the course of refining it, they became a bit more mature but still kept the same « DNA » from their very first sketches. I only truly understand what a character will look like once I’m 40 pages into a comic haha.

Your universe evolves in a very medieval atmosphere. Why did you make this choice?

Sam Beck : I’m a big fan of fantasy set in this Medieval atmosphere. I enjoy drawing castles and ruins and large « untouched » landscapes. I find it a very forgiving setting. Of course, a lot of research is put into things like weapon design and how homes were built. Still, at the end of the day, it is an entirely fantastical world, so I can get away with a lot of things!

You’re in charge of drawing and coloring. How do you work? Traditional? Digital?

Sam Beck : I work entirely digitally. Verse started off as a weekly webcomic, so with that kind of pace, I could never work traditionally, I don’t have the patience or skill.

The shades you choose immediately give Verse its uniqueness. Was this choice of colors obvious from the start, or did it take a lot of trial and error?

Sam Beck : A lot of the scenery in Book 1 is inspired by places in the U.K., mainly Scotland. I hoard images and refer to them heavily to inform my colours. I approached the colours in Verse in a very naturalistic way. I wanted it to look « real ».

Projects and readings 

Two volumes of Verse have already been published. What are your ambitions for developing this universe, in terms of volumes and length of publication?

Sam Beck : Verse is a trilogy, so fingers crossed that we have a release date for Book 3 soon because it’s entirely finished and sitting on my hard drive!

Do you have any other projects in the pipeline?

Sam Beck : I’m currently the artist on a secret fantasy series, and I’m also developing another comic in a cyberpunk setting (something entirely different from Verse)! There is also a graphic novel coming out next year called Loving, Ohio from Dark Horse written by Matthew Erman with art by me. It’s an original horror story about being a teen in a cult in Ohio.

What comics are you currently reading? Any favorites?

Sam Beck : I’ve been keeping up with Vinland Saga by Makoto Yukimura. It’s everything I love in comics—a medieval setting, heavily character-driven, with spectacular fight scenes. I highly recommend it.

Interview made by email exchange. Thanks to Sam Beck for her availability and her great kindness.