Static (VO-Dark Horse Comics)

Static
Date de Sortie
28 avril 2021
Scénario & dessins
Matt Lesniewski
Couleurs
Carlos Badilla
Editeur
Dark Horse Comics
La note de ComicStories
10

Soufflés par ses prestations graphiques sur The Freak et Crimson Flower et charmés par son écriture sur le premier cité, nous sommes allés voir avec enthousiasme Static le nouveau Graphic Novel de Matt Lesniewski ! Débuté par un premier single sorti en 2019, Static sort aujourd’hui directement en Graphic Novel, l’artiste s’associant à Carlos Badilla aux couleurs.

Dans un futur plutôt inquiétant, Emmett est une sorte de chasseur d’animaux qui travaille pour Clay, un savant à moitié dingo qui utilise certaines parties de ces animaux pour des expériences étranges. Accro à une drogue, séparé de sa compagne et de son fils, endetté, Emmett déteste son job et aimerait changer de vie mais rien n’est simple. 

Matt Lesniewski démarre son histoire par une longue séquence muette où l’on voit Emmett blessé, allongé à terre dans sa cuisine où mégots et cadavres de bouteilles se disputent l’espace. Bâtit « uniquement » sur l’incroyable narration graphique de l’artiste, la scène donne le ton quant à l’ambiance et à l’ambition graphique du titre.

Matt Lesniewski conte la vie disloquée d’un type au physique hors norme qui cherche à changer les choses mais qui se trouve embarqué dans un tourbillon fait de drogue, de dettes, de vie sentimentale inexistante. L’histoire se place dans un univers futuriste sombre et aride où les humains sont isolés et méfiants. Les décors extérieurs évoquent le Far West où des bécanes rectangulaires aérodynamiques ont pris la place des équidés. Ici aussi, c’est chacun pour sa peau !

Le récit mêle thriller, action et science-fiction. A travers ses conflits avec ses créanciers et sa volonté d’échapper à l’emprise de Clay, Emmett se retrouve entrainer dans une forme de chasse à l’homme haletante ponctuée d’affrontements violents et sans pitié. Matt Lesniewski ne laisse aucune respiration au lecteur. Les ingrédients de science-fiction font appel aux expérimentateurs fous, fameux dans ce genre, mais l’auteur y ajoute son grain personnel. Clay est totalement hors-sol, finalement bien peu empathique et mène des expérimentations cruelles.

Malgré ce contexte oppressant et dur, Matt Lesniewski injecte une bonne dose d’humain. Emmett démontre toute sa bonté au fil du récit, ramenant l’espoir en ce monde décharné et sa compagne et son fils font l’objet de scènes où les relations humaines reprennent leurs droits. Et l’auteur présente, comme dans The Freak, un personnage principal qui, à force de volonté et de courage, change sa vie et trouve une forme de sérénité.

Matt Leswniewski livre, comme on a déjà pu l’observer sur The Freak ou Crimson Flower, une prestation graphique époustouflante. D’un point de la mise en page, l’artiste opère un travail incroyable. Jouant régulièrement sur des variations du gaufrier, il concasse ses pages en articulant ses cases pour offrir un rythme de narration assez bluffant. Nombre de séquences muettes bénéficient du story-telling de l’artiste, d’une fluidité limpide.

D’un point de vue des desgins, Matt Lesniewski travaille les corps – humains ou animaux – de son trait excessif. Veines épaisses courant tels des fleuves sur des corps tendus, contorsionnisme des squelettes, expressions irréelles des faciès parsèment les pages. Les colères et les bastons déchirent l’espace de leur dynamisme fou. L’idée géniale de la recomposition des corps animaux trouve une concrétisation graphique non moins géniale dans cette association quasi cubiste de pattes, de truffes, de griffes ou de carapaces. Matt Lesniewski livre des décors léchés, minutieux et riches en détails que cela soit dans des intérieurs plutôt banals et sinistres ou dans des extérieurs rocailleux tels des canyons américains.

Carlos Badilla vient apposer ses sublimes couleurs dans des tons bleutés pour les intérieurs, conférant une atmosphère oppressante de lumière diffusée par des néons essoufflés, et dans des tons ocres poussiéreux pour les extérieurs. Le mariage avec les dessins de Matt Lesniewski est parfait et offre une homogénéité et une identité graphiques à Static.

Static épate par son univers étonnant et son incroyable traitement graphique ! Matt Lesniewski régale le lecteur grâce à son imagination sans borne et son trait époustouflant ! GENIAL !

10
Points forts
Une partie graphique incroyable
Une histoire singulière et haletante
Une vraie folie traverse le récit
Un univers étonnant