Nous l’avons découvert à l’occasion de la parution du Gaphic Novel de Ed Burbaker et Sean Phillips, My Heroes Have Always Been Junkies, avec ses sublimes couleurs impressionnistes. Illustrateur sur de multiples projets, Jacob Phillips se lance aujourd’hui en tant que dessinateur et coloriste de comics avec That Texas Blood, co-créée avec le scénariste Chris Condon.
Dans une bourgade du Texas où tout le monde se connait, le sheriff Joseph Robert Coates, dit Joe Bob, vient d’avoir 70 ans – ce qui semble le tarauder un peu – et patrouille paisiblement en venant en aide à ses concitoyens. Mais un drame va bouleverser son existence.
Plus qu’une histoire policière dense, c’est une ambiance et des personnages que Chris Condon et Jacob Phillips élaborent. En faisant une certaine éloge de la lenteur, les auteurs s’attardent sur le personnage de Joe Bob et ses relations avec ses concitoyens, qui sont pour nombre d’entre eux des amis. Par des dialogues travaillés et précis, le parfum de cette petite ville texane apparaît sous les yeux des lecteurs. D’apparence sans histoire, la bourgade recèle son lot de secrets familiaux et de misères sociales. Joe Bob lui-même semble avoir quelques cadavres dans le placard. Les auteurs allègent cette ambiance qui va s’alourdir petit à petit avec un fil rouge humoristique autour d’une poêle à frire que doit récupérer Joe Bob pour sa femme.
L’ensemble fonctionne particulièrement bien et si l’on doit y trouver un petit défaut, ce serait d’avoir une légère impression de gout de trop peu en matière d’histoire, ce qui pourrait faire perdre à la série quelques lecteurs avides de rythme soutenu. On aurait sans doute aimé un épisode double pour démarrer. Mais That Texas Blood est une ongoing qui devrait – si les ventes le lui permettent – prendre le temps de faire chavirer le cœur des lecteurs amoureux d’ambiance mystérieuse et moite et de personnages construits sur la durée.
Jacob Phillips s’engage pour la première fois sur le terrain du dessin sur un comic et le pari est réussi. Si ses couleurs, que l’on connait bien, sont une nouvelle fois sublimes, bien qu’étant différentes dans leur élaboration de celles des titres de Brubaker et Phillips, son trait précis va à l’essentiel en privilégiant les compositions et le story-telling.