Participant à la deuxième vague de titres TKO Studios, The Banks se place dans la lignée des très bons The Sentient et Pound for Pound, et à mille lieux du mauvais Eve for Extinction. Scénarisé par l’universitaire et écrivaine Roxane Gay, dessiné par Ming Doyle et colorisé par Jordie Bellaire, The Banks aborde un genre différent des autres titres de l’éditeur, accentuant la diversité des comics proposés.
Les autrices narrent une saga familiale de voleuses professionnelles de mère en fille sur une période d’une quarantaine d’années, en concentrant l’essentiel de l’intrigue sur le présent où le trio grand-mère (Clara), mère (Cora), fille (Celia) s’apprête à commettre un nouveau forfait où se mêlent vengeance et ambiance « Robin des bois ».
Roxane Gay, connue pour ses essais sur le féministe, met en scène trois femmes liées par les liens du sang, deux d’entre elles étant des voleuses depuis toujours. La plus jeune, qui travaille dans le milieu bancaire, n’a jamais voulu céder à la « tradition » familiale et a plus ou moins rompu tout contact avec sa mère et sa grand-mère. C’est sur ce postulat que Roxane Gay va construire les relations compliquées entre ces trois femmes aux caractères bien différents et bien marqués.
La scénariste construit une intrigue de coup monté afin subtiliser un magot à un financier véreux. La trame à suspens est intéressante à suivre d’autant qu’elle met en exergue les relations des trois femmes, pilier central de The Banks. Par des flash-backs bien construits, la scénariste distille les éléments du passé qui vont nous faire connaitre cette famille qui sort de l’ordinaire. Chaque période est illustrée avec justesse par Ming Doyle. L’ensemble est crédible et les caractérisations des personnages féminins bien vues. On s’attache à ces trois héroïnes, aussi différentes soient-elles. L’on pourra trouver la plupart des personnages masculins – à l’exception du grand-père, voyou « initial », plutôt bien croqué – assez caricaturaux. Les méchants sont de vrais salauds sans part lumineuse, le conjoint de Clara est très naïf. C’est d’ailleurs les passages faisant intervenir les personnages féminins qui sont les plus intéressants.
Roxane Gay impose un fond social prononcé avec un milieu de la finance synonyme de malveillance, des voleuses façon Robin des bois, un couple homosexuel avec enfant. L’ensemble offre un contexte très actuel.
L’histoire se clôt malheureusement de façon un peu rapide et assez conventionnelle avec une fin « bon enfant » et un dénouement qui manque un peu de sang et de sueur. La tension qui monte petit à petit au fil du récit retombe légèrement comme un soufflet. Rien qui ne soit rédhibitoire mais on aurait aimé un achèvement plus original.
Aux dessins, Ming Doyle maîtrise bien l’ambiance imaginée par Roxane Gay, quelle que soit l’époque traversée. Son trait, très régulier, impose des décors très précis et immersifs. Sa collaboration avec Jordie Bellaire, aux couleurs, est particulièrement réussie, proposant des teintes variées en fonction des séquences. Comme d’habitude chez TKO, la partie graphique est de qualité et originale.
Chronique réalisée à partir de la lecture du volume VO.