Bloodshot Salvation tome 2 : Le livre de l’Apocalypse (VF-Bliss Comics)

Bloodshot Salvation tome 2
Scénario
Jeff Lemire, Ray Fawkes
Dessins
Renato Guedes, Doug Braithwaite, Juan José Ryp
Couleurs
Jordie Bellaire, Brian Reber, Andrew Dalhouse
Editeur
Bliss Comics
Prix
25€
Date de sortie
18/01/19
La note de ComicStories
6

Le réveil a eu lieu en 2016. Un nouvel éditeur ouvrait ses pages avec The Valiant. Nous sommes deux années plus tard, et ce qui était Bloodshot Reborn tome 0 s’achève donc 8 volumes plus tard. Ray Garrison s’était ressuscité, il trouve le salut au couchant de sa série. Bloodshot par Jeff Lemire s’est terminé en une petite apocalypse. Bloodshot Salvation tome 2 m’a déçu. Ne bousculons pas non plus certaines vérités. Le cycle Bloodshot Reborn est parmi ce que vous lirez de meilleur chez Valiant Comics (par conséquent chez Bliss Comics).

Je vois plus loin, et j’aime cette idée que Bloodshot Reborn (et toutes ses suites, les 8 volumes) compose une mélodie inédite, à l’échelle du menu monde du comicbook, voire plus encore. Bloodshot Reborn parvient à établir tout un développement concret sur la durée, près de deux ans, et abat l’épuisement éventuel du lecteur. Tous les tomes s’accaparent une intention, celle d’adapter un genre à celui de Bloodshot : le film policier noir, le futuriste hurlant, la traque amazone, la pandémie cadavérique, ces aperçus distincts de l’an 4001, ou d’un autre livre, celui des Morts ; Puis Salvation, totalement inclassable. Tous se suivent, tous se répondent, le suivant ne peut pas être lu sans le précédent et le dépaysement se remarque immédiatement. 

Maintenant, il reste une conclusion décevante, construite en reflet de la dilogie Reborn. J’exclus l’idée de révéler au cas par cases ce qu’il s’y passe. Mais, je ne peux pas éviter quelques détails crispants. Omen, rejeton du Rising Spirit récupère ce que Marvel fait de pire avec ces organisations criminelles ou gouvernementales, Hydra, S.H.I.E.L.D, A.I.M, P.R.S et donc Omen, la course à la paperasse armée nous épuise depuis trop longtemps. Le patrimoine bureaucratique de chez Valiant soulève les vieilles poussières dans lesquelles Rampage et son frère défiguré sont deux figures usées du méchant. Puis, Jeff Lemire titube sur quelques pages, voire quelques numéros. Cette plongée fantaisiste dans le monde des ossements hausse les yeux du lecteur. Des tentatives audacieuses de narration participent à une sensation de supercherie bien assaisonnée, les fondus au noir et des changements de point de vue n’y sont pas pour rien. Des exercices et des styles culottés avec lesquels l’auteur s’amuse mais dont nous résolvons très rapidement les devinettes.  

Cet ultime volume frustre l’instantanéité mais flatte de front l’assiduité. Jeff Lemire referme son registre où tout est mêlé, et tout prend sens. L’excellence sur la durée n’est pas remise en cause, certainement pas, mais il reste un épilogue amer pour nous, apaisé pour eux, les personnages. 

« J’ai su que quoiqu’il s’était passé auparavant, tout irait bien » cet extrait abrège toutes les formules. Bloodshot Reborn édifie un personnage de bloc en une masse d’argile malléable, mise en forme par le bustier Lemire en une statue qui bouge et qui avance. Fabuleux quand même. 

 

6
On aime
Deux années exceptionnelles
Accomplissement fictionnel
Cycle complet gratifiant pour l'attentif
Qualités graphiques constantes
On aime moins
Des détails et choix narratifs
Quelque chose d'incomplet pourtant
Des vieilleries encore
Manque de compléments éditoriaux