L’incroyable The Crimson Cage a été un coup de coeur inattendu ! Rencontre avec son dessinateur Alex Cormack qui évoque la création, en compagnie de John Lees, de ce thriller mêlant catch et horreur !
For English speakers, please find lower the interview in its original version.
Parcours artistique
Quel a été votre parcours pour devenir dessinateur de bandes dessinées ?
Alex Cormack : Enfant, j’étais le gamin de l’école qui savait dessiner. J’ai fini par aller à l’université et je me suis spécialisé dans les beaux-arts, puis dans la photographie, l’illustration et l’animation. Après l’université, j’ai réalisé quelques films d’animation qui ont été présentés dans des festivals et ont remporté quelques prix, mais je me suis rendu compte que dessiner les story-boards était ce que j’aimais le plus et j’ai pensé que la bande dessinée valait peut-être la peine d’être essayée. J’ai fini par publier un dessin au dos d’un numéro de SKULLKICKERS publié par Image comics, ce qui m’a permis de décrocher un emploi de dessinateur pour une anthologie et ma carrière a fait boule de neige à partir de là.
Collaboration avec John Lees
Vous travaillez avec John Lees depuis longtemps. Comment vous êtes-vous rencontrés et qu’est-ce qui vous séduit dans son écriture ?
Alex Cormack : John a publié un livre intitulé THE STANDARD chez ComixTribe, qui était et reste fantastique. Le PDG de ComixTribe, Tyler James, n’habitait pas très loin de chez moi et nous nous sommes connus dans des conventions de comics et des comics shops locaux. Tyler m’a demandé si je pouvais dessiner une couverture pour sa série Red Ten, ce qui m’a permis de travailler sur son anthologie OXYMORON, dans laquelle John a également écrit une histoire. Après cela, Tyler a commencé une autre anthologie pour la série SCAM et, comme l’histoire le dit, John a parlé à Tyler et lui a dit qu’il cherchait un artiste de type Alex Cormack pour son histoire et Tyler a dit qu’il était presque sûr qu’il pouvait l’avoir (moi) ! Nous avons fait cette histoire et nous nous sommes bien amusés. Peu après, nous nous sommes rencontrés en personne à la New York Comic Con, où nous sommes devenus amis. Peu après, nous avons fait une mini-série pour le personnage d’Oxymoron, puis nous avons lancé quelques idées et nous avons décidé de faire SINK, puis CRIMSON CAGE.
John est un auteur brillant, ses histoires sont toujours passionnantes, drôles, effrayantes, tout ce que vous voulez et espérez qu’elles soient. Il n’a jamais rien écrit de mauvais et même si je n’ai rien à voir avec les histoires, je les aime toujours ! MOUNTAIN HEAD est l’un des meilleurs page-turner que j’ai pu lire en bande dessinée, cet homme est brillant !
The Crimson Cage
Quelle était votre relation avec le monde du catch avant de travailler sur The Crimson Cage ?
Alex Cormack : Mon frère aîné est un grand fan de catch, mais aussi de bandes dessinées. Quand j’étais plus jeune, je lisais les bandes dessinées et les magazines de catch qu’il laissait trainer par terre dans sa chambre. Nous regardions toujours les grands événements de la WWF et il s’entraînait à me faire voir des étoiles. Quand il est parti à l’université en 1995, plus personne n’embêtait maman pour qu’elle mette le prochain événement en pay per view, et c’est à ce moment-là que j’ai vraiment arrêté de regarder le catch. Lorsque John m’a envoyé le scénario du premier numéro de CRIMSON CAGE, la nostalgie de mon enfance passée à regarder du catch m’a frappé de plein fouet et j’étais très enthousiaste à l’idée de travailler sur ce projet. J’en ai même immédiatement parlé à ma femme Ashley qui, voyant mon enthousiasme, m’a demandé si elle pouvait s’occuper des couleurs, ce à quoi j’ai répondu par l’affirmative !
Il est clair que vous et John vouliez livrer une histoire qui plairait à la fois au fan de catch, avec ses nombreux clins d’œil, et au néophyte qui découvre cet univers, avec vous-mêmes comme « professeurs ». Votre intention initiale était-elle de construire un environnement crédible et référencé ?
Alex Cormack : Absolument. La plupart des fans de BD sont aussi des fans de catch et nous voulions qu’ils sachent que nous savions de quoi nous parlions. C’est en grande partie ce qui est amusant dans la création d’une série comme celle-ci. John avait une liste de matchs qu’il voulait que je regarde et des lutteurs spécifiques à garder à l’esprit lorsque je travaillais sur la conception des personnages. Nous avons même créé un magazine de catch pour la promotion, basé sur WRESTLING ILLUSTRATED, et nous avons fait en sorte que les intérieurs aient l’air d’avoir été imprimés en noir et blanc sur du papier journal !
La chorégraphie des matchs de catch est particulièrement réussie ! Comment avez-vous travaillé dessus ?
Alex Cormack : Je vous remercie ! John avait dans les scripts des mouvements spécifiques qu’il voulait montrer et pour le reste, comme je l’ai dit, j’ai regardé beaucoup de matchs de la fin des années 70 et du début des années 80. Heureusement, avec John et mon frère, j’avais deux historiens du catch à ma disposition, c’était génial ! Une chose que j’ai faite aussi, c’est de me filmer en train de faire les mouvements sur une version invisible de moi-même ou sur un oreiller de canapé pour avoir une idée de ce à quoi un mouvement peut ressembler à partir de différents angles. J’espère que cette vidéo ne verra jamais la lumière du jour.
The Crimson Cage n’est pas seulement un comicbook sur le catch. C’est aussi un thriller d’horreur intense et gore. L’horreur est un genre que vous appréciez en tant que lecteur/spectateur, mais aussi en tant qu’artiste ?
Alex Cormack : John et moi sommes des fous d’horreur, c’est l’une des choses les plus amusantes à créer, surtout pour un artiste, et surtout dans quelque chose comme une bande dessinée où vous ne pouvez pas utiliser un bruit fort ou une mise en scène vive pour faire sursauter le public, nous devons mériter nos frayeurs. Nous devons créer quelque chose que l’on regarde plus longtemps et qui devient pire, c’est un défi que j’aime relever.
Frenzy et Sharlene forment un couple qui sombre totalement dans la folie. On sent cette sensation qui les traverse à travers leurs attitudes et leurs regards… C’est quelque chose que vous avez particulièrement travaillé ?
Alex Cormack : Absolument, il était important de le voir sur leurs visages et d’obtenir un bon jeu d’acteur. Leur progression vers la folie a été très amusante à dessiner, surtout au moment où nous arrivons au dernier numéro !
Les couleurs d’Ashley Cormack sont incroyables. Comment avez-vous collaboré avec elle sur cette colorisation ?
Alex Cormack : Nous avons travaillé ensemble sur ce projet, elle faisait les aplats, puis je venais ajouter des effets spéciaux ici et là, comme des éclaboussures de sang, des éclairages, etc. Je n’ai pas eu à lui donner de directives, elle connaissait l’atmosphère du livre et a réussi à faire passer les images au-dessus de la corde raide, pour ainsi dire.
Projets et lectures
Vous avez deux nouvelles parutions à venir : The Devil That Wear My Face et Drive Like Hell. Pouvez-vous nous en parler un peu ?
Alex Cormack : Absolument, The Devil That Wears My Face est écrit par David Pepose et se déroule en 1740 alors que le Vatican est en pleine tourmente. En proie à une profonde crise de foi, le père Franco Vieri, exorciste marginal, est chargé d’une mission de la plus haute importance : sauver un noble espagnol des griffes du démon sadique connu sous le nom de Légion. Mais lorsque l’exorcisme tourne mal, Vieri se retrouve piégé dans le corps d’un étranger… et apprend les horreurs qui l’attendent lorsque le Diable porte son visage. C’est un mélange de Face/Off et de L’Exorciste.
Drive Like Hell est écrit par Rich Douek, nous avons créé quelques autres séries telles que Road of Bone, Sea of Sorrows, et Breath of Shadows. On suit Bobby Ray qui accepte un dernier gros boulot, avant la séparation, prêt pour la vie avec sa copine à ses côtés ! Mais tout tourne mal, et la pauvre Dahlia prend une balle dans le cerveau alors qu’ils s’échappent. Le problème, c’est que cette chère Dahlia ne reste pas morte. Bobby se retrouve alors plongé dans une bataille à travers les mondes, et s’il veut s’en sortir avec une peau intacte, il va devoir conduire comme un diable !
D’autres projets en cours de préparation ?
Alex Cormack : En novembre, une autre série sort chez Scout Comics, Ghosts on the Water, écrite par Ben Goldsmith et Jeremy Duchess. Dans la culture maorie, l’eau représente la vie, l’amour et la mort. On suit la montée en puissance de Mad Mac qui cherche à retrouver le frère qu’il a perdu à cause de l’eau, et les secrets qui se cachent derrière les tempêtes. Ca parle d’amour, de mystère et de malheur. On y croisera les Fantômes sur l’eau…
En plus de cela, il y aura de nouveaux épisodes de Sink avec John Lees et quelques autres choses qui n’ont pas encore été annoncées !
Quelles bandes dessinées lisez-vous en ce moment ? Des coups de cœur ?
Alex Cormack : En ce qui concerne les comics, je viens de lire Don’t Spit In The Wind de Mad Cave où le travail artistique de Stefano Cardoselli est phénoménal. En même temps, je viens de lire le nouveau Shaolin Cowboy : Cruel to be Kind, le livre de Geoff Darrow chez Dark Horse, qui est vraiment stupéfiant.
Entretien réalisé par échange de mails. Merci à Alex Cormack pour sa disponibilité et sa grande gentillesse !
The incredible The Crimson Cage was an unexpected favorite! We meet its creator Alex Cormack, who talks about the creation with John Lees of this thriller mixing wrestling and horror !
Artistic Path
What was your path to become a comic book artist ?
Alex Cormack : Growing up I was the kid at school who could draw. I Eventually went to college and majored in fine arts then photography, then illustration, then animation. After college I made a few animated films that played at festivals and won some awards but I found that drawing the storyboards is what I enjoyed the most and thought maybe comics might be worth a try. I ended up getting a drawing published in the back of a SKULLKICKERS issue from Image comics, that helped me get a job drawing for an anthology and my career snowballed from there.
Collaboration with John Lees
You’ve been working with John Lees for a long time. How did you meet and what is it about his writing that appeals to you ?
Alex Cormack : John had a book called THE STANDARD with ComixTribe which was and is fantastic. The CEO of ComixTribe Tyler James happened to live not to far from where I did and we got to know each other from local comic cons and comic shops. Tyler asked if I could draw a cover for his Red Ten series which then got me a job on his OXYMORON anthology where John wrote a story too. After that Tyler started another anthology for the series SCAM and as the story goes, John was talking to Tyler and told him that he was looking for an Alex Cormack type artist for his story and Tyler said that he was pretty sure he could get him/me! We did that story and had a great time, and soon after met in person at New York Comic Con where we became friends. Soon after we did a mini series for the Oxymoron character, then after that we kicked around some ideas and landed on doing SINK, then CRIMSON CAGE.
John is a brilliant writer, the stories are always exciting, funny, scary, everything that you want and hope them to be. He’s never written a dud and even when I have nothing to do with the stories I still love them! I mean MOUNTAIN HEAD has one of the best page turns I’ve experienced in a comic, the man is brilliant!
The Crimson Cage
What was your relationship with the world of wrestling before working on The Crimson Cage ?
Alex Cormack : My older brother is a huge wrestling fan, he’s also a huge comic fan. When I was younger I would read the comics and wrestling magazines he would leave on his bedroom floor. We would always watch the big WWF events and he would practice moves on me making me see stars. When he left for college in ’95 no one was bugging Mom anymore to get the next event on pay per view, so that’s when I really stopped watching wrestling. When John sent me the script for the first issue of CRIMSON CAGE The nostalgia of watching wrestling as a kid hit me hard and I was so excited to work on this. I even immediately told my wife Ashley about it and she, seeing how excited I was, asked if she could do the colors and I said of course!
It’s clear that both you and John wanted to deliver a story that would appeal to both the wrestling fan, with its many winks here and there, and the neophyte discovering this universe, with yourselves as « teachers ». Was it your initial intention to build a credible, referenced environment?
Alex Cormack : Absolutely. Most comic fans are also wrestling fans and we wanted them to know that we knew what we were talking about. That’s a lot of the fun in creating a series like this. John had a list of matches he wanted me to watch and specific wrestlers to have in mind when working on character designs. We even made a wrestling magazine for promotion based on WRESTLING ILLUSTRATED and made sure that the interiors looked like the were printed black and white on newsprint!
The choreography of the wrestling matches is particularly well executed ! How did you work on them ?
Alex Cormack : Thank you! John had in the scripts specific moves he wanted to show off and for the rest, lie I said, I watched a lot of matches from the late 70’s and early 80’s. Luckily with John and my brother I had two wrestling historians to pull from, it was a blast!
One thing I did was video tape myself doing the moves on either an invisible version of myself or on a couch pillow to get an idea what a move may look like from different angels. Hopefully that footage will never see the light of day.
The Crimson Cage isn’t just about wrestling. It’s also an intense, gory horror thriller. Horror is a genre with which you as a reader/viewer, but also as an artist?
Alex Cormack : John and I are horror nuts, it’s one of the most fun things to create especially for an artist, and especially in something like a comic book where you can’t use a loud noise or a quick cut to startle an audience, we have to earn our scares. We need to create something the longer you look at it the worse it gets, it’s a challenge that I love to take on.
Frenzy and Sharlene are a couple who fall completely into madness. We can feel this sensation running through them in your through their attitudes and looks… is this something you’ve worked on in particular?
Alex Cormack : Absolutely, it was important to see it on their faces and get the acting right. Their progression into madness was a lot of fun to draw, especially by the time we get to the final issue!
Ashley Cormack’s color work is incredible. How did you collaborate with her on this colorization?
Alex Cormack : We worked together on this with her doing the flats and then I’d come on and add special effects here and there like blood splatter and lighting etc. I didn’t have to give her really any direction, she knew the feeling of the book and came through to push the visuals over the top rope so to speak.
Projects and readings
You’ve got two new releases coming soon : The devil that wear my face and Drive like hell ! Can you tell us a little about them?
Alex Cormack : Absolutely, The Devil That Wears My Face is written by David Pepose and the pitch is The year is 1740, and the Vatican is in turmoil. Grappling with a profound crisis of faith, outcast exorcist Father Franco Vieri is dispatched on a mission of grave importance — to rescue a Spanish nobleman from the clutches of the sadistic demon known as Legion. But when the exorcism goes tragically wrong, Vieri finds himself trapped in a stranger’s body… and learns what horrors lie ahead when the Devil wears his face. Equal parts Face/Off and The Exorcist
Drive Like Hell is written by Rich Douek, we created a few other series such as Road of Bone, Sea of Sorrows, and Breath of Shadows. The pitch is Bobby Ray who has it made. One last big job, then it was splitsville, set for life with his girl by his side! Then everything went wrong, and poor Dahlia took a bullet to the brain as they made their escape. Thing is, dear Dahlia didn’t stay dead. Now Bobby’s found himself plunged into a battle of otherworldly proportions, and if he wants to get out of dodge with his skin intact, he’s gonna have to Drive Like Hell!
Any other projects in the pipeline?
Alex Cormack : In November another series is out from Scout Comics Ghosts on the Water written by Ben Goldsmith and Jeremy Duchess and the pitch for this one is In the Maori culture, Water is Life…. and Death. Watch how Mad Mac grows to power so that he may find the brother he lost to that water, and the secrets hiding behind the storms. Join a crew for adventure on the South Pacific Ocean fraught with love, mystery, and doom. Look to the horizon and the… Ghosts on the Water.
Along with this there will be more Sink with John Lees and a few other things that haven’t been made public yet!
What comics are you currently reading? Any favorites?
Alex Cormack : As for comic I just read Don’t Spit In The Wind from Mad Cave where the art work by Stefano Cardoselli is phenomenal. Along with this the new Shaolin Cowboy: Cruel to be Kind the Geoff Darrow book from Dark Horse is truly stunning.
Interview made by email exchange. Thanks to Alex Cormack for his availability and his great kindness.