Après un premier épisode magistral, la question était de savoir si l’épisode #2 allait maintenir le niveau. Quelle question ridicule !
Ed Brubaker nous embarque dans une histoire qui n’est pas la suite de l’épisode précédent. Le scénariste nous avait prévenu dans les pages de fin de comics. Sa série allait partir dans tous les sens.
Jacob, ancien assistant illustrateur de Hal Crane, un vieux dessinateur de comics, est contacté par Mindy, une organisatrice de convention, pour accompagner son ancien collègue pour que lui soit remis un Award. Hésitant, il cède sur l’insistance de Mindy. Arrivé à la convention, Jacob reconnait d’emblée son ancien collègue plutôt du genre gros connard tyrannique et qui cultive le cynisme à coup de glyphosate. La remise de l’Award n’intéresse pas vraiment Hal qui va entrainer Jacob dans des affaires peu reluisantes.
Une nouvelle fois, le rythme de la narration est imparable. La mise en place est efficace et évidente. Pas de round d’observation. Les personnages sont immédiatement caractérisés et le récit se lance à grande vitesse. Brubaker place son histoire dans le milieu des comics, lui permettant de laisser libre court à son imagination. Il insère à son histoire des anecdotes (fausses ? vraies ?) sur des personnages connus dans le milieu, rendant le contexte savoureux.
Le récit nous réserve des twists efficaces et entraine le lecteur dans une affaire crasseuse, comme sait en concocter le scénariste. Trafic de fausses planches, dettes, vengeance, affaire de famille : les thèmes classiques sont passés à la moulinette. Brubaker aime à la fois les personnages de loosers qui se laissent facilement mener par le bout du nez et les personnages d’enfoirés sans morale. Les deux sont présents et leurs interactions entretiennent une tension qui monte crescendo. L’histoire se termine par un cliffhanger qui nous emmène vers une suite qu’on aura, cette fois-ci, dès le prochain épisode et laisse penser que Jacob n’est pas au bout de ses surprises.
Le duo Sean Phillips – Jacob Phillips fait encore des merveilles avec un trait toujours efficace et surtout – je ne cesse de le répéter depuis My Heroes Have Always Been Junkies – une colorisation somptueuse, faite d’aplats et de taches qui produisent un effet des plus saisissants, dans des tons judicieux.