Les arcanes scintillent. Jason Aaron les aura tous écrits ; forgeron divin frappant sur les amulettes et les chapelets. Doctor Strange sous la baguette dorée de Jason Aaron lévite en trois sorcelleries. L’auteur suprême a transformé le personnage : la magie a un coût, la magie est un fluide tarissable, et la magie est un enseignement. Le jeune prodige Cates crée son personnage en plus, son personnage à lui, son chien errant, puis préfère intégrer les cours à plusieurs, Enfer et Damnation !
Mark Waid maintenant. Cette légende perdure pourtant à produire des échecs, puis des échecs, depuis Black Widow. Ses Vengeurs, ses champions et son Captain, pas un succès consistant. Doctor Strange par Mark Waid abrase car d’un bravo ravi la magie opère. Waid préfère traiter de l’insensibilité du magicien, Magiaphobe, Stephen Strange n’est plus un réactif divinatoire. Le substrat magique s’est estompé sur Terre. Incapable terrien, incapable de sortir de cette dimension pour en extorquer une autre, il ne reste au Docteur que le cosmos, immense, à explorer. Le cosmos est la ligature de sa plaie désenchantée. L’idée semble bonne, elle l’est, et ce n’est que la première.
Le voyage est très exotique, émerveille sincèrement le lecteur, rassasié des scientifiques de Grynda, illuminé par les photons des Majesdanes ou martelé par la Forge, imaginée comme le Cornal Adamant chez Nidavellir. Les pages recèlent des lieux, indifférents, sans nom, mais qui participent néanmoins à ce récit de science, de magie, et de fiction, ce récit de l’archéologie aux confins des étoiles. Mark Waid s’amuse dans une histoire où les incantations et le voyage luminique se croisent parfaitement. Encore meilleur que les tentatives voisines de Stark dans l’espace par Gillen, ou récemment les tacos avariés des 4 Fantastiques par Slott. Le verre, ou vert, morphologique s’adapte au maître artisan Waid. Doctor Strange Vol 1 mérite sa numérotation et son titre ; un volume accessible plongé dans le vide de l’univers. L’histoire racontée est excellente et se termine même sur une dernière page après laquelle nous restons aussi les bras croisés, à attendre.
J’évoquais précédemment le détail. Mark Waid en éparpille partout, sur tout le volume. De la simple minutie graphique, aux évidences énormes, notamment la question des artefacts magiques et des liens avec le Sorcier Suprême, malin, cartésien, évident. L’auteur retrouve vraiment un élan créatif entre les mandalas étranges du docteur. Des idées, des notes, des gemmes innovantes éclairent les années Aaron. Zelma Stanton est écartée, c’est la réponse de ce Marvel aux grands changements raciaux et sexuels de l’ère Alonso, changements audacieux mais terminés. Mark Waid préfère la féline Kanna en une bonne imitation d’un autre Docteur, une certaine Aphra. Kanna est le seul mince trou noir de ce volume. Elle n’est qu’un ajout optionnel histoire de dire, histoire de faire dire.
Jesus Saiz est cosmo(s)polite, un artiste capable de briller entre les mailles de Captain America, ou les météores de Doctor Strange. Le dessin et la couleur, très numérique, sont au service de ce plaisir de la découverte dans un volume impeccable, net, aéré.
Doctor Strange Vol 1 par Mark Waid et Jesus Saiz est exemplaire, pas de personnage superflu, ce q’il faut de continuité limitée, pas de gag ou gaffe. Le lecteur est forcément conquis par ce récit de science fictive qui ne demande qu’à dépasser sa ligne d’horizon, pour en découvrir les soleils qui s’y cachent. Vous retrouverez le tome 2 ici, sur le site.